Les sangliers vont-ils avoir la peau des chasseurs ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les sangliers font des excursions régulières dans les lotissements, les champs ou les centre-villes, provoquant parfois de gros dégâts.
Les sangliers font des excursions régulières dans les lotissements, les champs ou les centre-villes, provoquant parfois de gros dégâts.
©Reuters

Ce matin, un lapin ...

Cette année, les sangliers montent à l'assaut des cultures. Une préoccupation pour les chasseurs qui sont légalement responsables des dégâts occasionnés. Mais ont-ils les moyens de juguler l'augmentation des populations de ce gibier de choix ?

Pierre de Boisguilbert

Pierre de Boisguilbert

Pierre de Boisguilbert est porte-parole de la Fédération nationale des chasseurs.

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Atlantico : On évoque ici ou de véritables invasions de sangliers, qui font des excursions régulières dans les lotissements, les champs ou les centre-villes, provoquant parfois de gros dégâts. Comment expliquer ce phénomène ?

Pierre de Boisguilbert : Tant que les sangliers restent dans les bois et les forêts, ils ne posent aucun problème. Ils en posent quand ils commencent à s'attaquer aux cultures. Ce sont des animaux très opportunistes et omnivores : ils vont chercher leur nourriture là où elle est la plus abondante. Il se trouve que cette année, c'est essentiellement dans les zones céréalières et agricoles. Il s'adapte également aux zones urbaines et périurbaines. Tout autour de Paris, on trouve de plus en plus de sangliers à l'intérieur même des lotissements. Or, les chasseurs ne peuvent pas aller dans ces zones.

Pourquoi cette année plus que les autres années ? C'est un caprice de la météo : la fructification forestière a été très mauvaise cette année. Les glands, notamment, sont totalement absents. Ils représentent une part importante de la nourriture des sangliers. Comme ces derniers ne trouvent pas suffisamment de nourriture dans les bois, ils vont en chercher ailleurs. Malheureusement, c'est sur les terres agricoles où ils font parfois d'énormes dégâts.

Le soucis, c'est que la loi prévoit que ce soient les chasseurs qui aient la responsabilité des dégâts occasionnés par le grand gibier (sangliers, biches, chevreuils) sur les cultures. Le fédérations de chasseurs doivent indemniser les agriculteurs lorsque cela arrive. Cela coûte énormément au monde de la chasse, d'autant plus que les indemnités sont basées sur le prix des denrées agricoles. Autrement dit sur le blé ... qui est actuellement au plus haut.

Les chasseurs ont-ils les moyens de juguler de telles explosions de l'activité des sangliers ?

Les populations de sangliers, et de grand gibier en général, ont augmenté considérablement ces vingt dernières années. Tous ne posent pas autant de problème, c'est essentiellement le cas des sangliers car ils s'attaquent aux cultures. Le gouvernement a rédigé il y a trois ans un plan national de maîtrise du sanglier, afin de réduire les dégâts occasionnés par celui-ci.

Il faut bien comprendre que 80% des dégâts causés par les sangliers sont localisés sur 20% du territoire. On sait donc très bien où sont les problèmes et il appartient aux chasseurs d'accroître la pression de chasse dans ces zones, ce qu'ils font. Mais les chasseurs ne peuvent pas être responsables de tout. L'augmentation de certaines surfaces agricoles, comme le maïs, ou encore l'isolement de certaines exploitations, notamment en moyenne montagne, sont particulièrement attractifs pour ces animaux. Un incident a fait la une des journaux, par exemple, dans le Gard, où des sangliers sont entrés sur un terrain militaire. Cette zone où personne ne va... fait que les sangliers y pullulent en toute quiétude avant d'envahir les vignobles du coin, amenant les agriculteurs à appeler à une intervention de l'armée.

Les chasseurs tuent toujours plus de sangliers. Mais il faut aussi penser à des actions de prévention. Dans les fédérations où il y a problème, on pose des clôtures électriques pour empêcher les animaux de sortir des bois. Cette solution coûte très cher. Autre possibilité : agrainer dans la forêt lorsque les cultures sont sensibles, pour attirer les sangliers au cœur des bois.

Il ne faut cependant pas dramatiser. On sait où sont les problèmes et c'est extrêmement circoncis. Nous sommes d'ailleurs en train de les régler.

Au vu de ces phénomènes, chasser les sangliers est-il, pour chasseurs, un vrai plaisir ou une contrainte supplémentaire ?

Les chasseurs adorent chasser le sanglier. C'est un animal mythique, extrêmement intelligent et opportuniste. Il sait déjouer les ruses des chasseurs, échapper aux chiens et arriver là où on ne l'attend pas. Un vrai plaisir donc pour les chasseurs qui souhaitent s'y confronter.

En revanche, ce qui est vrai, c'est qu'il y a quelques années, il y avait beaucoup moins de sangliers. Les chasseurs devaient être très attentif à l'équilibre de la gestion de cette espèce. Il ne fallait pas tuer les femelles, par exemple. Aujourd'hui, c'est tout le contraire : nous devons tirer sur tous les sangliers que l'on croise, à l'exception des mères avec des petits et des petits eux-mêmes. Ce changement soudain perturbe certains chasseurs qui craignent de tomber dans de l'abattage pur et simple.

Les chasseurs sont des citoyens comme les autres. Ils chassent une fois par semaine, souvent le week-end. On ne peut donc pas chasser plus qu'on le fait déjà. On espère donc que ces zones noires se résorberont au cours de l'année qui vient, afin que l'on ne perçoive plus le sanglier comme une espèce de fléau.

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