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Schumpeter sauve nous ! Pourquoi une économie basée sur la consommation forcée est vouée à l'échec
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Notre économie veut baser sa croissance sur la consommation. Problème : la consommation ne peut être décrétée. Elle doit être souhaitée et désirée. C'est pourquoi, en jouant sur la baisse de qualité des services, les entreprises creusent leur propre tombe.

Cet article part d'une anecdote née d'un contact avec le service client d'un opérateur téléphonique. Pour résumer l'anecdote, essayez une combinaison aléatoire de Kafka et de "Lost in Translation" avec un zeste d'amabilité stalinienne, et vous aurez une parfaite image de la gestion cliente de cet opérateur (sensé être le leader...).

Force est de reconnaître que nul ne peut s'enorgueillir de pouvoir obtenir un vrai service de qualité et d'être traité comme un client. Nous sommes tous, dans chaque domaine, en train de subir la déflation du service. Dans l'avion, la réglementation aérienne nous sauve de ne pas devoir s'assoir sur un strapontin, ou pire, de voyager debout. A part ça, le service est aussi rare que le sourire le lundi matin dans le métro parisien.

Mais le plus surprenant dans tout cela est que nous sommes dans une économie développée qui veut faire de la croissance à travers la consommation. La Chine souhaite aussi modifier sa structure économique pour la tourner de l'investissement vers la consommation. Sauf qu'à l'inverse de ce que pense les voix de la pensée unique, la consommation ne peut être décrétée. Celle-ci doit être souhaitée et désirée. Créer de la croissance par la consommation contrainte est aussi facile que de demander à des parents de faire des enfants lorsqu'ils ne le souhaitent pas.

En jouant sur la déflation du service, les entreprises de "services" creusent leur propre tombe. Schumpeter l'a dit il y a des décennies. Les entreprises continueront à être sous pression jusqu'à l'implosion et la destruction. Les médias sociaux sont en train d'accélérer cette tendance qui dans une crise économique vient aider les entreprises à abréger leur agonie.

Face à la crise, la pensée unique n'a trouvé que le mécanisme de la facilité monétaire pour enfler de nouvelles bulles spéculatives en espérant que cet enrichissement se traduira par plus de consommation (moteur de croissance et d'emploi). Il n'est pas nécessaire d'être un grand monétariste ou économiste pour se rendre compte que cette méthode ne fonctionnera pas.

Les populations les moins favorisées ne peuvent pas consommer... Comment pourront-ils prendre ce risque lorsque le chômage s'enflamme et qu'il est plus rigoureux d'épargner pour les mauvais jours ? Les populations les plus riches ne consomment pas de la même manière et souhaitent du service... Pourquoi acheter un téléphone portable cher si ce n'est pas pour avoir une certaine satisfaction "enfantine" du jouet, lorsque le consommateur peut garder son téléphone qui a moins d'un an ?

Il est surprenant de voir que les entreprises sensées disposer d'outil de planification stratégique ne se rendent pas compte de la perte de chiffre d'affaires liée non pas à la crise mais bien à la déflation du service (et du rêve).

Il n'y a pas de consommation sans rêve, ni de rêve sans liberté et démocratie. Un tel constat ne semble pas avoir été pris en compte par les pyromanes monétaires ou par les leaders "illuminés" chinois. Il semble que les banquiers centraux, les hommes politiques et les leaders chinois à force d'une déconnexion forte liée à leur "train de vie princier" ont oublié ce qui faisait qu'une personne décide, ou non, de se "faire plaisir".

Cette incompréhension est d'autant plus surprenante que le marketing n'a jamais été aussi présent et pressant que de nos jours. A force de constituer une nouvelle "noblesse", la classe dirigeante à perdu le sens des réalités. Elle pense, comme du temps de Staline, qu'il suffit d'ordonner pour que les masses de consommateurs se ruent vers les boutiques pour acheter des choses insignifiantes qui leur seront fournies avec un coup de pied au derrière.

Il me semble que le féodalisme contemporain a oublié que le système féodal ne fonctionne que s'il ne s'appuie pas sur la volonté des masses. Après avoir privilégié certains secteurs économiques et certaines catégories professionnelles par des politiques économiques dirigistes, combien de temps devront nous attendre pour que l'Etat exige que nous achetions le nouveau joujou électronique à la mode pour relancer la croissance (qui entrera dans une nouvelle spirale dépressive). J'espère juste que lorsque nous arriverons à ce moment là, nous aurons remplacé les opérateurs par des distributeurs, puisque quitte à être dans Kafka, mieux vaut se dire que c'est de la faute d'une machine.

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