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Le langage du corps : ce que la posture de Lance Armstrong face à Oprah Winfrey nous révèle de ses pensées cachées
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Confession

En analysant le langage du corps de Lance Armstrong face à Oprah Winfrey, la conclusion est claire : il est conscient d'avoir menti et se sent coupable.

Maxence Brulard

Maxence Brulard

Maxence Brulard comportementaliste, spécialiste de la communication non-verbale. Il exerce en Suisse et a notamment écrit Une caractérologie universelle (Dunod, 1998).

 

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Lance Armstrong avoue avec des réponses oui et non qu’il a bien pris de la drogue durant ses compétitions. C’est une petite bombe médiatique. Se sent-il coupable ? Est-il un monstre froid et cynique comme on le décrit, jusqu’à être un être glacial ? A l’inverse, l’observation rigoureuse de son comportement gestuel, postural, facial et même respiratoire, ne révèlerait-il pas derrière la dureté apparente d’un ex champion forgé aux épreuves les plus difficiles une vraie sensibilité émotionnelle bien que réprimée, refoulée, inhibée, ou maîtrisée ? Voilà en effet  une des clés comportementales d’ Armstrong né avec une constitution particulièrement introvertie, ce qui lui donne sûrement par nature innée une aisance plus grande qu’à bien d’autres à ne pas exprimer ses ressentis à l’extérieur.

Armstrong est conscient et se sent coupable d’avoir menti, pourquoi ? On doit comprendre dans une observation comportementale sérieuse que lorsqu’il y a volonté de maîtrise jusque dans les muscles faciaux, ce qui leur donne cet aspect dur et quasi osseux, c’est que la part émotionnelle est proportionnelle à l’aptitude qu’il en démontre de la maîtriser.

Ainsi, on découvre la conscience de sa culpabilité à avoir menti dans de nombreuses expressions faciales parasites qui dans le climat émotionnel très fort de cet entretien hyper médiatisé ont fait irruption fort heureusement à son insu pour révéler une part de lui-même certainement très méconnue du public.

Il est démontré que le temps d’une expression fugitive échappant à l’auto-vigilance et à la conscience claire se situe dans une durée variant entre 2 et 3 dixièmes de secondes, ce qu’un œil averti peut néanmoins percevoir. Ainsi peut-on dégager du film observé de son comportement non verbal un registre émotionnel particulièrement étendu.

1-   La culpabilité :

Si Armstrong n’était pas conscient d’être coupable d’avoir menti au fur et à mesure des questions, pourquoi donc projetterait-il d’une manière récurrente ce mouvement de la lèvre inférieure se superposant sur la supérieure au point de la mordre comme les enfants pris en faute et grondés par leurs parents qui instinctivement réagissent de cette manière lorsqu’ils sont réprimés. Cette manifestation est donc la conscience ressentie d’être coupable d’une action immorale largement démontrée par Darwin.

2 - Le désespoir ressenti :

Les yeux humectés de larmes dans une autre séquence regardent le ciel comme pour implorer le pardon, ce qui est confirmé par les rides frontales d’ouverture sincère au regard des autres. En même temps, la mâchoire qui est en permanence à 80% contractée et que les Chinois appellent le bras de la bouche opportunément peut se montrer parfaitement détendue sans aucun signal d’agressivité potentielle, ce qui est en général l’attitude de sa propre convention.

3-   Angoisse d’impuissance :

Les yeux fixés dans le vide, narines ouvertes et maxillaire saillante, font surgir à l’extérieur un des masques de l’angoisse vécue avec le sentiment d’impuissance à ne plus pouvoir maîtriser l’événement auquel il est confronté (spectre de la mort sociale).

4 - Touché au cœur ,fuir etc…

Bien d’autres photos montreront jusqu’au désir même semi conscient mais réprimé de fuir une situation émotionnellement insupportable si l’on en croit par exemple les deux mains croisées sur le devant du genou comme pour s’empêcher lui-même de fuir une situation ressentie comme intolérable. Ou encore la houppe mentonnière frisante montrant l’envie de pleurer soigneusement réprimée nombres de fois……


5 - Le gagneur

Un grand gagneur suscite l’admiration ou le mépris, que ce soit au jeu, en politique, en sport ou en finance. Il est donc sincère quand il explique qu’il a vaincu son cancer des testicules, qu’il a donc gagné sur une maladie souvent mortelle qui le touchait au plus profond de sa virilité. On peut donc comprendre la formation du mécanisme comportemental qu’après avoir fait échec à la mort, il lui fallait démontrer aussi qu’il était plus fort (et très viril) que toute sa catégorie sportive, et donc capable de maîtriser tous ses adversaires puisqu’il s’était senti capable de vaincre le spectre de la mort toute proche.

Un gagneur est donc aussi quelqu’un qui peut vouloir vaincre ses plus profondes angoisses avec talent, courage, ténacité, et a contrario ne supporte pas de perdre (aussi la face), ce qui explique la prise de drogues, le mensonge, et le souci de ne jamais perdre l’image de lui-même qui est constitutive de sa personnalité dans l’identité d’un homme ayant réussi longtemps à apparaître quasi  invulnérable.

Le perfectionnisme qui est une névrose n’appartient pas qu’a lui.

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