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Et si la véritable place de "l'agneau Hollande" était sur les bancs de l'Assemblée ?
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Parallèle

François Hollande présente plusieurs traits communs avec Paul Deschannel, ancien Président qui, sous la 3e République, démissionna pour revenir au Sénat où son humour lui permit de retrouver un univers conforme à sa véritable envergure.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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Puisqu'il nous reste quelques semaines pour traiter le Président avec légèreté avant que les circonstances ne nous l'interdisent, conseillons-lui de se méfier du train. On dirait qu'il cherche à conjurer le mauvais sort et à se réconcilier avec le chemin de fer après la chute qui précipita Paul Deschanel, l'un de ses prédécesseurs, par la fenêtre du Paris-Roanne en pleine nuit, mais c'est un pari téméraire.

Rappel historique, Deschanel alla frapper en pyjama chez un garde barrière dont l'épouse le traita avec déférence parce qu'il avait les pieds propres , puis il fut ramené à l'Elysée dans la confusion, après quoi, dépassé par l'ampleur de sa tâche , il sombra dans la dépression et démissionna, pour revenir l'année suivante au Sénat où son humour et ses talents d'orateur retrouvèrent un univers conforme à sa véritable envergure.

Nous n'aurons pas l'impudence de pousser si loin la comparaison avec l'actuel Président mais tout de même, la tentation est grande, surtout après les premières semaines où il nous est apparu en plusieurs occasions la mèche en déroute et le costume mouillé sous un parapluie retourné, sans parler de son avion frappé par la foudre, ce qui fait tout de même beaucoup. Pour ma part c'est là que j'ai commencé à lire la biographie de Paul Deschanel et à m'aviser que le personnage n'était pas sans rapport avec François Hollande.

D'abord il a grandi dans l'ombre d'un père farouche et redouté, dont il s'est affranchi en faisant de bonnes études, mais dont il a dû affronter la réincarnation en politique en la personne d'un rival belliqueux et sûr de lui. Sa statue du commandeur à lui fut Clémenceau qui reprochait à la plupart de ses collègues de n'avoir pas de caractère, qui remuait beaucoup, comptait de nombreux amis dans la Finance et trouvait dégradant de faire campagne, ce qui, à la moustache près, nous rappelle un peu quelqu'un.

Mais comme l'époque en avait assez des foudres de guerre, des généraux exemplaires et des Tigres de tout poil, c'est l'agneau Deschanel, après une carrière de sous-préfet aux champs, avec sa bonne bouille de photo de classe, qui fut élu grâce au slogan : vous avez gagné la guerre nous gagnerons la paix. En fait c'est exactement le contraire qui s'est produit. Sa famille politique a perdu la paix et n'y a gagné que la guerre.

On se demande si l'histoire n'est pas en train de rejouer la pièce. Devant la montée des périls, la France de l'époque a cru pouvoir mener grand train jusqu'à l'effondrement, a livré passage à tous les réfugiés et s'est laissée bercer par l'illusion que la prospérité se décrétait: il nous reste à prouver que nous n'en sommes pas là mais comme eût dit Churchill, "it will be no tart".

Publié préalablement sur christiancombaz.fr

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