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Outre-tombe : Jean-Louis Borloo 
va-t-il ressusciter le centre ?
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Nouveau nouveau centre

Jean-Louis Borloo, élu à la tête d'un nouveau groupe à l'Assemblée nationale, s'est revendiqué comme le nouveau patron du centre en France. Le président du Parti radical estime devoir "reprendre le flambeau", après l'échec de François Bayrou aux législatives.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : Sous l’impulsion de Jean-Louis Borloo, les centristes ont formé un groupe à l’Assemblée composé de députés du Parti radical valoisien, du Nouveau Centre et du Modem. Jean-Louis Borloo peut-il sauver le centre ?

Alexis Massart : Si quelqu’un est capable de le sauver aujourd’hui, il me semble que Jean-Louis Borloo est la bonne personne.

Il est fort probable que ce groupe à l’Assemblée soit la première étape de la création d’un parti. Historiquement, un certain nombre de partis politiques sont nés de cette manière. Un rassemblement d’élus à l’échelle du Parlement qui se transforme ensuite en organisation partisane. Jean-Louis Borloo ne s’en cache pas : la visibilité de son groupe parlementaire passera par les élections qui vont venir dans les années qui viennent (municipales, régionales et européennes). Si telle est  la démarche, je ne vois pas comment pourrait être zappée l’élection présidentielle dans 5 ans…

Après son désistement pendant la dernière campagne présidentielle, Jean-Louis Borloo est-il toujours aussi crédible pour incarner le nouveau centre ?

Sa décision de retirer sa candidature a été le fruit de l’analyse de l’état des forces du moment. Une démarche collective avait été lancée, mais un des acteurs, Hervé Morin, avait en grande partie bloqué le processus.

Par ailleurs, nous étions dans la préparation d’une élection présidentielle dans laquelle le président sortant n’était pas encore candidat même si tout le monde connaissait ses intentions. En étant soi-même membre de la majorité, il était difficile de lancer une candidature contre le président sortant.

Pour ces deux éléments, un candidat UMP sortant et les difficultés posées par Hervé Morin,  Jean-Louis Borloo n’a pas voulu rajouter à la cacophonie et n’a pas jugé utile de décrédibiliser les idées du centre. Sans compter le fait qu’à cette époque-là nous n’avions pas d’idées précises (mis à part quelques indications de sondage) sur ce que deviendrait l’hypothèse François Bayrou.

Aujourd’hui l’environnement n’est pas le même, le candidat sortant a été battu, le discours de l’UMP s’est droitisé et François Bayrou après son échec à la présidentielle et aux législatives est plus ou moins sorti du jeu politique.

François Bayrou n’est donc plus capable d’incarner le centre ?

Sa posture devrait s’apparenter à celle d’un sage plutôt qu’à un acteur politique de premier plan. François Bayrou a perdu plus de la moitié de son électorat entre 2007 et 2012. Je crois que c’est tout de même un élément rédhibitoire pour l’avenir.

De plus, le fait d’avoir pris une position en faveur de François Hollande au second tour de la présidentielle, même s’il y avait une vrai cohérence intellectuelle, a été catastrophique en termes de message à son électorat. L’électorat de Bayrou 2012 est un électorat recentré autour de ce qu’était traditionnellement l’électorat de l’UDF.

La formation de l’Union des démocrates indépendants sonne le retour de l’UDF. Jean-Louis Borloo parle même d’une « forme moderne et écologiste » de l'ancien parti de centre droit. Le centre français est-il condamné à pencher d’un côté de l’échiquier politique, à droite ou à gauche ?

Le problème de la position de François Bayrou, même si elle pouvait paraitre intellectuellement séduisante, était que, opérationnellement, dans un environnement politique marqué par une véritable bipolarisation, il est difficile de transformer l’essai.

Il est plus logique, dans notre système politique actuel, qu’il existe une famille de centre gauche et une famille de centre droit. Pour le centre droit, tout l’enjeu est de se rendre suffisamment important pour arriver à contrebalancer la deuxième jambe de l’actuelle opposition qui s’est sérieusement « droitisée » depuis quelques semaines.

La position de Jean-Louis Borloo n’est pas tout à fait la même que celle de François Bayrou. Il n’est pas autonome vis-à-vis de la droite et de la gauche. S’il entend avoir une pratique de l’opposition plus constructive que l’UMP dans sa relation avec la majorité son positionnement n’en reste pas moins de centre droit alors que celui de François Bayrou était purement centriste.

Peut-on s’attendre à des ralliements de députés UMP déçus par une certaine droitisation de la ligne du parti et agacés par la guerre des chefs qui semble se mettre en place ?

Jean-Louis Borloo se situe dans l’évolution d’une famille politique alors que François Bayrou se voulait en rupture. Il a donc plus de chance d’attirer à lui des déçus de l’UMP que n’en avait le président du Modem.

Il est tout à fait envisageable que certains députés franchissent la ligne jaune et se rallient à Jean-Louis Borloo. Si l’UMP confirme son orientation des dernières semaines, il est fort probable  que des députés UMP, historiquement passés par l’UDF ou qui ont une fibre d’avantage humaniste, puissent basculer vers le nouveau groupe centriste.

Je pense notamment à des profils comme le député du Nord Marc-Philippe Daubresse ou Laurent Wauquiez, l’ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Propos recueillis par Jean-Benoît Raynaud

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