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Et si le stress était un allié pour prendre la parole en public ?
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Grand oral

Tout le monde connaît la sensation de trac avant de se présenter devant un auditoire. Hervé Biju-Duval et Cyril Delhay livrent quelques astuces pour transformer ce handicap en véritable atout. Extraits de « Tous orateurs » (1/2).

Hervé   Biju-Duval et Cyril Delhay

Hervé Biju-Duval et Cyril Delhay

Hervé Biju-Duval est consultant international en management des personnes, des équipes et des organisations. Il entraîne également dirigeants et managers lors de séances de média-training, dans des environnements culturels variés.

Cyril Delhay a créé et développe depuis 10 ans à Sciences-Po un cours sur la prise de parole en public destiné à tous les étudiants à partir d'une méthode originale fondée sur l'engagement physique de l'orateur.

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Le stress, selon les neuro-physiologistes, est ainsi une réaction de l’organisme face à une situation trop pressante et menaçante. Plus grande est l’incertitude de la situation, plus elle sera vécue comme stressante. Par un processus hormonal, le stress déclenche, via le système nerveux central, la mobilisation d’une énergie immédiatement utilisable. Si la dose de stimulation n’est pas trop grande, la réaction s’autorégule et l’équilibre rétabli permet de faire face à de nouvelles situations. Si la stimulation est trop forte, un mécanisme de protection se déclenche, cette protection, la « réaction de survie », pouvant prendre des formes différentes. Cela va de l’acte manqué au coma, en passant par l’inhibition, la dépression, la maladie…

Nous sommes tous en lutte contre le stress. Pourtant, il s’avère nécessaire et même vital. Une vie trop stressante est comme une corde de violon trop tendue, qui risque à tout moment de casser. Tout l’art est de trouver la tension adéquate qui permette à notre instrument, à notre personne, de sonner juste. Les déclencheurs du stress sont multiples : inconnu, bruit, confrontation, création, privation, frustration, sentiments, victoire… Pour Hans Selye, médecin et père de la connaissance du stress, il est une réponse d’adaptation de l’organisme. Tout le monde l’éprouve. Il devient contre-productif lorsqu’il dépasse nos capacités d’absorption. Il nous relie en effet au fond des âges et correspond à une adaptation de l’organisme à une situation de danger.

Notre ancêtre préhistorique pouvait grâce au stress avoir une meilleure chance d’échapper au prédateur. Qu’un fauve soit présent dans les parages, il le sent ou il le voit. De façon instantanée, le sang quitte les parties supérieures du corps et la tête, provoquant une pâleur, pour affluer vers les muscles des jambes et permettre de mieux courir. Un tel comportement d’adaptation, courir plus vite en présence du danger, inscrit dans nos gènes, a moins d’intérêt avant une intervention oratoire. On pourra alors parler du développement d’un stress inutile, voire négatif. Au-delà des changements dans la circulation sanguine, le stress s’accompagne aussi de sécrétions hormonales, notamment d’adrénaline par la glande médullo-surrénale et de gluco-corticoïdes par la cortico-surrénale. Ce sont les apports récents de la science qui ont mis en valeur les réponses neuro-endocriniennes au stress. Celui-ci n’est donc ni bon ni mauvais en soi, il devient dangereux lorsqu’il y en a trop, trop longtemps. Les signes du stress sont soit corporels : mains moites, respiration courte, mal au ventre, palpitations, irritations, tremblements… soit psychologiques : attitude négative envers les autres, repli sur soi, rigidité, entêtement, obsession, conformisme, apathie, passivité, agressivité, optimisme systématique…

« C’est un moment de tension. Je me suis tendu dès le matin parce que je sais que je vais plaider, même après trente-cinq ans deplaidoiries, je n’ai aucune sérénité. J’attends le moment où je vais plaider. Je mobilise du stress, de l’adrénaline. Il s’agit de quitter la tension des premiers mots pour obtenir la maîtrise de son expression. » Jean-Pierre Mignard

« Il m’est arrivé d’être terrorisé, devant une salle de 1 000 personnes. Je suis sorti de ce stress en leur disant : “J’aimerais que vous veniezà ma place, car c’est vraiment très très impressionnant…” Ils ont alors applaudi ! Et j’ai pu commencer ! » François Potier

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Extrait de "Tous orateurs", Eyrolles (18 aout 2011)

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