Chansons, sacoches, t-shirts: d'où vient la Sarkonostalgie ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
"Cette ferveur tient notamment à la classe, l'élégance de Nicolas Sarkozy dans l'échec et la passation de pouvoir"
"Cette ferveur tient notamment à la classe, l'élégance de Nicolas Sarkozy dans l'échec et la passation de pouvoir"
©Reuters

C'était mieux avant

La sarkonostalgie bat son plein : meetings de soutiens, sondages, produits dérivés... Comment expliquer ce retour en grâce ?

Thierry  Saussez

Thierry Saussez

Thierry Saussez est l'ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. Ancien Président de l'agence Image et Stratégie Europe, il est l'auteur du livre Les deux corps du Président, publié en mai 2013 (Rober Laffont).

 

Voir la bio »

D'où vient ce phénomène de halo autour de Nicolas Sarkozy, comme on en n'a pas connu depuis longtemps?

J'ai conclu mon dernier livre (Sarkozy, de l'échec au come-back, aux éditions de l'Archipel) en évoquant justement cette situation. L'homme normal qui siège à l'Elysée, obsédé par faire le contraire de son prédécesseur, à cru pouvoir tourner le dos au modèle présidentiel incarné par Nicolas Sarkozy. Mais l'hyperprésidence, comme on dit, l'énergie, la prise de risques, la virtus au sens antique -le chef est à la tête de ses troupes- n'était pas seulement due à la personnalité de l'ancien chef de l'Etat mais également au raccourcissement du mandat, au temps d'Internet et des chaînes d'informations continues, où tout est plus fort, tout va plus vite.

Le retour à une forme de présidence plus distante, arbitre, bouclier, à la parole rare, mouillant moins sa chemise, laisse sur leur faim bien des électeurs et pas seulement de droite et du centre. Il y a là une mauvaise analyse des résultats du scrutin présidentiel. Une majorité d'électeurs, beaucoup plus encore que sanctionner Nicolas Sarkozy, a plutôt voulu respirer, garder plus longtemps quelques avantages acquis, redoutant qu'une réélection conduise le Président sortant à redoubler d'initiatives. Mais, dans leur esprit, cela ne voulait pas dire que François Hollande devait tergiverser face à la crise. Or, ce pouvoir apparaît improbable, incertain, comme en attestent les multiples couacs, polémiques, revirements, contradictions. 

L'incertitude est infiniment plus déstabilisante que l'épreuve, la difficulté, le mécontentement. L'exécutif tâtonne. On reprochait à Nicolas Sarkozy d'en faire trop, à François Hollande de ne pas en faire assez !

Ce n'est pas, on l'a bien vu lors de la première conférence de presse présidentielle, un problème de communication. François Hollande est habile. Il a le sens de la formule et le talent de la répartie. Mais il est dans la tactique, pas dans la stratégie. Il est sans vision, sans prospective sur l'état du monde. Factuel, il ne rayonne pas. Comme disait Paul Valéry "il y a des mots qui chantent mais qui ne parlent pas". Cette incertitude pose un problème de fond et explique, en plus de la crise bien sûr, son effondrement dans les sondages.

Dès lors, l'échec possible de l'homme normal, de l'anti-héros, créerait un appel d'air pour le retour du héros, du stimulateur d'énergie, du leader engagé. Sur ce terrain-là, Nicolas Sarkozy est sans concurrence à droite. Cela explique pour beaucoup les manifestations d'intérêt et d'attachement à l'égard de l'ancien président. Il y a les sondages, les gadgets qui se vendent, les attroupements dès qu'il apparaît, les manifestations de soutien...

Cette ferveur vient de la campagne présidentielle, plus importante encore qu'en 2007. Elle tient également à la classe, l'élégance de Nicolas Sarkozy dans l'échec et la passation de pouvoir. Elle tient aussi au fait qu'inexorablement, à l'écart du pouvoir, il redevient plus populaire avec un bilan qui sera réévalué.

Face à cette situation objective, il y a évidemment le risque du zapping, de la volonté de ne pas revenir en arrière. Pour l'heure, dans la gestion de l'agenda médiatique, les socialistes font reculer ce risque. Quand, par exemple, ils détricotent les mesures précédentes... ou qu'après les avoir annulées, ils les reprennent, comme sur la TVA.

L'avenir dira ce qu'il en est de cette compétition entre une nostalgie qui s'incarne dans l'avenir, pas pour un retour mais un nouveau départ, et le possible zapping. Pour l'heure, en tout cas, nul ne peut ignorer l'ombre tutélaire qui pèse fort sur notre vie politique et environne, pour la première fois sous la Vème république, toute action du Chef de l'Etat.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !