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Divergence des indices de production industrielle : l'écart France-Allemagne est-il si menaçant ?
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Scène de ménage ?

La production allemande se redresse nettement depuis mi-2012. La France, elle, peine à redynamiser son activité. Comment dans ces conditions imaginer un couple franco-allemand équilibré ?

Philippe Waechter

Philippe Waechter

Philippe Waechter est directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.

Ses thèmes de prédilection sont l'analyse du cycle économique, le comportement des banques centrales, l'emploi, et le marché des changes et des flux internationaux de capitaux.

Il est l'auteur de "Subprime, la faillite mondiale ? Cette crise financière qui va changer votre vie(Editions Alphée, 2008).

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Markit, l'organisation d'analyse financière qui publie les indices PMI (Indices des directeurs d'achat) vient de publier un graphique comparatif des indices de production industrielle français et allemands. On y constate que si la production française continue à chuter, la production allemande remonte depuis le milieu de l'année 2012.

La lecture des enquêtes menées en Janvier auprès des chefs d'entreprises indique une réelle divergence de perception de l'environnement entre la France et les autres pays de la zone Euro. Dans la publication faite sur le secteur manufacturier, le 1er février, il apparait qu'à l'exception de la France et de la Grèce l'indicateur des "Nouvelles Commandes" adressées aux entreprises s'améliore partout. En d'autres termes, le relatif optimisme constaté dans ces enquêtes en Europe mais aussi en Asie et aux États-Unis n'a pas passé la frontière française. Sur la fin de l'année 2012 et le début 2013 l'économie française ne participe pas au rebond conjoncturel. Cela semble refléter un certain attentisme sur l'économie française en raison d'orientations de politique économique qui manquent de clarté et dont la captation du rebond cyclique ne semble pas prioritaire par rapport à d'autres questions. En d'autres termes, les incertitudes et les contraintes relatives à la gestion de l'économie française ont tendance à engendrer de l'attentisme n'incitant pas à saisir la dynamique cyclique globale.

Cette divergence est particulièrement marquée avec l'Allemagne. Les 3 enquêtes majeures en Allemagne (IFO, ZEW et PMI/Markit) montrent une dynamique haussière significative suggérant que le repli de l'activité du 4ème trimestre 2012 (-0.5% sur le trimestre) ne sera que temporaire et vite oublié. Les 2 principales enquêtes sur la France (INSEE et PMI/Markit) montrent en revanche que l'économie française se dégrade ne donnant pas de signaux d'un possible rattrapage rapide de l'activité et de la croissance. Le repli du 4ème trimestre ne serait pas compensé par un rebond en début d'année. Le signal sur l'emploi devient plus préoccupant.

Ce constat pourrait devenir préoccupant si la divergence entre les deux économies se poursuivait. En effet on ne peut pas, dans ce cadre, imaginer le couple franco-allemand, si important dans la construction et les négociations au sein de la zone Euro, évoluer sur un mode équilibré. La fragilité de l'économie française réduit le pouvoir de négociation du gouvernement français et sa capacité à infléchir les discussions européennes. Si cette divergence d'activité était avérée elle pourrait se traduire par un regard un peu différent des investisseurs sur la France. L'écart de taux d'intérêt entre la France et l'Allemagne pourrait alors ne pas rester aussi étroit.

L'économie française ne peut pas se laisser embarquer dans une telle dynamique. Elle serait périlleuse pour l'emploi. Il faut retrouver une économie plus "market friendly" c'est-à-dire moins contrainte, moins incertaine pour qu'elle puisse saisir le rebond conjoncturel dont vont bénéficier tous les voisins de la France c'est-à-dire tous les pays concurrents de la France dans les échanges internationaux et au sein de la zone Euro. La dynamique du mouvement commence peut être à s'observer au sein de la zone Euro parce que le reste du monde sans connaitre une croissance brillante et forte irrigue quand même le vieux continent. A la France de se raccrocher à cette situation, ce sera l'enjeu du premier semestre pour que la bataille de l'emploi puisse être gagnée.

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