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50 ans d'amitié franco-allemande : mais où en est Merkhollande dans l’Histoire du couple franco-allemand ?
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Thérapie de couple

Angela Merkel et François Hollande se rencontrent ce samedi dans le cadre des 50 ans du Traité de l'Elysée qui scelle l’amitié franco-allemande. Pointé du doigt pour ses divisions en plein crise économique, quelles traces ce nouveau couple forgé depuis l'arrivée du Président français va-t-il laisser dans l'Histoire européenne ?

Alfred Grosser

Alfred Grosser

Alfred Grosser est un historien, sociologue et politologue franco-allemand.

Il est diplômé d'une agrégation d'allemand. Il a été professeur à l'Institut d'Etudes Politiques à Paris et il y devient professeur émérite. De 1956 à 1992 il occupe le poste de de directeur de recherches à la Fondation nationale des sciences politiques.

Il a été chroniqueur politique au Monde  à la Croix et à Ouest-Francede 1965 à 1994. 

Il est l'auteur de Die Freude und der Tod. Eine Lebensbilanz (Rowohlt, 2011)

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Atlantico : Angela Merkel et François Hollande se rencontrent ce samedi dans le cadre des 50 ans du Traité de l'Elysée, qui scelle l’amitié franco-allemande. Un accord signé par Konrad Adenauer et Charles de Gaulle. Qu'est ce qui caractérise le couple franco-allemand depuis l'arrivée de François Hollande ?

Alfred Grosser : Le couple fondateur a été Konrad Adenauer/Robert Schuman, le 9 mai 1950, et non Adenauer/de Gaulle, celui-ci s’étant rallié à ce qu’il avait combattu. Le seul couple dans lequel les deux parties croyaient en l’Europe et agissaient pour elle a été celui formé par Helmut Kohl et François Mitterrand, avec l’aide de Jacques Delors, le dernier président de la Commission exerçant une véritable autorité.

Nicolas Sarkozy agaçait la chancelière par son égocentrisme. Avec François Hollande, les choses se passent posément, les deux étant conscients de la nécessité de présenter un front commun, au coeur d’une situation toujours terriblement difficile. 

Quelle place pourront prendre Merkel et Hollande dans l'Histoire, par rapport aux précédents couples franco-allemands ?

Il y a toujours eu des arrière-pensées dans l’amitié affichée. Adenauer, en 1950, voulait l’Europe, mais aussi la Gleichberechtigung, l’égalité des droits pour la jeune République fédérale, ce qui lui a été donné par la structure supranationale de la Communauté du charbon et de l'acier. De Gaulle était impressionné par Adenauer, mais son but réel était de détourner l’Allemagne des Etats-Unis, ce en quoi il a échoué.

Chirac et Schroeder, à la terrible conférence de Nice, voulaient prendre avantage l’un sur l’autre. Angela Merkel veut que la France se plie aux règles européennes, François Hollande veut pouvoir dire que, grâce à lui, la chancelière se soucie de l’investissement et de l’action sociale.

Que nous dit l'état des relations franco-allemande sur le futur de l'Europe ? 

L’ouverture aux autres pays a toujours été un souci plus allemand que français. Aujourd’hui, les deux sont convaincus qu’il faut rester le moteur de l’Europe par des propositions franco-allemandes, mais qu’il faut sans cesse tenir compte des autres, à Rome, à Lisbonne, à Madrid et aussi à Varsovie et à Prague. La difficulté, c’est qu'aucun des deux partenaires n’est sincère.

Vouloir plus de pouvoirs pour l’Europe (qu’est-ce qu’une monnaie commune sans un minimum de budget commun, de fiscalité commune ?), ce serait, côté français, dire clairement à quelle part nouvelle de souveraineté on renonce (une bonne partie des socialistes et de l’opposition sont contre). Du côté allemand, ce serait ne pas renâcler dès qu’un nouveau pouvoir est annoncé, par exemple le contrôle des banques, confié à la Banque centrale européenne.

Entre l'Allemagne qui a adoptée des réformes à l'aube de l'ère Schroëder ou l'Italie et l'Espagne qui adoptent des réformes drastiques, la France est-elle isolée en Europe ?

On évoque sans cesse en France les réformes Schröder sans souligner les blocages salariaux qu’elles ont entraîné. Elles ont cependant permis le spectaculaire développement des exportations allemandes.

En France, la difficulté à progresser vient moins d'un débat sur la retraite à 60 ans pour tous, ou plutôt du droit de certains de partir en retraite à cet âge, que d’un énorme déclin industriel aux causes multiples :

  • le capitalisme financier succédant au capitalisme d’investissement, l’absence d’entreprises « moyennes » créatrices qui font la force de l’Allemagne,
  • la faiblesse de la recherche, notamment dans les grandes entreprises, d’où une absence d'innovations (on comparera Volkswagen et Peugeot ou Renault ),
  • l'absence de dialogue partenarial entre syndicats (refus d’être cogestionnaire) et patronat (refus de laisser participer les représentants des salariés non seulement à la gestion bien que cette participation soit inscrite dans la constitution) , mais aussi à l’information sur l’entreprise

Une difficulté centrale est l’impossibilité, du moins apparente, de s’en prendre à la fonction publique territoriale , démesurément enflée sur la base d’un clientélisme ravageur.

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