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Vive la société de l'ignorance !
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Web 2.0

Accéder gratuitement à l’ensemble du savoir de l’humanité en seulement quelques clics : c’est aujourd’hui possible ! Une première dans l’Histoire qui n’est pas sans causer craintes et doutes chez ses utilisateurs.

Véronique  Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier ont créé en mars 2007 FreeThinking, laboratoire de recherche consommateur 2.0 de Publicis Groupe.

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"C’est la première fois que je participe à quelque chose de ce genre, alors s’il vous plaît veuillez m’excuser si je parais brusque ou maladroit dans mon expression". C’est par ces mots qu’un blogueur commence son post sur une des dernières plateformes collaboratives que nous avons animées. Quelques mots touchants dans leur humilité et leur naïveté. Mais surtout révélateurs de ce à quoi nous sommes confrontés avec l’émergence du web 2.0, qu’il vaudrait mieux appeler web social ou même web pour tous aujourd’hui. Révélateurs de ce vertige qui nous saisit devant cet océan d’opportunités, mais aussi d’efforts à faire que nous avons souvent le sentiment de découvrir tous les jours – particulièrement pour les digital non-natives, qui ne sont pas nés avec le web mais avec Gutenberg et MacLuhan.

Si vous ne maîtrisez pas Internet…

Deux réactions face à ce vertige : d’abord, quelquefois, le rejet, le refus. Ou le déni teinté d’agressivité. Si quelque chose ne semble pas maîtrisable, alors il faut en nier l’existence, et si son existence n’est pas niable, alors il faut en nier la pertinence même. Internet devient non pas un moyen de connaissance, d’exploration, un gigantesque cabinet de curiosités, mais un lieu virtuel où, comme l’écrivait le 8 janvier dernier le philosophe en vogue MichelOnfraydanslejournalLeMonde, chacun a "la possibilité de dire tout et n’importe quoi, de montrer son indigence sans vergogne pour en informer la planète en temps réel". Difficile d’être plus clair.

… inutile de nier ses possibilités

Et puis il y a l’autre façon d’envisager ce bouleversement. Celle de ceux qui, comme notre humble blogueur, avoue son trouble devant ce nouvel outil qui est aussi un nouvel univers. Sa fascination, son émerveillement empreint de crainte. En 1957, dans un livre fondateur de la philosophie contemporaine, AlexandreKoyré expliquait le vertige qui saisit l’humanité quand, à la Renaissance, il fallut se rendre à l’évidence : nous étions passés Du monde clos à l’univers infini (selon l’intitulé de son ouvrage).

C’est ce sentiment mêlé d’excitation et de déstabilisation qui est à l’œuvre dans cette réflexion – "c’est la première fois que je participe à quelque chose de ce genre…". Avec une dimension supplémentaire, celle du ludisme. Comme si, pour tous ceux qui ne sont pas les élites, qui n’ont rien à vendre, aucune position ni aucune légitimité établie à défendre, Internet était à la fois un univers et un espace de jeu infinis. A explorer, à apprivoiser et à utiliser, beaucoup plus qu’à redouter. Quitte à afficher son ignorance, voire son indigence quelquefois – mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?

Nous sommes tous des illettrés du futur

Le sociologue américain AlvinToffler a déclaré un jour : "L'illettré du futur ne sera pas celui qui ne sait pas lire. Ce sera celui qui ne sait pas comment apprendre". On pourrait ajouter : ce sera d’abord celui qui n’osera pas réapprendre, à lire, à écrire, à réfléchir. Non pas une bonne fois pour toutes, mais tous les jours, parce que c’est tous les jours que le web s’invente. Et pas sûr que ceux qui ont déjà tout appris soient les mieux placés pour le faire.

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