Baisse des tarifs de l’essence : toutes les petites mesures du gouvernement ne pourront jamais empêcher la hausse des prix<!-- --> | Atlantico.fr
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A chaque centime de taxe perdu sur les prix du carburant, l’État perd à la fin d’une journée 1,4 million d’euros de rentrées fiscales.
A chaque centime de taxe perdu sur les prix du carburant, l’État perd à la fin d’une journée 1,4 million d’euros de rentrées fiscales.
©Reuters

Blocage ou non ?

Le ministre de l'Économie Pierre Moscovici rencontre ce mardi les professionnels du secteur pétrolier pour leur demander de bloquer, peut être même diminuer, les prix à la pompe. Reste que rien ne peut aujourd'hui forcer la main des marchés, ni freiner la hausse des cours d'un produit fini : le pétrole.

Thomas Porcher

Thomas Porcher

Thomas Porcher est Docteur en économie, professeur en marché des matières premières à PSB (Paris School of Buisness) et chargé de cours à l'université Paris-Descartes.

Son dernier livre est Introduction inquiète à la Macron-économie (Les Petits matins, octobre 2016) co-écrit avec Frédéric Farah. 

Il est également l'auteur de TAFTA : l'accord du plus fort (Max Milo Editions, octobre 2014) ; Le mirage du gaz de schiste (Max Milo Editions, mai 2013).

Il a coordonné l’ouvrage collectif Regards sur un XXI siècle en mouvement (Ellipses, aout 2012) préfacé par Jacques Attali.

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Alors que le blocage des prix des carburants était une promesse de F. Hollande lors de la campagne présidentielle, le Premier Ministre J-M. Ayrault a tranché en préférant une baisse « modérée » et « temporaire » des taxes plutôt qu’un blocage. Sachant qu’à chaque centime de taxe perdu sur les prix du carburant, l’État perd à la fin d’une journée 1,4 million d’euros de rentrées fiscales, on présuppose que dans un contexte de crise de la dette, la baisse des taxes n’excèdera pas 2-3 centimes par litre. Mais Pierre Moscovici, ministre de l’économie, a également appelé les pétroliers à un « effort partagé ».

D’ailleurs, le Président du groupe Leclerc l’a entendu et, suivi par les magasins U, a annoncé qu’il vendra son essence à prix coûtant pendant tout le mois de septembre, entraînant une baisse supplémentaires de 2-3 centimes à la pompe. Mais malgré les efforts de chacun, le consommateur risque de ne pas percevoir la baisse des prix des carburants pour plusieurs raisons :

Premièrement, en combinant les efforts de l’Etat et des pétroliers, les prix des carburants baisseront probablement de 4-5 centimes maximum soit sur un plein de 60 litres de gazole, une baisse pour le consommateur ne représentant que 2-3 euros.

Deuxièmement, la baisse des prix à la pompe pourrait être balayée en deux semaines si le prix du pétrole, déterminé au niveau international, continue d’augmenter.

Enfin, les prix pratiqués par les acteurs du marché pétrolier sont différents. Pour des raisons commerciales, les majors sont généralement plus chères à cause d’offres de services complémentaires (boutique,…) alors que les grandes et moyennes surfaces, qui utilisent l’essence comme produit d’appel, pratiquent des tarifs moins élevés. Quant aux stations services indépendantes, elles pratiquent des tarifs plus élevés car elles font moins de volume. A cela, il faut ajouter des différences régionales en fonction du degré de concurrence par région.

On observe des écarts de prix entre régions de 2 à 3 centimes par litre tandis que les écarts entre distributeurs peuvent atteindre jusqu'à 14 centimes par litre (Etude réalisée sur quatre départements différents : urbains avec le Val-de-Marne et les Bouches-du-Rhône, périurbain dans le Rhône, et rural avec la Manche). Cette différence de tarification risque de « brouiller » le ressenti des consommateurs quant à la baisse des prix qui est déjà faible.

Finalement, la promesse du blocage des prix du président François Hollande aurait pu être l’occasion d’une véritable réflexion sur la fiscalité des prix du carburant. Elle aurait également pu permettre d’engager des réflexions annexes sur les besoins de transports des régions et la nécessaire transition énergétique. Au lieu d’une fiscalité plus intelligente en phase avec la hausse structurelle des prix du pétrole depuis dix ans, le gouvernement a fait le choix d’un consensus mou avec les pétroliers car finalement, avec 34 milliards de rentrées fiscales par an pour l’Etat et plusieurs centaines de milliers d’euros par jour de bénéfice pour les pétroliers qui font de gros volumes, ni l’Etat, ni les pétroliers n’ont réellement intérêt à ce que les choses changent…

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