Et déjà la nostalgie du temps où les papes ne renonçaient pas à leur charge...<!-- --> | Atlantico.fr
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La charge épuisante de sa fonction et la maladie sont autant de raisons d'expliquer la renonciation du pape.
La charge épuisante de sa fonction et la maladie sont autant de raisons d'expliquer la renonciation du pape.
©Reuters

Ô tempora, ô mores

Plusieurs commentateurs reprochent à Benoît XVI de ne pas être allé jusqu'au bout de son pontificat. Pourtant, la charge épuisante de sa fonction et la maladie sont autant de raisons d'expliquer la renonciation du pape.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Le monde a salué avec la gravité et la considération qu’il convient la démission de Benoît XVI. L’admiration exprimée est unanime, et pourtant une petite voix en moi s’élève empreinte de nostalgie et d’une forme de déception. Que l’on soit catholique, fervent, pratiquant ou indifférent, le pape représente un ancrage profond qui va bien au-delà la pratique religieuse, d’ailleurs c’est aussi un chef d’Etat. Avignon, Rome, la papauté… ses pompes et ses ors, son influence dans le monde sont indissolublement associés à des rites historiques. C’est ainsi que le pape est en quelque sorte un relais entre le temporel et l’éternité. "L’Habemus papam" et ses fumées blanches constituaient une sorte de repère et de renaissance après la mort, c’était la fin d’un deuil, celui de la mort du pape puisqu’il était pape ad vitam… aeternam. Une façon aussi d’apprivoiser la vieillesse et la mort, une façon d’honorer un vieil homme, de supporter sa maladie avec lui son déclin ce qui est particulièrement important dans une société qui bâcle les deuils, qui gomme jusqu’au terme de "mort". On décède, on disparaît, on nous quitte ; mourir le mot fait peur. Une époque aussi où l’on ne parle que de retraite et de temps de travail… alors le pape en s’en allant a finalement cédé au siècle, ô tempora, ô mores ! Bien sûr, la charge épuisante, la maladie, les difficultés mondialisées, sont autant d’excellentes raisons pour "céder la place", comme on dit du CAC 40 !

Pas question de contester cette sage décision qui rend, certes, Sa Sainteté plus humaine, plus proche du commun des mortels mais ne venons-nous pas d’évidence, à tout jamais de casser ce qui était une forme de symbolique. Dieu va-t-il fixer l’âge de la retraite pour ses serviteurs ? J’aimais que cette longévité papale fût une exception.

C’est vrai, il faut avoir la force et être capable d’assumer la "gestion" de l’Eglise, d’un milliard de catholiques, complexe, difficile et épuisante ; mais on aurait pu imaginer qu’un Premier ministre cardinal nommé par le pape puisse exercer cette fonction et que le pape, jusqu’à sa dernière résidence éternelle demeure le chef spirituel de la chrétienté, jusqu’à ce dernier souffle qu’accompagne traditionnellement toujours les fidèles du monde entier. La tradition veut que lorsque le pape meurt sa bague, anneau qui représente Saint-Pierre pêchant au filet dans sa barque symbole de la foi de celui qui la porte, soit solennellement détruite (en même temps que le sceau de plomb) immédiatement après sa mort par le cardinal Camerlingue en présence des cardinaux. Que va-t-on faire aujourd’hui, détruire cette bague avec le pape vivant, une forme de sacrilège ?

Le terme "d’abdication" doit être écarté, c’est un triste mot qui ne peut pas convenir au successeur de Saint-Pierre.

Benoit XVI a fait entrer le Vatican dans le monde tel qu’il est, assumant les scandales et l’époque ; sa retraite est tout un symbole en elle-même.

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