Ce que cherche l'Inde en développant une grande armée<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Mais pourquoi l'Inde cherche-t-elle à se militariser ?
Mais pourquoi l'Inde cherche-t-elle à se militariser ?
©Reuters

Vision d'avenir

Le président François Hollande est arrivé jeudi à New Dehli pour une visite d'Etat de 48 heures en Inde visant à renforcer un partenariat stratégique engagé il y a 15 ans. Il a l'espoir de conclure la vente de 126 avions Rafale. Mais pourquoi l'Inde cherche-t-elle à se militariser ?

François Géré

François Géré

François Géré est historien.

Spécialiste en géostratégie, il est président fondateur de l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS) et chargé de mission auprès de l’Institut des Hautes études de défense nationale (IHEDN) et directeur de recherches à l’Université de Paris 3. Il a publié en 2011, le Dictionnaire de la désinformation.

 

Voir la bio »

Durant la guerre froide l’Inde a disposé d’une armée fondée sur de gros effectifs mais de médiocre qualité, basée sur les importations d’armes soviétiques anciennes. L’Inde veut désormais une « petite armée » ultra moderne très performante capable de faire jeu égal avec le grand adversaire chinois en pleine modernisation et susceptible de surclasser l’ennemi pakistanais.

Aujourd’hui, suivant en cela la démarche de la Chine, elle réduit les effectifs et diversifie les sources d’approvisionnement. Les matériels viennent toujours de Russie mais aussi des Etats-Unis et d’Israël. Disposant d’un budget de défense en augmentation considérable, elle cherche à acquérir les systèmes d’armements les plus performants. Toutefois, le système d’acquisition indien à l’export souffre encore de considérables lourdeurs bureaucratiques aggravées par les pratiques endémiques de pots de vin.

Chine et Inde sont aussi en compétition dans le domaine essentiel des communications militaires et de l’usage du Cyber espace. Ces deux pays disposent d’un savoir-faire civil considérable qui n’est pas encore mis à disposition opérationnelle de leurs forces armées. Ce sera certainement un élément crucial dans les dix ans qui viennent. L’Inde développe également des capacités balistiques, nucléaires et anti missiles visant à établir une dissuasion face à la Chine et dans une moindre mesure face au Pakistan.

Cette course aux armements, très coûteuse, vivement critiquée par l’opposition indienne, s’explique en grande partie par la volonté de faire jeu égal avec le grand adversaire chinois. Officiellement tout va bien. Il n’existe point d’affrontement ouvert. Mais dans le détail  les stratèges indiens ne cessent de dénoncer la menace chinoise aux frontières, la compétition pour les ressources hydrauliques himalayennes. L’Inde dénonce  l’expansionnisme chinois en Asie jusque dans l’Océan indien comportant l’alliance avec le Pakistan, la Birmanie.

Bien que fortement réduit le conflit du Cachemire n’est absolument pas réglé. Les organisations réputées terroristes continuent à agir. Elles maintiennent des liens avec les organisations installées au Pakistan comme Lashkar e taïba, tenu pour responsable des attentats de Mumbaï de 2008. S’agissant du Pakistan, l’Inde s’est récemment dotée (2010) d’une doctrine stratégique nouvelle fondée sur le concept d’attaque dans la profondeur des forces de l’adversaire, sans avoir recours à des armes autres que conventionnelles. Cette doctrine suppose de pouvoir disposer d’une force aérienne puissante, très moderne (pour pouvoir pénétrer la défense anti aérienne adverse).  Le Rafale français présente ces qualités. Il a été choisi, en dépit de son coût élevé, par le haut état major indien. Par ailleurs, l’Inde a aussi une tradition d’utilisation des Mirage français.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !