De Royal à Hollande : comment Najat Vallaud-Belkacem a changé d'écurie

Devant son conseil politique, Ségolène Royal hésite. Faut-il appeler à soutenir quelqu'un ? Ou bien rester neutre ? Elle écoute les arguments de chacun. Pour NVB, aucun doute : il faut appeler à voter François Hollande et le faire vite, en tous les cas avant le débat d'entre deux-tours entre Hollande et Aubry. Pour elle, Ségolène Royal doit "donner le la pour offrir une majorité large à Hollande".

Ségolène Royal ne livre sa décision ni lors de la première réunion de la semaine, ni lors de la deuxième. L'ex-candidate hésite : le dilemme est complexe. NVB plaide toujours pour Hollande : elle a tiré les leçons du passé. "Je ne voulais pas que nous fassions aux autres ce que les autres nous avaient fait subir au moment du congrès de Reims. Ou encore en 2007, quand ils ne s'étaient pas rangés derrière nous alors que Ségolène avait été désignée.

De plus, même si NVB n'est pas une proche de François Hollande (ils n'ont jamais vraiment discuté, déjeuné ou échangé des idées de manière approfondie), et malgré tout ce qui a pu être dit sur sa gestion du PS, elle apprécie sa façon d'unir les socialistes plutôt que de les cliver.

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Quelques jours plus tard, François Hollande remporte les primaires et devient la candidat officiel du PS à l'élection présidentielle. La semaine suivante, il appelle directement NVB et demande à la voir.

"Je voudrais que tu fasses partie de mon équipe de campagne, parce que j'ai toujours considéré que Ségolène avait eu une super équipe autour d'elle. Je ne crois pas qu'elle ait perdu à cause de son organisation ou des gens qui l'entouraient, mais pour des raisons que tu connais : les Français ne voulaient pas de la même affiche qu'en 2007."

NVB écoute avec attention. François Hollande poursuit : "Je t'ai vue à l’œuvre et je trouve que tu es une bonne porte-parole. J'aimerais bien que tu rejoignes mon équipe dans ce rôle-là. En même temps, je comprendrais que cela t'ennuie de jouer à nouveau le même rôle ; donc, si tu préfères faire autre chose dans l'équipe, il y a une place pour toi."

NVB accepte immédiatement la proposition : elle sera à nouveau porte-parole."[C'était] une trop belle occasion de tourner la page de 2007. A l'époque, j'avais eu le sentiment d'être en apprentissage. Là, je pouvais enfin jouer à plein ce rôle avec l'expérience acquise."

Après cette rencontre, plusieurs jours passent. Des informations contradictoires sortent dans la presse sur l'équipe de François Hollande. N'ayant pas de garantie sur son rôle final, NVB reste sourde aux demandes des journalistes, qui veulent savoir ce qu'elle fera. Ce n'est que la veille de la présentation de l'équipe par le directeur de campagne, Pierre Moscovici, tard le soir, qu'elle obtient confirmation de sa nomination. Le directeur de campagne lui demande d'être présente le lendemain matin pour la conférence de presse.

Qu'en est-il du rôle de Ségolène Royal ? Au moment d'apporter son soutien à François Hollande, elle a cette phrase rapportée par NVB : "Je voudrais que mon équipe soit bien traitée." Et pour Najat Vallaud-Belkacem, désormais porte-parole de François Hollande, l'histoire semble se répéter : la voilà lancée à nouveau aussi dans la course aux législatives.

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Extrait de "Najat Vallaud-Belkacem, Une gazelle au pays des éléphants" First Editions (30 août 2012)