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Sport : vendre sa Rolex pour financer sa retraite ?
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Bien vieillir

Il est de bon ton de dénoncer les salaires pharaoniques de certains sportifs. Mais qui dit certains ne dit pas tous…

Charlotte Feraille

Charlotte Feraille

Charlotte Feraille est rédactrice en chef du magazine On the Field.

Le premier numéro est dans les kiosques depuis ce samedi 25 juin.

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Oubliez Zinedine Zidane, Sébastien Chabal ou Jo-Wilfried Tsonga. Si les stars du football, du rugby ou du tennis semblent à l’abri du besoin, il convient de rappeler que sur les quelques 6500 athlètes de haut-niveau – judokas, lutteurs, nageurs, rameurs, etc – inscrits sur les listes ministérielles, 2500, soit près du tiers d’entre eux, ne touchent pas de revenus leur permettant se s’affilier à une caisse de retraite (projet de loi relatif à la retraite des sportifs de haut-niveau présenté par JF Lamour, PV du 22 février 2007). Lorsqu’ils sont rémunérés par leur club, nombreux sont ceux dont les revenus ne sont pas suffisants pour valider quatre trimestres de cotisation par an. Les plus démunis ainsi que les plus brillants d’entre eux touchent certes des bourses de l’INSEP et sont nourris-logés par l’institution. Mais tous les sportifs amenés à représenter la France lors de tournois internationaux ne sont pas concernés et bourses ou primes de performance ne sont de toute façon pas suffisantes pour leur permettre de cotiser pour leur retraite. Leur carrière sportive ne s’achevant qu’aux alentours des 30-35 ans –celle-ci tend en effet à s’allonger -  ils sont donc amenés à ne cotiser que très tardivement.

De grandes disparités entre sportifs

Si quelques sportifs de haut-niveau hyper médiatiques – principalement masculins –auront peu de mal à se reconvertir dans la publicité ou la politique, d’autres se retrouveront entraineurs, avec des salaires proportionnels à la notoriété dont le club employeur bénéficie. En effet, il s’avère très difficile de concilier études et sport de haut-niveau, puisqu’il s’agit pour le jeune athlète de mener de front trois vies : sportive, scolaire, professionnelle. De même que les étudiants en faculté, ils se voient parfois contraints d’accepter des jobs de serveurs, caissiers, déménageurs voire gogo danseurs (c’est malheureusement une réalité, j’en connais pas mal mais cela les gêne d’en parler en leur nom) pour les plus beaux d’entre eux. Drôle de vie donc pour un individu censé avoir une hygiène de vie irréprochable ! Difficile aussi de mener de grandes études et ainsi se préparer à une reconversion professionnelle brillante ! Cependant, au regard de la question liée au régime des retraites, ces jeunes gens sont peut-être finalement les plus chanceux dans la mesure où poussés plus tôt dans la vie active, ils peuvent espérer toucher une pension retraite complète avant  d’atteindre un âge canonique.

Un manque de considération politique

Afin de remédier à ces problèmes, Jean François Lamour avait proposé en 2007, lorsqu’il était Ministre de la Jeunesse, des sports et de la vie associative,  un projet de loi où l’Etat finançait une partie de la retraite des sportifs de haut-niveau[1]. Cette proposition de loi n’a pas été intégrée au projet de réforme des retraites de novembre dernier, malgré les promesses de Rama Yade (alors Secrétaire d’Etat en charge des sports) d’améliorer les conditions sociales des sportifs de haut niveau.

Et si ceux-ci se mettaient en grève, prenant exemple sur leurs homologues footballeurs… Les enjeux sportifs internationaux ne pourraient-ils pas pousser les politiques à prendre au sérieux cette réalité sociale ?  Car, c’est un fait, le sport de haut niveau représente bel et bien une niche de pauvreté.



[1] Ce projet de loi ajoutait au code de la sécurité sociale un article L. 381-33 prévoyant : qu’ «  est affiliée obligatoirement à l’assurance vieillesse du régime général de sécurité sociale, y compris si elle en relève à un autre titre, la personne inscrite au 1er janvier de l’année considérée sur la liste des sportifs de haut niveau prévue au premier alinéa de l’article L. 221-2 du code du sport, sous réserve de conditions d’âge minimale et maximale fixées par décret, pour autant que ses ressources de toute nature sont inférieures à un plafond fixé par décret », sous réserve du paiement d’une cotisation annuelle entièrement à la charge de l’Etat.

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