L'hôpital face à la menace religieuse<!-- --> | Atlantico.fr
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Le personnel hospitalier doit être informé sur l'accueil des populations étrangères.
Le personnel hospitalier doit être informé sur l'accueil des populations étrangères.
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Religions

La Halde se prononce ce lundi 21 mars sur le port du voile en milieu hospitalier. Isabelle Levy, auteur de "Menaces religieuses sur l'hôpital" détaille pourquoi religion et santé ne font pas toujours bon ménage.

Isabelle Lévy

Isabelle Lévy

 Isabelle Lévy est écrivain, conférencière et formatrice en milieu hospitalier et en institution.

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Pourquoi avoir écrit votre livre "Menaces religieuses sur l'hôpital" ?

Je suis conférencière formatrice en rites culture et religion face à la santé et interviens depuis 15 ans dans les hôpitaux de France. Dans ce cadre, j'informe le personnel hospitalier sur l'accueil des populations étrangères notamment vis à vis de la loi et de la réglementation hospitalière française. En clair, il y a des choses qui sont possibles dans un cadre privé, à la maison, mais qui ne le sont pas à l'hôpital. Par exemple, allumer une bougie ou une lampe à huile chez vous est évidemment possible, en revanche c'est interdit par la loi dans un cadre hospitalier pour des raisons de sécurité évidemment.

Et si l'on demande gentiment de pouvoir allumer une petite lumière pour se recueillir dans la chambre d'hôpital d'un défunt?

En pratique en effet, les personnels hospitaliers n'osent pas dire non que ce soit pour un gâteau d'anniversaire ou une bougie. Le fond du problème, c'est tout simplement que ces rites liés à une culture ou une religion peuvent être autorisés dans certaines limites : ils ne doivent jamais aller à l'encontre de l'organisation des soins, de la composition des équipes du personnel, des prescriptions médicales, des règles de sécurité et d'hygiène.

En quinze ans de terrain, avez-vous observé une dégradation de la situation ?

 Absolument. Tout d'abord, il y a un manque persistant de formation des personnels, et c'est la première réalité observée sur le terrain. Lorsque l'on vous dit que Moïse est né bien après Jésus, ou que l'Islam est la première religion monothéistes alors qu'il s'agit du judaïsme... Il y a énormément des connaissances à apporter au personnel, non seulement sur les religions en elles-mêmes mais plus encore sur les rites, et les éventuelles demandes qui pourraient émaner d'un patient ou d'une famille. En outre, la réglementation n'est pas toujours respectée à la lettre par les directeurs d'établissement, les chefs de service...

N'est-ce pas aussi parce que les patients sont de plus en plus exigeants, voire violents avec les personnels hospitaliers ?

 C'est bien plus grave que cela. Personne n'ose refuser une demande par peur de menaces qui pourraient les mettre en danger eux, leurs proches ou leurs collègues. Cela peut osciller entre la menace verbale et la menace de mort dès quel'on se refuse à plier aux exigences religieuses d'une famille. C'est bien simple, dès que l'on dit non, on menace de vous casser la gueule.

La Halde va se prononcer sur le port du voile en milieu hospitalier. Vous avez un avis sur la question ?

 Pourquoi devrions-nous se limiter au seul cas du voile ? Tous les signes ostentatoires ont leur place à l'hôpital, et peu importe le point de vue de la Halde.
Côté médecin, ou technicien, en revanche on se doit d'afficher une neutralité religieuse absolue.

Cela étant, un patient a le droit de porter un signe religieux dans la mesure où il adopte une tenue vestimentaire qui permet le soin. Dans le cas d'un scanner par exemple, il doit retirer tout objet métallique et il est dans l'obligation d'accepter. Je ne comprends toujours pas pourquoi on ne parle que du voile, alors qu'il pourrait s'agir de la kippa, d'une croix, de bouddha, etc.

Existe-t-il des croyants plus exigeants que d'autres ?

En fait, cela ne vient pas des fidèles, ou de la religion en soi mais des personnes qui, au nom de leur religion, pensent qu'elles ont le droit d'utiliser la violence pour l'imposer aux autres. Et lorsque l'on devient violent, c'est parce que l'on considère le milieu hospitalier comme raciste, et non respectueux des pratiques religieuses. Or, on ne peut pas accepter qu'une personne porte certains vêtements ou objets pendant les soins et l'on ne peut pas déroger à cette règle. Il ne s'agit pas de racisme, mais pourtant les personnes concernées s'énervent, repartent sans examens, donc sans soins. Tout le monde punit tout le monde, et c'est bien dommage.

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