Jean-Marc Ayrault à "Des paroles et des actes" : 55 % des téléspectateurs ne l'ont pas trouvé convaincant

Jean‐Marc Ayrault était jeudi 27 septembre l’invité de l’émission Des Paroles et Des Actes (DPDA) sur France 2, le premier grand rendez-vous du nouveau Premier ministre un peu plus de 4 mois après sa nomination. Le premier résultat à prendre en compte n’est pas issu de l’enquête réalisée par Mediaprism, mais celui de l’audience : 12,8% (3 millions de téléspectateurs), soit la plus faible audience de cette émission politique sur l’année 2012. Indépendamment des multiples interprétations qui peuvent en être faites, nous pouvons dire que les Français n’ont donc pas jugé utile de regarder et d’écouter Jean‐Marc Ayrault, pourtant nouveau à ce poste, quelques mois après l’alternance politique issue de la présidentielle, et dans le contexte de crise économique et sociale que nous connaissons. Est-­ce le signe d’une lassitude face aux émissions politiques ? d’un manque de charisme du Premier ministre ? ou tout simplement d’une conjoncture qui rend difficile l’exercice du pouvoir et la pédagogie de son efficacité. Sans doute un peu de tout cela, à la lumière des résultats de l’enquête.

Question : Cette émission vous a-t-elle intéressé(e) ?

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Une performance acceptable mais une occasion manquée

Le premier ministre s’est montré plutôt convaincant pour 44% des Français téléspectateurs de l’émission. Un score assez proche de la performance de 47% mesuré par Mediaprism pour François Hollande lors de l’émission DPDA du 27 avril 2012 (Nicolas Sarkozy obtenait lors de la même émission un score à hauteur de 57%, meilleur donc que la tête de l’exécu=f actuel). Le premier ministre, a donc sur cet aspect, et compte‐tenu du contexte, plutôt réussi son émission, même si c’est en valeur absolue une performance modeste.

Pour autant, cette opportunité télévisuelle ne permettra sans doute pas à Jean-Marc Ayrault de consolider ou de restaurer son image auprès des Français. Les téléspectateurs de l’émission sont en effet aussi nombreux à considérer que l’émission a modifié leur opinion en bien sur le premier ministre (22%) qu’en mal (23%). Là aussi un solde quasiment à l’équilibre (-1), comme ce fut le cas pour Français Hollande lors de l’émission précédemment citée (+3), lorsque Nicolas Sarkozy était lui plus « efficace » dans ces exercices de plateau (+10).

Sur ces deux aspects, Jean-Marc Ayrault obtient donc un résultat plutôt correct, de « bon élève » appliqué, peut-être un peu trop lisse et raisonnable pour susciter de façon plus marquée, soit le rejet soit l’adhésion, finalement le clivage.

C’est peut-être ce manque d’aspérités en terme de personnalité et de capacité démonstrative concrète qui expliquent que le premier ministre a perdu des points depuis sa nomination pour convaincre les Français sur sa capacité à agir et à changer le cours des choses. Sur l’ensemble des dimensions testées par Mediaprism à l’issue de l’émission de jeudi soir et le lendemain de la nomination du premier ministre, le score de confiance auprès des Français est en chute, ne faisant pas exception à la tendance actuelle mesurée par l’ensemble des instituts d’études. Jean-Marc Ayrault est fin septembre moins convaincant qu’après sa nomination, pour « redresser la France » (32% de confiance, -10 points) ; pour « réduire le chômage » (25% de confiance, -11 points) ; pour« améliorer votre pouvoir d’achat » (23% de confiance, -11 points).

Objectivement, ces « contre-‐performances » sont sans doute davantage liées à la difficulté de la conjoncture, encore rappelée la veille de l’émission par le choc psychologique du franchissement des 3 millions de chômeurs qu’à une moindre performance télévisée.

Question : Si vous ne deviez retenir qu’un seul mot pour qualifier l’intervention de Jean-Marc Ayrault, ce serait lequel ?

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Question : Lors de cette émission télévisée, globalement diriez-vous que Jean-Marc Ayrault a été tout à fait convaincant, plutôt convaincant, plutôt pas convaincant ou pas du tout convaincant ?

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Question: Cette émission a-t-elle modifié votre opinion sur Jean-Marc Ayrault ?

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Un maintien correct sur les déficits et l’autorité

Au delà de ces dimensions structurelles et de long terme (croissance, chômage, pouvoir d’achat), le premier ministre a réussi à maintenir la confiance des Français sur deux aspects : sa capacité « à prendre les décisions qui s’imposent même si elles sont impopulaires » (43%, versus 44% en mai) et sa capacité « à réduire le déficit public » (35% versus 38% en mai). Deux niveaux minoritaires certes auprès des Français, mais un statu quo qui, dans la tendance actuelle de décrue du niveau de confiance, est un résultat positif pour le premier ministre.

Deux thèmes (les déficits et l’autorité) sur lesquels Jean-Marc Ayrault lors de l’émission a passé beaucoup de temps et s’est montré visiblement davantage à l’aise et convaincant.(évoquant le creusement des déficits de l’équipe précédente, ou témoignant longuement de sa bonne gestion de l’équipe gouvernementale, par ailleurs sagement assise, et massivement visible dans les contre-­‐ champs de l’émission).

Question: Sur le début de son mandat, diriez-vous que Jean-Marc Ayrault est …

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Question : En pensant aux personnalités et aux compétences de l'un et de l'autre, le "tandem" François Hollande / Jean-Marc Ayrault est-il selon vous...

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La Sarko-Fillon nostalgie

Enfin, l’étude confirme que l’absence d’état de grâce et les difficultés persistantes entretiennent une nostalgie certes habituelle post-mandat, mais particulièrement marquée, pour l’exécutif précédent, sorti par les urnes, mais qui semble revenir dans les cœurs. Comparé à François Fillon après sa fin de mandat, Jean-Marc Ayrault est un moins bon premier ministre : interrogés mi-mai 2012, 65% des Français estimaient que François Fillon avait été un bon premier ministre sur l’ensemble de son mandat (très bon 28%, assez bon 37%), ils sont aujourd’hui 39% à considérer que Jean-Marc est un bon premier ministre sur le début du sien (très bon 11%, assez bon 28%).

Il en est de même pour le tandem de l’exécutif de la République. Si le « couple » Nicolas Sarkozy/François Fillon avait fait couler beaucoup d’encre pendant la précédente mandature, il était finalement, après la défaite, considéré par 60% des Français comme « un bon tandem ». Ce n’est pour l’instant le cas que pour 45% des Français lorsqu’ils considèrent le tandem François Hollande/Jean-Marc Ayrault.

Finalement, à la lecture de ces résultats, le différentiel de personnalités entre Nicolas Sarkozy et François Fillon était davantage apprécié que la certaine similitude de tempéraments entre François Hollande et Jean‐Marc Ayrault, comme le traduisent également les résultats assez comparables sur leurs performances télévisées.

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Methodologie

Echantillon de 845 personnes, représentatif de la population Française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas sur les critères de sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, catégorie d’agglomération et région. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing), du 27 (après l’émission « Des Paroles et Des Actes) au 28 septembre 2012.