Quels sont les secteurs qui créent le plus d'emplois aujourd'hui en France ?

L'emploi dépend aujourd'hui en France essentiellement de la capacité concurrentielle des entreprises et de leurs niveaux d'adaptation technologique. Les firmes qui ont des produits dépassés ou des prix excessifs sont en situation de repli tout comme leur volume d'emplois. Plusieurs études statistiques le montrent et insistent sur le décrochage de productivité de l'année 2008.

Certains travaux publiés en 2011 voire 2012 ( Centre d'analyse stratégique dépendant du Premier ministre ) estiment que la crise n'a pas accéléré l'orientation à la baisse de l'emploi industriel. De récents plans sociaux et la crise sectorielle automobile viennent infirmer, selon nous, cette approche des choses. La situation se durcit. Objectivement. Le resserrement du crédit, la tension sur les trésoreries, le poids dangereux du crédit inter-entreprises ( effet-domino des défaillances ), les difficultés à l'exportation affectent l'ensemble du tissu productif mais de manière inégale selon les secteurs et les régions.

Au plan des territoires, trois régions sont créatrices d'emplois : l'Ile-de-France, Le Nord Pas de Calais, les Pays de Loire ( tissu de PME dynamiques ) là où le Limousin, Champagne-Ardenne et le Centre sont en position délicate car souvent le siège de PME sous-traitantes vulnérables. ( Cas des PME pour l'automobile dans le Centre ). C'est donc à l'Ouest d'une ligne allant de la Somme à Montpellier que l'on trouve les régions les plus performantes en termes d'emplois auxquelles il faut rajouter le Nord. En fait, l'emploi se concentre autour de villes dynamiques comme Lille, Paris, Toulouse, Nantes et Bordeaux.

Paris et Toulouse se distinguent par leurs emplois qualifiés : conseil ( Accenture ) audit ( KPMG, Deloitte ), aviation ( Airbus, Safran ). Il s'agit d'emplois de services cognitifs et d'emplois industriels à forte valeur ajoutée. En général, il est à noter que les créations d'emplois proviennent à près de 60% de créations de sites et à 40% de plans d'extension de sites existants. Sectoriellement, deux activités traditionnellement importantes sont en retrait : il s'agit des industries agro-alimentaires dont les positions s'effritent et de la sous-traitance pharmaceutique. La région Centre est perdante sur ces deux segments mais développe une forte activité logistique : messagerie de proximité et e-logistique.

Selon plusieurs chiffrages, il est estimé que 940.000 créations d'emplois vont intervenir à horizon 2016 à rapprocher des 330.000 pertes d'emplois escomptés sur la période. De ces études ressort donc une once d'espoir rapportée à notre actuel taux de chômage. Notre pays a des atouts dans les services d'utilité collective ou liés à la personne, dans les industries de réseau ( eau, énergie ), et dans les services d'intermédiation financière ( assurances et banques ). Ainsi que dans les activités informatiques et les services d'information.

En revanche, le secteur du commerce est en profonde mutation ( achats en ligne ) ainsi que le textile, cuir et habillement. De même, les équipements mécaniques, la métallurgie, certaines branches de la chimie sont récessives d'emplois. D'ici 2016, il est envisagé une progression des services opérationnels aux entreprises : la maintenance, le gardiennage, l'intérim. Pour conclure, le bâtiment ( secteur peu exposé à la concurrence internationale ) restera pourvoyeur d'emplois d'autant qu'il intégrera des "emplois verts" c'est à dire des activités liées à l'isolation thermique ou aux panneaux solaires ( après l'échec relatif de cette filière en 2011 ). De ce rapide tableau, on déduit surtout que les salariés devront être régulièrement formés pour être aptes à la compréhension des innovations et parallèlement flexibles quant au contenu parfois évolutif de leurs tâches.