Instabilité fiscale : ce sont nos entreprises qu'on assassine<!-- --> | Atlantico.fr
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La politique économique du gouvernement semble ne poursuivre qu'un but : massacrer le tissu entrepreneurial français.
La politique économique du gouvernement semble ne poursuivre qu'un but : massacrer le tissu entrepreneurial français.
©Reuters

Jeu de massacre

La politique économique du gouvernement semble ne poursuivre qu'un but : massacrer le tissu entrepreneurial français. Dans un raisonnement électoraliste, l'équipe Ayrault s'acharne à tenter de donner des gages à sa gauche, tout en essayant de tenir des promesses électorales.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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La promesse de stabilité fiscale en l'état actuel des choses tourne au gag...

La divine surprise du Conseil constitutionnel aura été de courte durée. En fait, les sages ont créé de fait un nouveau bouclier fiscal à 70% puisqu'ils ont retoqué toutes les taxes additionnelles qui pourraient franchir ce seuil. On aurait pu croire que le Premier ministre se voyait retirer une épine du pied et qu'avec un talent hypothétique, il aurait habilement noyé le poisson pour partir sur des bases saines. Nenni ! C'est à celui au gouvernement qui renchérira depuis l'annulation, en expliquant combien la taxation du riche, entrepreneur ou autre, est une nécessité sociale, juste et saine !

C'est à qui en rajoutera : Arnaud Montebourg parade derrière le président de la République en brandissant sa ligne Maginot, le Premier ministre explique que l'idée de 70% demeure et que Bercy va faire preuve de créativité… et Jérôme Cahuzac (le seul ministre en lequel les entrepreneurs avaient vaguement confiance parce qu'il avait approché le monde de l'entreprise, et en tout cas les hauts revenus) se lance dans des explications tellement confuses que chacun y voit midi à sa porte : taxera, taxera pas. En l'occurrence, oui on va imposer les hauts revenus au maximum ; 2 ans c'est peut-être un peu court… pourquoi pas 5 ans ?

Les cabinets ministériels eux-mêmes semblaient espérer que ces 75% resteraient un effet d'annonce électorale, alors pourquoi renchérir ? La réalité est que le président de la République et son Premier ministre donnent l'impression d'être totalement tiraillés, incapables d'avoir une ligne de conduite et une stratégie, ils préfèrent continuer la politicaillerie plutôt que d'enfin revêtir le costume d'hommes d'Etat. Cet acharnement à vouloir donner des gages à l'extrême gauche est suicidaire. Aucun gage ne sera suffisant pour ceux qui défendent une idéologie communiste et refusent le capitalisme, et ce d'autant que le gouvernement est incapable de faire du "social" puisque nous n'avons plus les moyens de "distribuer" et que le pire est à venir... 

Pour couronner le tout survient l'idée brillante d'un (dangereux) député dont apparemment tout le monde a peur, le rapporteur général du budget Christian Eckert, au passage c'est à lui qu'on doit la quasi disparition d'un secteur d'activité dans les services. Son idée consiste à se venger des entreprises qui paieraient trop leurs cadres supérieurs (au dessus d'un million d'euros) ; si c'était le cas elles n'auraient par exemple pas droit au crédit d'impôt ni à certains allègements de charges. Très bien payer ses salariés est inacceptable en France ?

Les entrepreneurs de l‘exaspération passent à la colère ! Ils guettent les infos et vivent avec une épée de Damoclès qui les empêche de faire quelque prévision que ce soit pour l'année à venir ; est-ce là la stabilité fiscale dont nous parle Jérôme Cahuzac ? Est-ce un gouvernement normal celui qui laisse sortir les suggestions de propositions fiscales les plus folles ? Normal de s'entourer de gens incompétents au point de se faire désavouer par le Conseil constitutionnel ? Un gouvernement qui torture psychologiquement ceux qui créent la richesse, qu'ils soient riches ou entrepreneurs ou les deux. Être la risée du monde ne semble affecter personne. Et c'est pourtant le cas : même si on peut légitimement désapprouver le choix de la Russie comme patrie pour notre Obélix national, il n'en demeure pas moins que la presse du monde entier se fiche de nous (et pas de lui).

Soit Bercy met une cellule d'assistance psychologique pour les entrepreneurs, soit on revient à la raison et on n'arrête les élucubrations sur "comment taxer au maximum riches et entrepreneurs". Il y a une éthique à dire la vérité mais surtout à faire ce qu'il faut pour que notre économie et nos entrepreneurs retrouvent du "peps" quitte à en fâcher certains, une éthique qui redonne confiance. Comment faire pour convaincre le Président de la République d’être le Président de tous les Français et non l'otage d'une clientèle électorale et d'un Parlement économiquement réfractaires.

Par la même occasion rappelons que l’Etat, qui donne sans cesse des leçons aux entrepreneurs, est un piètre gestionnaire mais aussi un mauvais élève en matière de ressources humaines. Le cas récent du groupe public France Télévisions qui fait l’objet de condamnations pour usage excessif de Contrats à Durée Déterminée (une nouvelle condamnation est tombée la semaine dernière et d’autres s’annoncent très prochainement…) en est l’illustration. Un plan de départs volontaires pourrait être annoncé prochainement et concerner près de 1000 personnes (Arnaud Montebourg va avoir du boulot).

C’est emblématique : l’Etat à travers ce groupe public est incapable de respecter les règles qu’il fixe lui-même en matière de droit social. Que font les représentants de l’Etat dans les Conseils d’Administration ? Cela dit, la rigidité et le coût du travail font que l’unique échappatoire en ces temps incertains réside dans les contrats de courte durée (CDD), que veut dire le terme « excessif » quand on évolue dans un environnement où la complexité est telle qu’on exploite au maximum les possibilités offertes ? Les jugements interviennent sous forme de sanctions financières et bien souvent dans le secteur privé, donnent lieu à des dépôts de bilan pour des entreprises déjà en difficulté.

Le coût de fonctionnement de France Télévisions, l’absence d’intérêt général de son nombre de chaînes pléthoriques et le montant de la dépense publique sont tout simplement inadmissibles. C’est le contribuable au final qui paiera l’amende infligée. A l’aube d’une semaine cruciale sur les négociations sociales, on peut se demander ce que seront les conséquences financières pour les entreprises publiques et donc pour nos concitoyens d’une taxation des contrats courts…

Bref nous perdons pieds sur tous les plans, le pays vacille et tout cela sur l’air de la marche nuptiale de Mendelssohn… pour tous !

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