Coup de maître : comment Obama à réussi à remplacer le questionnement de son bilan par celui du programme économique de Romney<!-- --> | Atlantico.fr
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Faisant abstraction de son bilan, Barack Obama a copieusement dénoncé le programme de son adversaire républicain lors de la convention démocrate à Charlotte.
Faisant abstraction de son bilan, Barack Obama a copieusement dénoncé le programme de son adversaire républicain lors de la convention démocrate à Charlotte.
©Reuters

Trans Amérique Express

Barack Obama est parvenu à inverser les rôles habituels d'une campagne présidentielle. Lors de son discours du 6 septembre devant la Convention démocrate, il s'est posé en challenger offensif au lieu de défendre son bilan.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Devant un parterre de militants enthousiastes Barack Obama a accepté la nomination de son parti et sollicité le vote de ses concitoyens pour un second mandat.  Non pas en défendant son bilan, mais en attaquant le programme de ses adversaires. Comme s’il n’avait pas déjà passé quatre ans à la Maison-Blanche. Comme s’il n’avait pas déjà eu l’occasion de mettre en place ses projets.

Lorsqu’un président américain en exercice se présente à un second mandat, la question centrale  de la campagne en devient simple : Est-ce qu’il mérite quatre années de plus? Pour répondre à cette question, les électeurs sont invités à se poser une autre question : « Etes-vous aujourd’hui dans une meilleure situation qu’il y a quatre ans ? ». En anglais cela donne « Are you better off today than you were four years ago ? »

La question n’est pas simplement économique. Elle touche au porte-monnaie certes. Donc à l’emploi. Mais aussi à des éléments plus immatériels, comme l’état d’esprit, ou la fierté nationale.

C’est Ronald Reagan qui a rendu cette question célèbre parce qu’il a constamment  invité ses concitoyens à se la poser. En 1980 quand il a défié Jimmy Carter. En 1984 quand il a brigué un second mandat. Dans le premier cas la réponse était  «non». La présidence Carter avait été désastreuse, en économie comme ailleurs. Les électeurs étaient en droit de lui refuser un second mandat. Ce qu’ils ont fait. Dans le second cas la réponse était « oui ». Reagan avait entamé le redressement du pays et redonné le moral aux Américains. Les électeurs pouvaient le réélire. Ce qu’ils ont fait.

Aujourd’hui, tandis que Barack Obama brigue un second mandat, si l’élection se jouait sur cette même question, il perdrait.  Selon un sondage de The Hill, (La Colline), le quotidien qui suit le Congrès, 54% des électeurs américains estiment qu’ « Obama ne mérite pas un second mandat ». Et 52% des Américains se déclarent « dans une situation moins bonne aujourd’hui qu’il y a quatre ans ».

Avec un électorat dans un tel état d’esprit, la logique voudrait que les Républicains martèlent ce thème contre Obama. C’est ce que Mitt Romney a fait tout au long des primaires. Tandis que ses poursuivants républicains l’attaquaient de toutes parts, lui concentrait son feu sur le président Obama en dénonçant « le bilan catastrophique de son mandat ». Un bilan qui tenait en quelques chiffres: 23 millions d’Américains sans emploi ou en sous –emploi, soit un taux de chômage situé entre 8% et 10%, ce qui est très élevé dans le contexte américain ; un déficit budgétaire supérieur à mille milliards de dollars pour trois années consécutives, du jamais vu aux Etats-Unis ; et une dette nationale qui a augmenté de 50% en quatre ans pour atteindre seize mille milliards de dollars, l’équivalent du PIB américain.

Mais depuis les conventions de cet été, et en particulier depuis la désignation de Paul Ryan comme colistier de Mitt Romney,  le bilan d’Obama semble être passé au second plan. Ce n’est plus lui qui doit se justifier pour ses difficultés à relancer la machine économique et l’aggravation dramatique des déficits, mais  les Républicains pour leur plan d’assainissement budgétaire.

C’est la ligne qu’Obama a suivi dans son discours devant la convention démocrate. Faisant abstraction de son bilan, sauf en politique étrangère, où il a mis en avant la mort de Ben Laden et l’achèvement des conflits en Iraq et en Afghanistan, il a copieusement dénoncé le programme de  son adversaire républicain, réduit à la promesse de « baisses d’impôts » pour « millionnaires », de suppression d’aides pour les pauvres et d’un retour à la « guerre froide » sur la scène internationale.

Avec la désignation de Paul Ryan, président de la Commission du Budget de la Chambre des Représentants, comme candidat à la vice-présidence des Etats-Unis aux côtés de Mitt Romney, les républicains ont choisi de souligner la menace représentée par des déficits, devenus incontrôlables, l’urgence de s’attaquer à cette question et leur volonté de remettre de l’ordre dans la maison fiscale américaine.

Mais une telle ambition impose inévitablement des réformes et la réduction, voire l’élimination, d’un certain nombre de programmes fédéraux. Depuis Obama et les démocrates ont beau jeu de jouer sur les peurs populaires. Ils attisent le spectre d’une société du « chacun pour soi et dieu pour tous ». La démarche est caricaturale, mais efficace.

Alors que la classe moyenne américaine est la principale victime de la crise, et que le chômage persistant menace nombre d’Américains modestes de tomber dans la précarité, c’est Obama qui se fait le champion de la « middle class », le plus important segment de la population américaine et donc de l’électorat. 

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