Cote de confiance à moins de 50% : François Hollande est-il victime d’une usure du pouvoir vitesse grand V ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La cote de confiance du président de la République est passée sous la barre symbolique des 50% au mois d'août.
La cote de confiance du président de la République est passée sous la barre symbolique des 50% au mois d'août.
©Reuters

A bout de souffle

Moins de trois mois après son élection, la cote de confiance du chef de l'Etat a perdu cinq points ce mois-ci pour passer pour la première sous la barre symbolique des 50%, selon l'observatoire politique CSA-les Echos. Nicolas Sarkozy n'était passé pour la première fois sous la barre des 50% qu'en janvier 2008, soit huit mois après son élection

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd est historien, spécialiste des Pays-Bas, président du Conseil scientifique et d'évaluation de la Fondation pour l'innovation politique. 

Il est l'auteur de Histoire des Pays-Bas des origines à nos jours, chez Fayard. Il est aussi l'un des auteurs de l'ouvrage collectif, 50 matinales pour réveiller la France.
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Atlantico : Le chef de l’État passe pour la première fois sous la barre des 50% de cote de confiance. Son érosion intervient plus tôt que celle de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac ou François Mitterrand. Comment l'expliquez-vous ?

Christophe de Voogd : C’est évidemment lié au contexte de crise, comme pour tous les gouvernements dans une situation comparable. La crise partout et spécialement en France où l'on désespère d’autant plus de la politique que l’on investit trop en elle, est une machine à fabriquer de l’impopularité.

Mais deux autres facteurs jouent dans le cas de François Hollande : le peu d’enthousiasme lors de son élection et l’absence de vision claire à moyen terme : rigueur, certes mais austérité, oui ou non ?  Et qui paiera ? Est-on contre les “patrons” ou pour les “entrepreneurs” ? La chute de ces dernières semaines est peut-être aussi liée à la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires. Les Français ne l’avaient clairement pas intégrée lors des élections et semblent la découvrir. On s’étonne que la droite ait à peine joué sur ce registre lors de la présidentielle ! Pourtant Hollande l’avait bel et bien annoncé : c’est ainsi que s’explique un phénomène paradoxal souvent mal interprété : les Français sont mécontents mais reconnaissent que Hollande respecte ses promesses. La gauche se réjouit un peu vite, on peut le reconnaitre et le regretter en même temps !

Le gouvernement perd le soutien de son électorat le plus à gauche. Les deux tiers des électeurs de Jean-Luc Mélenchon trouvent "le gouvernement pas assez actif". Est-ce dû à la politique de rigueur qui ne dit pas son nom ?

Bien sûr et surtout au grand malentendu de l’élection qui a marié deux orientations antagonistes, réunies par le seul antisarkozysme. Le fossé entre la gauche sociale libérale et pro-européenne et le populisme déclamatoire et accusatoire incarné par Jean-Luc Mélenchon –mais aussi par la gauche du PS et les Verts- apparait au grand jour. Il est inscrit dans les gènes de la gauche française. Le référendum de 2005 en a été la plus éclatante illustration jusqu’ici !

Peut-on faire le parallèle avec le tournant de 1983 et les années François Mitterrand ?

Non, car François Mitterrand représentait une bien plus grande espérance au départ. Et une bien plus grande illusion. Malgré le discours dominant, la grande majorité des Français ne croient pas que la crise soit due à “Sarko”. Il accusait bien plus Giscard en 81. 1983 fut un tournant capital, mais Mitterrand oblige, il n’a jamais été reconnu comme tel. La grande illusion française, la toute-puissance de l’Etat, est restée intacte dans le discours dominant, y compris à droite.

Comment peut-il redresser la barre ?

Il n’a qu’une voie très étroite devant lui : crédibiliser d’urgence sa méthode dans laquelle beaucoup commencent à voir de l’inaction.  En soi, le changement de style et d’approche avait de quoi séduire ; mais le contexte impose, lui, des décisions. Premier problème : comment aller vite quand on prône la réflexion et la concertation sur tout ? Deuxième problème : comment choisir sans faire rejouer les fractures au sein de la gauche, y compris, encore une fois, au sein même du PS ?

Le calendrier est resserré : au plus tard les choix doivent être faits lors du budget. Et ne pas choisir c’est, en période de crise, choisir quand même : en l’occurrence le déclin.

Tout le problème en somme pour le président “normal” vient de ce que nous ne sommes ni dans une nation, ni dans une situation “normale”…

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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