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A trop vouloir empêcher les entreprises de licencier, tôt ou tard, les bulles finissent par éclater...
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Qui veut faire l'ange...

Alors que le groupe PSA Peugeot-Citroën a annoncé la suppressions de 8000 postes, Arnaud Montebourg a affirmé jeudi que Peugeot "devait quelque chose à la Nation française". Mais à force de rigidifier le travail par des lois interdisant ou rendant difficile les licenciements, on empêche l’adaptation des firmes à ses marchés ce qui se traduit, tôt ou tard, par des plans sociaux massifs et des fermetures d’usines

Florin Aftalion

Florin Aftalion

Florin Aftalion est professeur émérite à l'ESSEC.

Il a enseigné l’économie et la finance aux universités de New YorkNorthwestern et de Tel-Aviv. Il a cofondé la collection Libre Echange aux Presses universitaires de France

Son dernier ouvrage est  « Crise, Dépression, New Deal, Guerre », publié en 2012 aux éditions Economica

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A l’annonce de la fermeture du site d’Aulnay et des plans sociaux qui l’accompagnent, notre ministre du redressement productif s’est interrogé sur le devoir de Peugeot envers la nation. L’on comprend que le devoir du constructeur automobile serait de garder ses employés quel que soit le coût d’une telle décision pour les actionnaires de la firme. Mais la question de M. Montebourg en évoque une autre : quel est le devoir de l’Etat vis-à-vis de Peugeot et de son personnel ? Il s’agit de savoir non seulement ce que devrait faire l’Etat dans la situation actuelle mais surtout ce que le gouvernement de la France auraient du faire dans le passé et qu’il est urgent qu’il fasse aujourd’hui pour que de tels désastres sociaux ne se reproduisent pas.

Rappelons que différentes instances de l’Union européenne exigent des pays qu’elle aide des réformes structurelles portant essentiellement sur la flexibilité de l’emploi et le coût du travail. Le gouvernement Ayrault loin d’envisager de telles réformes en France, veut, au moyen du « dialogue social », donner encore plus de pouvoir aux syndicats qui exigent carrément l’interdiction des licenciements. Pourtant, si les réformes demandées à l’Italie, à la Grèce ou à l’Espagne avaient été entreprises dans le passé en France la catastrophe d’Aulnoy aurait été évitée.

Sur des marchés où, parmi d’autres éléments, les produits de la concurrence, les goûts du public, le coût de l’énergie et des matières premières varient sans cesse les industriels comme Peugeot doivent adapter constamment leurs productions. Dans ces conditions, le travail, un facteur essentiel de celles-ci, est par nature précaire parce que le marché de la firme l’est. En le rigidifiant à l’excès par des lois interdisant les licenciements ou les rendant difficiles et coûteux on empêche l’adaptation de la firme à ses marchés. Ses comptes d’exploitation  s’alourdissent de plus en plus jusqu’au moment où une situation devenue financièrement intenable entraîne fatalement plans sociaux massifs et fermetures d’usines.

Si dans le passé Peugeot avait été en situation de gérer librement sa main d'œuvre des licenciements auraient certes eu lieu mais de façon progressive permettant à chaque fois un traitement satisfaisant des personnels devenus momentanément pléthoriques. Avec des pertes financières moindres, la firme se serait également trouvée en fin de compte en état de proposer des plans sociaux mieux adaptés aux besoins des personnels intéressés.

Ajoutons que le coût élevé du travail en France rend inévitables les délocalisations. Ces délocalisations sont rendues responsables des fermetures d’usines en France. Mais comprenons qu’en leur absence, produire sur le territoire national des véhicules plus chers que ceux proposés par la concurrence, mène inéluctablement à des pertes qui ne peuvent se conclure que par des fermetures d’usines. Que Peugeot ait placé ou déplacé une partie de ses productions dans des pays à bas salaires n’est que le résultat inéluctable des charges qui pèsent sur les salaires français.

Afin  d’éviter l’augmentation du chômage, il est donc du devoir de l’Etat, non de s’opposer aux plans sociaux décidés par Peugeot et jugés inacceptable par le Président Hollande, mais de prendre d’urgence les mesures – peut-être bientôt exigées par les instances européennes – assouplissant notre législation du travail et abaissant le coût de ce dernier.

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