Libye : A t-on bien mesuré les risques d'une guerre ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Nicolas Sarkozy, le 19 mars 2011.
Nicolas Sarkozy, le 19 mars 2011.
©

Danger

L'intervention militaire contre Kadhafi ne sera pas sans conséquences. La théorie du "Cygne noir" vient nous rappeler que nos analyses des risques tendent à minimiser la prise en compte d'événements improbables aux incidences pourtant considérables...

L’information n’est pas explicitement et clairement relayée par les médias mais, il faut le savoir, les Etats-Unis ne participeront pas militairement à l’intervention contre la Libye, ils apporteront un soutien logistique (images satellites, brouillage des communications, etc) mais n’enverront pas leurs pilotes de chasse. C’est donc la France et le Royaume-Uni, pour l’essentiel, qui feront « la guerre » contre la Libye. La victoire ne fait aucun doute et elle sera rapide, nous disent les experts militaires à la télévision. Mais prend-on en compte l’ensemble des risques ?

Déjà, n’est-il pas trop tard ? La zone d’exclusion aérienne avait un sens lorsque Kadhafi s’appuyait sur son armée de l’air pour reprendre le contrôle de son pays, mais désormais il le maîtrise en quasi-totalité, et il vient de lancer l’offensive contre le fief des insurgés, Benghazi.
A quoi servira la maîtrise des airs pour les armées françaises et anglaises puisqu’elles se sont interdit d’intervenir au sol ? Ah si, elles vont « déloger » le leader libyen… On rappelle qu’il a fallu neuf mois à l’armée américaine pour trouver Saddam Hussein alors qu’elle occupait le territoire irakien, en se limitant à l’espace aérien, Kadhafi sera encore plus introuvable. Que fera-t-on ? Des tirs « ciblés » qui tueront des civils, comme les Américains en Afghanistan ?

Et quelle armée française ira au combat ? Le budget de la défense sert depuis des années de « variable d’ajustement » pour limiter le déficit budgétaire. Nos soldats sont sous-équipés et sous-entraînés, à bord d’avions, le Rafale, dont personne ne veut. Quelle sera son efficacité réelle ? Déjà Paris et Londres se disputent pour savoir si l’intervention se fera sous le parapluie de l’OTAN ou pas, si le siège du commandement doit être transféré à Naples, etc, c’en serait comique si l’enjeu n’était pas aussi grave.

Et sait-on jusqu’où peut aller Kadhafi ? S’il fait sauter un avion de ligne français ou exploser une bombe dans un restaurant, on continue ? Pour sauver Benghazi ? Il a déjà maintes fois usé du terrorisme, dos au mur, qui peut croire qu’il n’y reviendrait pas ?

Il en va des guerres comme des centrales nucléaires ou du système financier : on a toujours tendance à sous-estimer le risque. On se raccroche à un risque probabilisable, calculable d’après une loi de probabilité (la courbe de Gauss le plus souvent), pour affirmer que nous avons 99 % de chance d’écraser l’armée libyenne, que la centrale nucléaire construite au bord de la mer peut résister à 99 % des tsunamis, que le système financier est solide à 99 %. Puis survient le « Cygne noir », le concept popularisé par Nassim Taleb dans son livre éponyme, à savoir l’événement dont il est impossible de mesurer la probabilité (ou dont les experts nous disent qu’il a « une chance sur un million » de se produire) mais que l’on peut parfaitement identifier compte tenu des forces en présence : un tsunami hors norme, la faillite d’une grande banque d’affaires américaine et, en l’occurrence, le terrorisme, l’impossibilité de mettre la main sur Kadhafi, des frappes aveugles qui tuent des civils et font se retourner l’opinion libyenne et arabe, des soldats français prisonniers, des crises dans la coalition des pays participants à l’intervention, la liste est longue. La France prend-elle la mesure de tous ces risques ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !