Union des centres : Jean-Louis Borloo va-t-il ressusciter l'UDF ou créer un nouveau satellite de l'UMP ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La volonté première, qui a été suivie par une partie des centristes dont Jean-Louis Borloo, était de participer à la création en France une grande famille politique de droite et de centre droit.
La volonté première, qui a été suivie par une partie des centristes dont Jean-Louis Borloo, était de participer à la création en France une grande famille politique de droite et de centre droit.
©Reuters

Nouveau nouveau centre

La construction de la fédération du centre, qui doit regrouper les principaux partis centristes (hors MoDem), devrait être actée ce mardi à l'occasion des journées parlementaires de l'Union des démocrates et indépendants.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : Les journées parlementaires de l'Union des démocrates et indépendants s’ouvrent mardi. Ce rendez-vous devrait marquer la naissance de la fédération du centre, qui doit regrouper les principaux partis centristes (hors MoDem). Alors que la famille centriste est dispersée, cette nouvelle construction vous paraît-elle viable ? Peut-elle être une nouvelle UDF ?

Alexis Massart : C’est notamment parce que cette famille centriste est dispersée, que sa réussite est une nécessité absolue. Par ailleurs, cet éclatement est la résultante d’une séquence politique allant de 2002 à la défaite présidentielle de Nicolas Sarkozy. C’est donc une décennie lors de laquelle les centristes dont nous parlons étaient associés, plus ou moins directement au pouvoir politique en place. La victoire de François Hollande et l’arrivée de la gauche au pouvoir ouvrent une nouvelle séquence à laquelle les forces politiques doivent s’adapter. On ne gère pas l’abondance de la même manière que la pénurie.

La fenêtre aujourd’hui ouverte est favorable à une réorganisation partisane, d’autant plus que l’autre famille de droite, au-delà de quelques tentatives internes, se réorganise autour de l’ex RPR.C’est donc bien une UDF nouvelle formule qui devrait voir le jour. On retrouve d’ailleurs, autour de l’Europe, la décentralisation, L’humanisme et l’ethique comportementale des thèmes qui étaient au centre du discours UDF. Tout l’enjeu va être d’éviter de commettre à nouveau les erreurs que l’UDF avait commises, comme l’absence d’un candidat à la présidentielle en 1995 par exemple ou encore une trop forte focalisation sur les composantes.

Jean-Louis Borloo, à la tête du Parti radical, Hervé Morin président du Nouveau Centre, Jean Arthuis patron de l’Alliance centriste, Jean-Marie Bockel qui dirige la Gauche moderne, Jean-Christophe Lagarde et sa toute jeune Fédération européenne démocrate, sans compter bien sûr François Bayrou et son Modem. Comment expliquez-vous qu’il y ait autant de chapelles au centre pour un courant qui reste finalement minoritaire au sein de la Droite ?

Comme je vous le disais, cette atomisation actuelle est la résultante d’une décennie de réorganisation partisane liée à plusieurs événements. Le premier est incontestablement, dans la suite du 21 avril 2002, la création de l’UMP qui a fait exploser en partie l’ancienne UDF. La volonté première, qui a été suivie par une partie des centristes dont Jean-Louis Borloo, était de participer à la création en France de ce qui existe dans les principaux pays européens, Allemagne, Espagne, Italie à l’époque…. à savoir une grande famille politique de droite et de centre droit qui serait en mesure, de surcroît, d’éviter un nouveau second tour en présence du candidat FN.

Le second évènement majeur venant expliquer l’éclatement du centre est le choix de François Bayrou, en 2007, de rompre avec l’alliance traditionnelle à droite au profit d’une discussion davantage orientée vers Ségolène Royal même s’il n’y a pas eu d’accord au sens propre du terme. Dans la foulée de cette discussion, une grande partie des partisans de Bayrou a crée le Nouveau Centre afin de rester dans la logique traditionnelle des rapports droite-centre droit. Le troisièmeévènement, moins dense en intensité politique, s’est déroulé ces derniers mois au sein même du Nouveau Centre dans la distanciation d’une bonne partie de ses dirigeants envers la stratégie de candidature d’Hervé Morin à l’élection présidentielle. L’UMP s’étant clairement « droitisée », le Nouveau Centre n’ayant pas eu l’écho qu’il espérait et la candidature d’Hervé Morin ayant eu le succès qu’on lui connait, l’atomisation touche aujourd’hui à son terme.

On se souvient que Jean-Louis Borloo avait renoncé à la dernière minute à se présenter à l’élection présidentielle… A-t-il l’autorité et la volonté nécessaire pour fédérer les centristes ?

En faisant le choix de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, Jean-Louis Borloo a acté cette fameuse atomisation du centre et a démontré qu’une candidature dans de telles conditions n’était pas possible. Le risque encouru, par l’absence d’une mobilisation partisane forte et unie autour de lui risquait davantage de décrédibiliser la famille politique qu’il souhaitait incarner. Cette décision avait également pour objectif la nécessaire prise de responsabilité des différents leaders du centre face à une nécessité d’union de l’ensemble du Centre.

L’autre option, celle d’une candidature coûte que coûte d’Hervé Morin a finalement conforté le choix de Jean-Louis Borloo par rapport à l’échec cuisant qu’elle a connu. L’erreur, alors que cette famille politique va désormais se réorganiser, serait de ne pas inscrire la candidature présidentielle comme objectif premier. C’est une question de survie dans le système politique de la Ve République.

Jean-Louis Borloo devrait présider à la fois le Parti radical et la fédération du centre. La logique démocratique ne devrait-elle pas le conduire à renoncer à l’un de ses mandats ?

Aujourd’hui cela n’a aucune importance. Pour faire le parallèle avec le monde de l’entreprise, ce qui va se passer fonctionne davantage sur le mode projet. L’un des grands directeurs a à charge un projet de développement transversal qui va durer plusieurs mois. Quand l’organisation sera ficelée, il sera temps de déterminer qui sera le patron de ce nouvel ensemble, même si on sait que classiquement le porteur de projet a une longueur d’avance…

Le succès de la confédération du centre signifierait-il automatiquement la disparition du Modem de François Bayrou ?

Il n’y a pas de vases communicants entre les deux. Tout dépendra de la manière dont François Bayrou se réalignera par rapport à cette nouvelle donne politique. C’est à lui de se positionner. L’objectif de Jean-Louis Borloo n’est pas de tuer le Modem mais de constituer à nouveau une grande force politique de centre droit. En attendant, l’espace de recrutement du Modem en sera tout de même amoindri. L’option d’un rapprochement de ces deux principaux acteurs du centre politique n’est peut-être pas à exclure….

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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