Les fausses vraies vacances normales du Président Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Les fausses vraies vacances normales du Président Hollande
©

Coutume française

Après un départ en TGV normal, le président Hollande a décidé de perpétuer une vieille tradition en passant ses vacances au Fort de Brégançon.

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot est l'auteur de Trônes en majesté, l’Autorité et son symbole (Édition du Cerf), et commissaire de l'exposition Trésors du Saint-Sépulcre. Présents des cours royales européennes qui fut présentée au château de Versailles jusqu’au 14 juillet 2013.

 

Voir la bio »

Comme chaque année à pareille époque, alors que la masse des Français profite des congés payés sous les plus vastes horizons, la torpeur estivale envahit à leur tour les allées du pouvoir qui ne retrouveront leur fébrile animation qu’après le 15 août.

L’impérieuse prescription d’un délassement général étendu sur les deux premières semaines d’août revêt en effet, au moins depuis 1936, un caractère tout aussi absolu que celle de la « trêve des Confiseurs » décrétée au moment de Noël.

Pour quelques semaines donc, à Élysée et dans les ministères, seules les permanences ne ralentissent pas leurs activités, conservant un étroit contact avec le chef de l’Etat et les membres du gouvernement. Instamment priés à ne pas quitter l’hexagone afin d’éviter tout compromission fâcheuse pouvant être exploitée par les médias ou l’opposition, ils languiront dans l’attente du trés-espéré privilège d’une invitation pour quelques heures au fort de Brégançon, comme autrefois les courtisans du Roi-Soleil soupiraient à demi voix devant le monarque : Marly, Sire !

François Hollande, en président normal, doit suivre la tradition instaurée depuis 1968, scrupuleusement observée par Jacques Chirac (quoiqu’il avoue à son chauffeur s’y em….), soucieux de donner au pays l’image d’un couple présidentiel uni, toujours sur la brèche et proche des Français. Cependant, malgré un départ en TGV avec sa compagne, pour ce premier séjour du nouveau chef d’Etat, l’image médiatique renvoyée ne sera peut-être pas aussi mirifique que les échos obtenus par ses précurseurs.

La présence de la première dame, Valérie Trierweiler, exclut la venue des enfants de François Hollande et, à moins de trouver une formule aussi peu calculée, les bains de foule à la sortie de la messe dominicale de Bormes-les-Momosas ne donneront pas lieu à la bousculade des journalistes et des badauds puisque le couple présidentiel affiche un agnosticisme de bon aloi qui s’inscrit dans l’aire du temps et de la présidence normale.

Mais les services de communication auront certainement travaillé le sujet et proposeront au président une ou plusieurs escapades médiatiques appropriées.

Le choix de la résidence présidentielle de Brégançon est effectivement une décision fort sage. Le président normal y passe de « fausses vraies vacances », sachant supporter tout le poids de sa nouvelle charge. Son séjour s’inscrit dans la poursuite d’une vénérable tradition remontant aux temps les plus reculés de la monarchie itinérante lorsque le souverain et sa cour s’établissaient tout à tour dans ses domaines pour en consommer les revenus périssables. Plus tard, deux fois l’an, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI délaissent Versailles au profit de Compiègne et Fontainebleau. En août, les rois de France goûtent la fraîcheur des frondaisons de la forêt bellifontaine et les grands seigneurs du royaume, à l’exception des officiers de quartier, fuient la capitale pour retrouver leurs terres et leurs châteaux.

Les heureux estivants du fort Brégançon et leurs hôtes, anciens confrères journalistes choisis sur le volet pour les uns, fidèles compagnons de la première heure pour les autres, trouveront ainsi le loisir de définir les nouvelles perspectives annoncées du changement à venir.

Du haut des vieux remparts surplombant la mer, ils pourraient également considérer la vanité d’une volonté de rupture poursuivie à tout prix, considérant que l’héritage du passé pèse souvent davantage dans le bien-être des peuples à l’exemple de ce temps de villégiature dont ils profitent sous le ciel de Provence, institué par l’empereur Auguste qui pour suivre l’exemple de son père adoptif, donna non seulement son nom au second mois du calendrier julien en instituant de surcroît, pour mieux marquer la postérité, des fêtes chômées dans tout l’Empire durant les ides de ce même mois dont le 15 août, à 2000 ans de distance, perpétue toujours le souvenir à la plus grande satisfaction des populations laborieuses.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !