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Le gouvernement sauve Florange et PSA mais asphyxie les PME pourtant responsables de la majorité des emplois en France
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La panique

Les investissements dans les entreprises du numérique ont chuté de 39% au quatrième trimestre 2012 selon les Pigeons, le mouvement des entrepreneurs, pour qui notre fiscalité étouffe l'investissement dans les PME de demain.

Leonidas Kalogeropoulos

Leonidas Kalogeropoulos

 

Léonidas Kalogeropoulos est Président du Cabinet de lobbying Médiation & Arguments qui défend la liberté d’entreprendre, l’innovation, le pluralisme et la concurrence dans les domaines de l’audiovisuel, des télécoms, du sport, d’Internet, de l’énergie, de la presse…
 
Il est le fondateur du site libertedentreprendre.com, qui milite pour l’inscription de liberté d’entreprendre dans la Constitution française et est Vice-Président du mouvement patronal Ethic. Il est également le porte-parole du collectif David contre Goliath, lanceur d'alertes concurrentielles

 

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On ne peut pas accuser le Gouvernement d'être responsable des Florange, PSA et autres Petroplus rattrapés par la crise, la mondialisation et l'inadaptation de notre appareil productif. Et nul ne peut douter des efforts réels et sincères déployés tous azimuts, chacun à sa manière par les membres du Gouvernement, pour trouver des parades destinées à sauver les emplois et préserver notre appareil productif. 

Mais pendant que les industries traditionnelles voient des pans entiers décliner, il était permis de compter sur les jeunes pousses de la net économie pour dessiner progressivement un nouveau paysage industriel, tourné vers l'économie de l'immatériel, où la France compte déjà de nombreux fleurons. Les start up du numérique sont en mesure de traduire dans les faits les mutations Schumpeteriennes de destruction créatrice, avec une dynamique très prometteuse pour un secteur qui représente déjà 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires en France, une croissance annuelle de 33% et des effectifs en croissance de 24% par an, selon les statistiques publiées par France Digitale.
Mais il convient à l'évidence de citer ces chiffres au passé, puisque la dynamique s'est soudainement brisée en octobre dernier, comme le prouvent les chiffres catastrophiques (mais prévisibles!) que viennent de publier les "Pigeons" grâce à un baromètre qui mesure les investissements réalisés dans les PME de la net économie. Ces investissements, qui connaissaient une croissance moyenne de 10% par rapport à 2011, ont soudainement chuté de 39% au dernier trimestre de 2012 par rapport à l'année dernière.
Les semaines de débats qui se sont cristallisées à l'automne dernier autour des dispositions de la loi de finances relatives à la taxation des plus-values de cession auront eu raison de l'enthousiasme que les investisseurs avaient manifesté pour les start up françaises. Pire que les débats, les dispositions elles-mêmes, quelles qu'aient été les inflexions apportées à la suite du mouvement de protestation des "pigeons", auront créé autour des conditions de cessions des entreprises et des actions tellement de complexité, tellement de statuts différents et de taux rédhibitoires, que même amendées ou censurées en partie par le Conseil constitutionnel, ces dispositions adressent aux investisseurs un signal dissuasif qui ne peut que les conduire à privilégier des placements moins risqués, ou à partir les réaliser sous des cieux fiscaux plus cléments.
Autant la crise industrielle que traverse notre pays puise ses racines dans une longue histoire où les responsabilités sont trop anciennes pour en rechercher la paternité, autant la fermeture de la manne financière indispensable à l'éclosion des jeunes pousses de l'internet découle directement de mesures anti-économiques adoptées il y a quelques mois, sous l'impulsion aveugle du slogan réducteur : "il faut taxer le capital comme le travail".
Faut-il n'avoir une connaissance que purement livresque, abstraite voire romantique de l'économie pour se laisser enfermer dans une caricature aussi grossière de l'égalité fiscale, qui renvoie à la lutte des classes et aux batailles homériques du prolétariat contre le grand capital, dont il faudrait se venger en le taxant au même niveau que le travail... 
Il était pourtant de la responsabilité de la gauche au pouvoir, d'une gauche responsable et éclairée, d'expliquer à ses électeurs que le capital investi intègre un paramètre fondamental qui ne doit jamais être fragilisé, qui est la prise de risque. Lorsque l'on risque de perdre la totalité du capital que l'on décide d'investir, la seule motivation qui permette de franchir le pas tient dans la possibilité d'espérer retirer à terme un gain maximal de son capital, sinon on ne le risque pas. Et lorsqu'on peut légitimement craindre qu'au détour des 9 pages d'arcanes incompréhensibles de l'article de la loi de finances sur les plus values de cession, on puisse être taxé à plus de 60% sur les plus values que l'on aura - peut-être ! - réalisées, dans le cas où on n'aura pas tout perdu, il est pour le moins raisonnable de se résoudre à faire autre chose avec son argent ! Comment aurait-on pu échapper à la chute spectaculaire des investissements dans les statut up? Elle ne peut que se poursuivre et s'amplifier, tant que de telles dispositions, qui tournent le dos à la prise de risque, resteront en vigueur.
L'arme fiscale n'est pas capable de disséquer, comme ont cherché à le faire les parlementaires, les différentes catégories d'actionnaires, pour tenter de récompenser les louables investisseurs d'un côté et sanctionner les méchants spéculateurs de l'autre. Chaque investisseur peut se retrouver au gré des circonstances assimilé à l'un ou l'autre de ces statuts, avec des sanctions fiscales tellement confiscatoires à la clef, qu'il faudrait que le capital-risque se transforme en oeuvre philanthropique pour continuer à se développer en France sous le régime de la dernière loi de finances.
Il est toujours de la responsabilité de ce Gouvernement de faire marche arrière sur ce sujet, radicalement. Il est capable d'expliquer une erreur. il est en situation, à mesure que l'on s'éloigne de la fougue idéologique qui habite toujours les premiers mois qui suivent une élection, de réconcilier les Français avec ses investisseurs, qui sont un maillon indispensable aux entreprises de demain. Il est certainement mieux placé qu'un Gouvernement de droite, toujours suspecté d'une proximité excessive avec les "nantis", pour expliquer que ce sont les investisseurs qui pourront accompagner les entreprises de demain, qui assureront le reflux du chômage engendré par la crise industrielle que nous traversons.
S'il n'a pas le courage de le faire, pris au piège entre le déclin de nos entreprises industrielles traditionnelles et l'étouffement financier des PME de croissance, indirectement victime d'une fiscalité anti-économique, alors qu'elles assurent 75% de l'emploi en France, notre pays s'orientera inexorablement vers une récession économique de très grande ampleur. Il est encore temps de corriger le tir. Vite!

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