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Football : vers la mort subite des tirs au but ?
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Révolution

Sepp Blatter, le président de la fédération internationale de football (FIFA), veut que l'on trouve une alternative à la séance des tirs au but qu'il considère comme une "tragédie" pour le football. Mais peut-on vraiment remplacer cet exercice devenu part entière de l'histoire du football ?

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Sepp Blatter, le président de la FIFA, a demandé à un groupe de réflexion d’essayer de trouver une alternative à la fameuse séance de tirs au but destinée à départager deux équipes encore à égalité après 120 minutes de jeu. Mieux vaut tard que jamais sachant que les tirs aux buts ont été institués en…1970 pour remplacer le fameux « tirage au sort » au cours duquel l’arbitre, en présence des capitaines et entraîneurs, jetait une pièce de monnaie en l’air après avoir décidé que « pile l’équipe A gagnait et face l’équipe B gagnait ».

C’est l’élimination par tirage au sort de l’équipe d’Israël en demi finale du tournoi olympique 1968 et de l’équipe d’URSS en demi finale de l’Euro de la même année qui incita les instances internationales du football à créer la séance des tirs au but, aucune autre solution n’ayant été trouvée.

Le premier match international à se terminer aux tirs au but fût la finale de l’Euro 1976 opposant la RFA (il y avait deux Allemagne à l’époque) à la Tchécoslovaquie (qui ne faisait qu’un seul pays à cette même époque).Uli Hoeness, aujourd’hui dirigeant au Bayern, n’avait pas vu qu’une de ses chaussures était délacée et envoya son tir dans les nuages. Le dernier tireur tchécoslovaque s’appelait Antonin Panenka et sa manière de battre Sepp Maier, considéré comme un des meilleurs gardiens du monde à l’époque, créa un néologisme depuis entré dans le vocabulaire de tous les footeux : « faire une Panenka ». Cette série de tirs aux buts est la seule et unique perdue par la Mannschaft en compétition internationale.

But en or

Les tirs au but se généralisant (les deux demi-finales de la Coupe du Monde 1990 et la finale de la Coupe du Monde 1994 sans oublier une des demi finales de l’Euro 1992), il fût décidé, pour réduire le risque de voir trop de séances de tirs au but, de créer le « But en or » qui qualifiait directement l’équipe marquant en premier lors de la prolongation.

Entré en vigueur à l’Euro 1996 (ce qui n’empêcha pas les deux demi finales de cette compétition de se solder par deux séances de tirs aux buts), il devint pour la première fois réalité en finale avec le second but de Oliver Bierhoff qui vengeait les allemands de l’humiliante Panenka commise vingt ans plus tôt (même si entre temps l’Allemagne ne faisait plus qu’une et que tchèques et slovaques avaient divorcé par consentement mutuel…).

Le but en or fût une merveilleuse idée pour l’équipe de France qui s’imposa trois fois grâce à lui, contre le Paraguay à la Coupe du Monde 1998 (un but en or Blanc comme avait titré « l’équipe » le lendemain, le but ayant été l’œuvre de Laurent Blanc), contre le Portugal sur un penalty de Zidane à l’Euro 2000 et lors de la finale d’anthologie contre l’Italie lors de ce même Euro avec le coup de canon de « Trezegol ».

Trois matches de la Coupe du Monde 2002 se finissant au but en or, il fût décidé que ce final appelé également « mort subite » serait supprimé pour l’Euro 2004 et qu’on en reviendrait à l’ancienne méthode où les prolongations durent quoi qu’il en soit 30 minutes.

Alors quelles alternatives a-t-on ? Revenir à la pièce de monnaie ? Certainement pas. Revenir au but en or ? Pourquoi pas mais cette règle n’empêche pas qu’un match se finisse aux tirs au but si aucune des deux équipes ne marque.

On pourrait éventuellement comptabiliser le nombre de corners ou le nombre de tirs cadrés (auquel cas le Bayern aurait été Champion d’Europe la semaine dernière) ou demander à un panel de juges, comme en patinage artistique ou en boxe, de choisir l’équipe qui a montré le plus beau jeu (la France aurait alors battu l’Allemagne en 1982, la Tchéquie en 1996 et l’Italie en 2006). Ou encore continuer le match jusqu’à ce qu’un équipe marque (mais imagine-t-on un match se finir à 3 heures du matin)…

Bref, il n’y a aucune solution miracle et il y a fort à parier que le groupe de travail de Sepp Blatter au sein duquel siègent Pelé et Beckenbauer ne soit qu’un « comité Théodule » de plus dans lequel des montagnes du football vont accoucher d’une souris…

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