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Le droit d’avoir des parents de sexe opposé devrait-il être défendu comme un droit de l'homme ?
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Les papas et les mamans

La ministre de la famille, Dominique Bertinotti, a annoncé ce vendredi la volonté du gouvernement d'approuver le mariage gay d'ici fin 2013. Cette loi s'accompagne déjà de la préméditation de légaliser le droit d'adoption pour ces familles. Pour autant, ce projet de loi ne fait pas l'unanimité et des voix se lèvent pour défendre l'hétéro-parentalité.

Christophe Arvis

Christophe Arvis

Diplômé en science politique, en économie, finance et en théologie, Christophe Arvis est co-fondateur d’une société de conseil et d’innovation financière en matière de financement des entreprises.

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Les récents changements politiques vont bousculer les prochains débats de société et mettre à l’ordre du jour la question de la famille et la revendication –ultra-minoritaire dans la minorité-, d’une soi-disant « égalité des droits » en matière de parentalité entre couples hétérosexuels et couples homosexuels. La volonté de plus en plus exprimée par des couples homosexuels de vouloir « fonder » une famille, d’aller au-delà de l’acte individuel ou interpersonnel entre deux adultes, en donnant naissance, et en élevant des enfants, doit interroger tout un chacun, quelle que soit son orientation sexuelle.

Le désir de maternité ou de paternité est naturel pour chaque femme ou chaque homme, et le fait d’avoir une sensibilité homosexuelle n’efface pas pour autant ce désir.

Mais la seule et la réelle question – on pourrait même dire la question ultime - à se poser est la suivante : comment peut-on priver délibérément et volontairement un être humain de l’expérience fondamentalement et unique de vivre les premières années de son existence, grâce à l’amour et l’accompagnement d’un père et d’une mère ?

L’être humain a le droit le plus absolu de vivre cette expérience singulière d’une seule vie, celle d’avoir un père et une mère. C’est une expérience absolument fondatrice. Ce droit n’est malheureusement pas toujours respecté dans les faits, comme le soulignent les défenseurs de l’homoparentalité. Des enfants grandissent parfois avec un seul de leur parent.

S’ouvrent à partir de là, de nombreuses brèches de la réalité que les défenseurs de l’homoparentalité tentent de mettre en avant pour fonder de nouvelles normes, normes qui justifieront de nouveaux choix de société et des décisions politiques futures. Il convient de reprendre chacune de ces brèches et de les déconstruire.

Le point commun de toutes ces brèches pour justifier la parenté homosexuelle est qu’elles reposent toutes sur des arguments d’ordre « conséquentialiste ». Exemple type d’argumentaire: « les couples hétérosexuels ne sont pas toujours de bons parents, alors qu’a contrario des personnes homosexuelles engagées dans cette démarche auraient un réel désir d’avoir et d’aimer un enfant ».

Il existe en effet des drames humains de toute sorte au sein des familles « hétérosexuelles », des drames parfois terrifiants dont les faits divers nous font souvent l’écho. Les divorces ou séparations douloureuses, le décès d’un parent, le manque d’amour d’un ou des parents, la maltraitance, la jalousie, les difficultés personnelles des parents eux-mêmes (alcoolisme, problèmes psychologiques, etc..). Le père et la mère peuvent être de bons ou de mauvais parents, mais ce qui est de l’ordre de l’accident, de l’ordre des innombrables drames humains que nous rencontrons, ne peut devenir en soit une norme, une voie d’épanouissement proposée, une justification au relativisme.

Une autre tentative de brèche consiste à appuyer les justifications des revendications sur l’homoparentalité à partir d’études psycho-sociologiques, certaines en faveur de l’homoparentalité, d’autres en défaveur. Au-delà du caractère objectif ou non de ce genre d’études, il convient d’abord d’accepter l’idée de l’extrême difficulté à analyser ces phénomènes, qui demandent un réel recul sur le long terme. Devant ce mur d’ignorance, et au regard de l’enjeu, il est urgent alors d’appliquer dans ce domaine le principe de précaution. On utilise aisément le principe de précaution pour les politiques environnementales, comme sur le gaz de schiste, ou les OGM, il est indispensable d’utiliser ce même principe pour protéger la vie et le devenir des jeunes enfants.

On mesure très vite la difficulté sur cette question de l’homoparentalité, d’avancer des arguments « conséquentialistes ». On ne peut par exemple statuer sur ce choix primordial, en pesant ou comptabilisant le nombre d’études ou d’arguments scientifiques favorables ou défavorables. L’argument sur la vie ne peut donc être un argument scientifique. Il est d’un autre ordre. Il doit être un argument moral dans le sens où il touche à l’être humain, à l’être en devenir, ainsi qu’à l’être fondamental.

Le droit moral absolu de l’être humain d’avoir une parentalité différenciée est un droit, qui devrait être inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ce droit doit prévaloir sur de nombreux faux droits comme celui revendiqué de l’homoparentalité sous toutes ses formes. Plutôt que de se laisser piéger par l’argument fallacieux de l’ « égalité des droits », Il est urgent de faire la distinction entre un droit fondamental et un faux droit. Un faux droit nait du refus de la prise en compte de la réalité et des besoins fondamentaux et universels de l’Homme.

On ne peut forcer quelqu’un à aimer mais on peut reconnaître ce droit fondamental à avoir cette ascendance double et différenciée comme constitutive de nous-mêmes.

J’ai eu un jour la troublante expérience d’assister à une réunion, sur cette question de l’homoparentalité, au sein d’une association de futurs parents gays et lesbiens. Le sujet principal des débats portait sur tous les moyens possibles et imaginables, en France et à l’étranger, pour un couple d’hommes ou de femmes d’avoir un enfant, de l’adoption à la gestation par autrui, chacun s’échangeant méthodes, astuces et bonnes adresses. Si chaque participant présent avait sans nul doute un réel désir d’avoir un enfant, à aucun moment ne s’est posé la question du bien être de l’enfant ou du fondement éthique –pour ne pas parler de morale- de leur démarche. L’incapacité à transcender le débat, à mettre en perspective leur désir propre et légitime avec les conditions fondamentales dont a besoin un futur être humain, a plongé la discussion dans un échange technique froid et déshumanisé. J’ai ressenti lors de cette rencontre ce que pourrait être une société où la technicisation a atteint son paroxysme jusqu’à la création de la vie, réduite à un processus de production dont ressort un objet-vivant, un être résultant de combinaisons complexes et savantes. Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley devient réalité. L’Histoire nous a montré que le pire n’est jamais à exclure.

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