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Plan de sauvetage des banques espagnoles : un accord majeur pour sortir l’Europe de la crise
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Viva Espana

L'accord portant sur une ligne de crédit pouvant aller jusqu'à 100 milliards d’euros afin d’assainir les banques espagnoles coupe la liaison toxique entre les besoins de financements de l’Etat et la situation des banques.

Jésus Castillo

Jésus Castillo

Jésus Castillo est économiste, spécialiste de l'Europe du sud chez Natixis.

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Atlantico : En accordant une ligne de crédit pouvant aller jusqu’à 100 milliards d’euro afin d’assainir les banques espagnoles, les européens ont-ils permis de créer une séparation entre la crise bancaire et la crise de dette souveraine ?

Jésus Castillo : Il s’agit d’un accord majeur puisque l’Etat espagnol était au bout de ses capacités en terme de recapitalisation de ses banques. Les taux auxquels le pays s’endettait ne lui permettait plus d'envisager une recapitalisation d’une telle hauteur tout en maintenant sa crédibilité puisqu’il y avait un cercle vicieux entre l’endettement publique et le besoin de recapitalisation des banques.

Le FESF va donc apporter des ressources au FROB – le fond de restructuration ordonné des banques – qui a été crée en 2009. Ce dernier, ainsi que le gouvernement et la banque centrale, est en charge de les réinjecter dans le système bancaire. Cela pourra prendre plusieurs formes comme la prise de participation dans les banques, des nationalisations ou encore des prêts préférentiels... Le choix des options se fera au cas par cas.

L’apport de capitaux pour les banques, en provenance d’une autre voie que celle de l’endettement public, est donc une très bonne nouvelle même si l’Etat est toujours garant des prêts que recevra le FROB.

Contrairement à la Grèce, caractérisé par un excès d’endettement public, l’Espagne a été caractérisée par un endettement privé (banques, entreprises, ménages) massif ayant créé une bulle immobilière qui, lorsqu’elle a éclatée, s’est répercutée sur les finances publiques. Cet accord coupe donc cette liaison toxique entre les besoins de financements de l’Etat et la situation des banques.

Par ce plan d’aide en faveur des banques, et qui transit via un fond spécialement dédié au sauvetage bancaire, le gouvernement espagnol a pu éviter l’imposition d’un plan d’austérité. En évitant de renouveler le scénario grec, les marchés ont-ils été rassurés ? Les taux obligataires vont-ils se détendre ?

Il faudra surveiller la réaction des marchés afin de déterminer la perception qu’ils ont de cet accord. S’ils considèrent que les difficultés du secteur financier ont été coupées des questions budgétaires, cela serait bon signe d’autant plus que l’Etat a pris un certain nombre de mesures importantes pour tenir ses objectifs en matière de déficit. Mais cet accord peut également être perçu comme une incapacité des pouvoirs publics espagnols à agir et comme une grande fragilité des finances publiques espagnoles...

L’objectif est bien sûr de permettre un apaisement sur les marchés afin d’assouplir les conditions de financement de l’Etat sur sa dette publique. Il faut noter que contrairement aux autres pays aidés jusqu’à présent, l’Espagne a entamé un processus de réforme depuis déjà deux ans, qu'il s'agisse du marché du travail, du régime de retraite, des dépenses publiques, des hausses d’impôts... Une grande partie de ce qui aurait pu être exigé dans le cadre d’un éventuel plan de sauvetage à donc déjà été adopté.

Ainsi, il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’évolution des taux obligataires espagnols tant les incertitudes sont grandes. Entre le 21 juin et le 31 juillet, deux rapports sur l’état du système bancaire espagnol menés par des cabinets indépendants devraient être publiés. Les résultats sont attendus.

Avec la récession, le pays parvient difficilement à maitriser son déficit public. L’Europe n’a t-elle pas juste acheté du temps supplémentaire ?

Nous étions auparavant dans un modèle de croissance basé sur une bulle liée à la construction immobilière et à l’endettement qui a tiré presque tous les secteurs d’activité, biens d’équipement des ménages, biens de consommation, services financiers et immobiliers etc... C’était un modèle clairement tourné vers la demande intérieure.

L’Espagne doit désormais changer de modèle de croissance en se tournant davantage vers l’extérieur. Mais il faudra certainement plus d’une dizaine d’année pour réinventer une économie tout entière. La question cruciale est donc de déterminer la croissance de l’Espagne pour les quinze prochaines années puisque c’est ce facteur qui déterminera sa solvabilité.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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