68ème anniversaire de la libération de Paris : dans la tête des héros méconnus qui l’on vécue<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Chaque année, le 25 août Paris commémore sa libération, comme ici en 1994 lors d'une reconstitution.
Chaque année, le 25 août Paris commémore sa libération, comme ici en 1994 lors d'une reconstitution.
©Reuters

Le chant des partisans

Ce samedi la France commémore l'anniversaire de la libération de Paris. Petit retour en arrière sur cette journée qui a marqué à jamais l'Histoire de notre pays.

Christine  Levisse-Touzé

Christine Levisse-Touzé

Christine Levisse-Touzé est une historienne spécialiste de la France pendant la Seconde Guerre Mondiale. Elle est Chevalier des Arts et des lettres, Chevalier de la légion d'honneur. Depuis 1991, Christine Levisse-Touzé dirige le Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et le Musée Jean Moulin.

Voir la bio »

Atlantico : Ce samedi, la France fête le 86ème anniversaire de la libération de Paris marqué cette année par un hommage envers les 5 communes compagnon de la libération ? Pouvez-vous nous expliquer brièvement de quoi s'agit-il ?

Christine Levisse-Touzé : Cette thématique retenue par le maire de Paris tous les ans correspond à un choix. A la fin de l'année les cinq compagnons ou villes compagnons vont prendre le relais au niveau de l’Ordre de la Libération.

Les anciens disparaissant, ces villes sont appelées à prendre le relais. C'est un hommage en l'honneur des villes qui ont connu des martyrs singuliers, je pense à Grenoble, Saint-Lô, Nantes et Paris à qui le Générale de Gaulle a remis la Croix de Compagnons le 2 avril 1945.

La thématique a du sens, elle est forte. Je vous rappelle que le Général de Gaulle a crée l'Ordre de la Libération le 16 novembre 1940 pour récompenser ses compagnons, c'est-à-dire ceux qui le rejoignaient. Cette ordre touchait aussi des unités, des villes, des bâtiments pour des faits exceptionnels. Ces nominations se sont arrêtées après le départ du Général de Gaulle fin janvier 1946.

On fête ce samedi l'anniversaire de la libération de Paris. Quelles ont été les anecdotes marquantes et méconnues de cette journée historique ?

Il y a plusieurs anecdotes marquantes. La veille la population vit dans l'attente de ses libérateurs qui dès la veille étaient précédés d'une colonne. Devant l’hôtel de ville est arrivée la cinquième colonne, les cloches ont toutes sonné à 21h22. Les autres colonnes et groupements techniques en dehors de Paris savent que la mission a réussi.

Au lendemain, les combats sont durs. La Place de la Concorde devait être le ralliement des différents groupements tactiques pour effectuer l’assaut final. Un soldat dans un char entend à la radio "attention c'est la cinquième colonne". Cette phrase faisait référence aux francs tireurs, aux soldats allemands embusqués. Le soldat qui était dans le char a compris quelque chose d'autre, il ajuste sa tourelle vise l’hôtel Le Crillion d’où il pensait que les tirs venaient, compte cinq colonnes et tirs.

Enfin, je pense qu'il faut souligner l’enthousiasme débordant des Parisiens en rupture avec la tension des derniers jours de l'occupation. Pendant quatre ans la ville a été privée. La France était un des pays les plus pillés par les Allemands. Peu de gens le savent mais malgré la libération de Paris, les bombardements ont continué le 26 août. Les Allemands ont tenté une grosse contre attaque qui a fait énormément de victimes chez les soldats mais aussi les civils.

La bataille de Paris a été une grande victoire. Vous savez, le jour de la libération, les églises d'Amérique Latine ont sonné pour fêter l’événement, pareil à New-York et un peu partout. Paris c'est la ville lumière de l'enthousiasme mais aussi des drames.

On parle souvent du rôle des divisions blindées dans la libération de Paris. Quels ont été les autres héros oubliés de cette journée mémorable ?

Tous les héros anonymes et résistants ! Les divisions Leclerc et la quatrième division américaine ont joué un rôle nécessaire demandé par la résistance. Les résistants manquaient d'armes et de ravitaillements, Paris était au bord de la disette.

Plus précisément, comme héros oublié, j'entends par là, les hommes et femmes pour la France qui n'ont pas reçu l'Ordre de Libération. Je pense à Pierre Deville un radio de la division Leclerc. D'autres aussi n'ont pas leurs plaques, je pense aussi Lieutenant Bureau qui est tombé lors de l'attaque du Ministère. Il y a eu beaucoup aussi de FFI (Force Française de l'Intérieur) qui ne sont pas connus et qui non malheureusement pas de plaques.

Enfin, je pense à un petit enfant au nord de Paris qui s'est sacrifié. Il avait en main une grenade qui était dégoupillée. Sentant le danger pour tous ses camarades, il s'est éloigné et a sauté avec la grenade. C'est un jeune héros, il y en a beaucoup.

C'est une période difficile de guérilla urbaine avec des moments calmes et de danger. On ne peut pas savoir comment sera l'instant d'après.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !