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Procès Wilders : de la difficulté à critiquer l’islam
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Islam

Au-delà du jugement, le procès de ce député néerlandais pose la question des rapports entre liberté d’expression et islam.

Michèle Tribalat

Michèle Tribalat

Michèle Tribalat est démographe, spécialisée dans le domaine de l'immigration. Elle a notamment écrit Assimilation : la fin du modèle français aux éditions du Toucan (2013). Son dernier ouvrage Immigration, idéologie et souci de la vérité vient d'être publié (éditions de l'Artilleur). Son site : www.micheletribalat.fr

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Geert Wilders, député néerlandais du PVV (Parti de la Liberté) n’aime pas l’islam, c’est un fait. C’est également le cas de Ayan Hirsi Ali, ex-députée néerlandaise et de Wafa Sultan, psychiatre syrienne, toutes deux réfugiées aux Etats-Unis. Elles ont de bonnes raisons pour cela. Comme Wilders, toutes deux mettent en cause l’islam directement, sans s’embarrasser des précautions d’usage en y ajoutant un "isme".

Geert Wilders : farouche opposant à l’islam

Geert Wilders pense que l’islam est une doctrine totalitaire qui s’apparente aux totalitarismes qui ont ravagé l’Europe et qu’il faut lutter contre celui-ci comme on a, ou aurait dû, lutté contre ceux-là. Il dénonce le Coran comme étant l’équivalent de Mein Kampf. Il est vrai que certaines sourates recommandent l’élimination des Juifs jusqu’au dernier. À ce titre, Wilders demande l’interdiction du Coran. Il veut mettre un frein à l’immigration en provenance de pays musulmans pour éviter que l’islam ne gagne de l’emprise sur la société néerlandaise et ne remette en cause la liberté d’expression, l’égalité des hommes et des femmes et la liberté des mœurs qui permet aux homosexuels de vivre en paix aux Pays-Bas.

Tout cela est discutable ou, en tout cas, devrait l’être, sans que la justice s’en mêle. Et pourtant Geert Wilders est poursuivi pour incitation à la haine et discrimination contre les Marocains, les musulmans et les immigrants non-occidentaux, en général. Le procureur a déclaré que Geert Wilders ne pouvait être retenu coupable, ses propos concernant une religion et non des personnes. Le verdict n’a toujours pas été rendu.

Et la liberté d’expression ?

Cela lui a valu la qualification d’islamophobe, que la presse européenne a repris à son compte. Ce n’est pas le moins étrange quand on sait que ce mot est devenu l’arme préférée des musulmans radicaux qui cherchent à réduire la liberté en Europe et aux Etats-Unis pour les rendre charia-compatibles. Et ils sont en bonne voie de réussir. On peut d’ailleurs se demander si l’argument juridique d’incitation à la haine ne reflète pas une internalisation, en Occident, des réactions violentes des défenseurs des normes islamiques à chaque fois qu’ils se sentent offensés. C’est de leur haine à eux dont il serait paradoxalement question. Si cette interprétation devait se confirmer, ce serait un hommage rendu à la violence et un enterrement de la liberté d’expression.

La « jurisprudence Rushdie » a progressé sur les deux continents

Les derniers épisodes en date se sont produits aux États-Unis. Qu’il s’agisse de la censure d’un épisode de South Park, série américaine trash, qui mettait en scène Mahomet, après la mise en ligne d’une menace de mort des deux scénaristes sur internet, de la plongée dans la clandestinité de la graphiste américaine Molly Norris menacée d’une fatwa par Al-Awlaki qui, du fin fond  du Yemen, l’a désignée comme cible privilégiée pour un assassinat, ou encore du refus récent du Washington Post de publier un dessin de Willey Miller intitulé "Where’s Muhammad ?" (Où est Mahomet ?), sur lequel le prophète n’était, comme dans South Park, même pas représenté physiquement. Sans parler du remue-ménage créé dans le gotha mondial de la politique par la menace d’un pasteur américain parfaitement inconnu de brûler des exemplaires du Coran.

La critique de l’islam : un tabou

Comme l’a écrit Ross Douthat, dans le NewYork Times du 25 avril dernier, les seuls tabous qui nous restent sont ceux posés par l’islam. Lorsqu’il s’agit d’islam, "les normes à suivre sont posées sous la menace de la violence et acceptées dans un mélange d’instinct de préservation et d’autodénigrement". Nous pouvons très bien nous scandaliser de l’interdiction faite aux mineurs de visiter l’exposition de Larry Clark à Beaubourg, tout en nous accommodant de la censure ou de l’auto-censure de propos désobligeants à propos de l’islam et en nous réjouissant du procès de Geert Wilders. Pourtant, quel que soit l’avis que l’on porte sur ce dernier, c’est notre liberté d’expression, à nous tous en Europe, qui se joue à travers son procès.

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