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Cécilia, Carla, Valérie : 
la malédiction des premières dames 
de l’ère "moderne"
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EDITORIAL

De Yvonne De Gaulle à Sainte Bernadette en passant par Claude Pompidou et Anne-Aymone Giscard d’Estaing, la première dame du siècle dernier savait « rester à sa place », comme dirait Jean-Marc Ayrault.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Le président « normal » est décidément un homme comme beaucoup d’hommes : séparé de la mère de ses enfants, il vit avec une femme jalouse de l’ « historique », capable de péter un câble quand son mec fait un geste favorable à son « ex ». Eh oui, Hollande vit le même drame que Nicolas Sarkozy avec les deux first ladies de son quinquennat. Valérie Trierweiler veut demeurer une femme « moderne », « indépendante », « libre » malgré les fonctions de son mari, l’Elysée et tout ce qui va avec.

Cécilia était arrivée au sommet de l’Etat, forte d’une conviction qu’elle pouvait revisiter la fonction de first lady. Tout au long de l’ascension de son époux, elle avait joué un rôle actif à ses côtés : DRH qui recrutait les jeunes talents, conseillère tout terrain, relookeuse obsessionnelle. Elle avait même occupé un temps le poste très officiel de chef de cabinet du président de l’UMP – Nicolas Sarkozy à l’époque – une très mauvaise idée qu’elle avait payé très cher. Première dame, elle avait cru, après avoir contribué à la libération des infirmières bulgares en septembre 2007, qu’elle serait amenée à donner son avis sur des dossiers sensibles, pourquoi pas à se transformer régulièrement en émissaire chic et choc en tant que de besoin. Las, elle comprit vite que la Présidence de la République n’est pas une affaire de couple, constat qui précipita son divorce et son départ de l’Elysée.

Et Carla. Pauvre Carla qui s’imaginait poursuivre son « métier de chanteuse ». Après le massacre médiatique de son album si mal nommé, « Comme si de rien n’était », elle s’enferma dans sa jolie maison du XVIe arrondissement pour n’en sortir qu’en de rares occasions, souvent maladroitement, ne comprenant jamais au fond ce que le pouvoir attendait d’elle et comment elle pouvait se rendre utile à son mari. Aujourd’hui, elle rumine sa rancœur contre les journalistes et jure qu’on ne l’y reprendra plus.

Valérie Trierweiler se confronte à son tour à la dureté du job qui n’en est pas un, d’un rôle sans définition, d’une mission sans feuille de route. Elle aussi avait prévenu qu’elle ne serait pas une « potiche ». Elle rejette le titre de « first lady », se targue de connaître la politique et les politiques pour les avoir étudiés et chroniqués en sa qualité de journaliste à Paris-Match. Premier tweet politique de première dame, premier drame. Si elle ne rentre pas très vite dans les clous, le « mandat » de la compagne de François Hollande risque de devenir un calvaire.

Que veut dire rentrer dans les clous ? Remonter le temps, retourner dans ce XXe siècle où les Premières dames étaient des épouses qui avaient soutenu dans l’ombre les appétits de conquête de leur mari. Discrètement, fidèlement, sans autre ambition que de ne pas gêner l’action du président une fois celui-ci élu. Il y eut bien quelques coups de canifs dans le contrat moral de ces femmes exemplaires. Danielle Mitterrand, lors du second septennat de François, se piqua de passion pour quelques causes tiers-mondistes. Bernadette Chirac confia dans un livre les blessures secrètes infligées par son cher Jacques, homme à femmes patenté. Mais de Yvonne De Gaulle à Sainte Bernadette en passant par Claude Pompidou et Anne-Aymone Giscard d’Estaing, la première dame du siècle dernier savait « rester à sa place », comme dirait Jean-Marc Ayrault. Ça n’est peut-être pas une conception très féministe de la fonction mais c’est la fonction.

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