Financer les hôpitaux en creusant l'endettement n'est pas la solution<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
La dépense hospitalière par habitant est de 1 229 euros en France contre 819 en Allemagne, soit 26,4 milliards d’euros de dépenses supplémentaires.
La dépense hospitalière par habitant est de 1 229 euros en France contre 819 en Allemagne, soit 26,4 milliards d’euros de dépenses supplémentaires.
©

Urgences

Ce mardi, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, a indiqué que le gouvernement souhaitait utiliser les 8 derniers milliards d'euros de l'enveloppe du Grand emprunt pour financer les programmes d’investissement des hôpitaux.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

Voir la bio »

Les hôpitaux affrontent aujourd’hui deux problèmes distincts : d’une part un besoin non couvert de 2 milliards d’euros pour le financement de nouveaux investissements, d’autre part un besoin de trésorerie non couvert à court terme de 1,3 milliard d'euros, conséquence directe de la faillite de Dexia, principal banquier des hôpitaux, d’après la Fédération hospitalière de France (FHF).

Du détournement de l'esprit du Grand emprunt

Débloquer de l’argent emprunté sur les marchés financiers pour financer des machines complexes destinées à l’amélioration de la santé des Français oui, financer les déficits courants en remplacement des acteurs bancaires non. Il s’agirait d’une très mauvaise allocation du capital puisque le Grand emprunt devait financer des projets d’avenir.

Le rapport d’information présenté par les sénateurs Jacky Le Menn et Alain Milon, il y a une semaine, a d’ailleurs pointé du doigt les « lacunes en termes de sélection et d’opportunité des projets » comme explication du doublement de la dette publique hospitalière entre 2005 et 2010.

La priorité absolue : la réduction des dépenses

La vraie raison de ces problèmes de trésorerie provient d’un système hospitalier à bout de souffle qui s’avère trop onéreux pour la communauté nationale. Il ressort de l’analyse comparative France-Allemagne de l’institut Thomas More que la dépense hospitalière par habitant est de 1229 euros en France contre 819 en Allemagne, soit 26,4 milliards d’euros de dépenses supplémentaires.

Près de la moitié de cet écart (11 milliards d’euros) s’explique par l’instauration d’un tarif unique des actes entre les secteurs hospitaliers public et privé. Cette réforme a été achevée en 2009 en Allemagne et n’est même pas discutée en France, où il semble normal qu’une prothèse de hanche soit facturée à la Sécurité sociale 6.457 € par un établissement public et 5492 € par un établissement privé.

Trop d'établissements, moins de lits

Le secteur hospitalier français est trop fragmenté au détriment de son efficacité. Il n’y avait pas moins de 2751 établissements en France en 2009 contre 2084 en Allemagne, ceux-ci étant plus petits, en moyenne 154 lits par hôpital contre 323 pour leurs homologues outre-Rhin, permettant de rationaliser le personnel et donc d’investir en matériel de pointe. Et la conséquence n’est pas une moins bonne qualité de soins car l’Allemagne présente 8,2 lits pour 100 000 habitants contre 6,6 en France avec une durée d’hospitalisation moyenne de 9,7 jours contre 5,6 en France.

Dans ces conditions, pas de quoi s’étonner que le déficit global des établissements publics de santé (488 millions d’euros en 2010) soit concentré à 80% sur une cinquantaine d’établissements. C’est sur la gestion de ceux-ci qu’il faut agir en priorité.

Et pour 2013, hausse de la CSG ?

C’est une première étape de rationalisation qu’a tenté d’impulser le précédent gouvernement avec la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires de 2011 qui a favorisé le regroupement d’établissements pour permettre la mise en commun des moyens autour de communautés hospitalières territoriales et de groupements de coopération sanitaire de moyens.

Si les socialistes sont incapables d’assumer et de poursuivre la réduction des dépenses, il faudra continuer à jouer sur les recettes et sans doute reviendra sur la table cette fameuse hausse de la CSG...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !