Vœux de François Hollande : inverser la courbe du chômage "coûte que coûte", oui mais à quel prix ?<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande adresse ses voeux au Français, le 31 décembre 2012.
François Hollande adresse ses voeux au Français, le 31 décembre 2012.
©Reuters

Mes chers compatriotes...

François Hollande a reconnu lundi soir dans ses premiers voeux du nouvel an que les "inquiétudes" des Français étaient "légitimes" et que les "difficultés" s'annonçaient "sérieuses". Le président a de nouveau fixé comme "seul but" pour 2013 "d'inverser la courbe du chômage d'ici un an".

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le terrain avait été balisé par l’Elysée ces derniers jours : la sobriété serait de mise pour les premiers vœux de François Hollande aux Français. Le président de la République s’est en effet adressé à ses chers compatriotes depuis un salon du Palais de l’Elysée, debout devant un pupitre, à coté des drapeaux français et européen. Un décor sans ors, quasi minimaliste, voulu en ces temps de chômage record et d’impopularité. Le discours était adapté à ce contexte, fait de phrases courtes, de mots simples. Avec un débit plus rapide que celui qu’on lui connaît habituellement ? François Hollande s’est appliqué à expliquer qu’il « n’ignore rien des inquiétudes » des Français, mais qu’il a « confiance » en l’avenir car « la zone euro a été sauvegardée » (la chancelière Merkel affirme l’inverse !) et que le « le cap est fixé : tout pour l’emploi, la compétitivité et la croissance ». Ce cap, a-t-il rappelé, passe par le « rétablissement des comptes publics, le pacte de compétitivité et la maitrise de la finance ». Tout cela semble cadré et parfaitement huilé, mais avant d’être définie la ligne est restée dans le flou au début de son mandat, et cette incertitude a beaucoup pesé sur le moral des Français et des chefs d’entreprises, créateurs d’emplois, en particulier.

Sans admettre ce manque de clarté initial de sa politique, François Hollande reconnait que « des soubresauts et des contretemps » sont venus contrecarrer l’action du gouvernement. Mais il pensait sans doute davantage aux soubresauts que traverse la majorité avec une aile gauche quasiment dans l’opposition, et au revers subi par le rejet par le Conseil constitutionnel de la taxation à 75% des revenus supérieurs à un million d’euros par an, qui a provoqué une grande déconvenue à gauche .

C’est à la fois au nom du rétablissement des comptes publics et de la justice que le gouvernement, appliquant une promesse du candidat Hollande, a fait voter cette disposition. Cette mesure emblématique devait rapporter entre 300 et 500 millions d’euros. Elle devait être exceptionnelle, donc provisoire. Jean-Marc Ayrault a annoncé qu’un nouveau dispositif serait soumis au Parlement pour le budget de 2014, ce qui prolongera le « provisoire » d’un an. François Hollande a confirmé ce réaménagement, sans préciser si ce taux de 75% -  à l’origine de nombreux exils fiscaux voire de délocalisations - sera maintenu pour imposer cette fois les foyers fiscaux et non plus les individus. En tous cas le débat est relancé et le président du groupe PS à l’Assemblée, Bruno Le Roux, a déclaré que les plus fortunés « qui ont reçu le chèque du bouclier fiscal, doivent rendre l’argent  aux Français ». Le retour de cette controverse ne sera pas de nature à encourager l’investissement privé « dans tous les domaines ; dans nos filières industrielles et agricoles, dans le logement, dans l’environnement, dans la santé, dans la recherche, dans les nouvelles technologies », que le gouvernement sera chargé de solliciter pour « moderniser la France à l’horizon 2020 ».

Et puis, comment inverser la courbe du chômage sans croissance ? Les emplois d’avenir n’y suffiront pas ; les contrats de génération qui permettront le maintien en entreprise de séniors chargés d’assurer un tutorat des plus jeunes non plus. Ni même le crédit d’impôts accordé aux entreprises, après leur avoir d’abord infligé une hausse de la fiscalité.

En même temps, François Hollande veut réduire la dette, ce qui passe par une réduction des dépenses publiques. Le président de la République assure que « chaque euro prélevé sera accompagné d’une lutte drastique pour réduire les dépenses publiques inutiles », mais pour l’heure les réductions de dépenses demeurent théoriques. En réalité elles devraient aussi entraîner des suppressions d’emplois dans le secteur public... On est dans la quadrature du cercle.

Mais pour l’heure François Hollande affiche une détermination sans faille. C’est un de ses traits de caractère : il tergiverse, ou en donne l’impression, mais c’est souvent pour mieux imposer sa décision, celle qu’il croit juste et parce qu’il a une double ambition : réussir là où ses prédécesseurs ont échoué dans la lutte contre le chômage et les déficits publics, et faire adopter des réformes de société. Ainsi le mariage pour tous devrait-il être voté au courant de l’hiver. Il semble se résoudre au non cumul des mandats : plébiscité par les Français, rejeté par les élus, mais qui bouleverserait notre vie politique, et enfin il est décidé à faire évoluer la législation sur la fin de vie dans la dignité. Autant de sujets qui « secouent » et qu’à l’instar de la dynamite, il convient de manier avec précaution en temps de crise !

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