Concours Lépine ou inventeur de l’année sur M6 : qui sont ces Géo Trouvetou qui changent notre quotidien ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Ce lundi, M6 prend le relais avec le premier épisode de l'émission "L'inventeur 2012", une compétition dont le vainqueur verra son invention commercialisée.
Ce lundi, M6 prend le relais avec le premier épisode de l'émission "L'inventeur 2012", une compétition dont le vainqueur verra son invention commercialisée.
©©Pierre Olivier/M6

Eureka !

Le concours Lépine, qui réunit les inventeurs de 14 pays, a fermé il y a quelques jours les portes de sa 111e édition. Ce lundi, M6 prend le relais avec le premier épisode de l'émission "L'inventeur 2012", une compétition dont le vainqueur verra son invention commercialisée. Entre les inventions farfelues ou irréalisables se cache peut-elle l'objet qui révolutionnera notre quotidien.

Julie Baraké

Julie Baraké

Julie Baraké est chargée de mission évènementiel et partenariat à Transtech Aquitaine. Elle est chargée de trouver des partenaires pour faire des liens entre les inventeurs et les entreprises ou la grande distribution pour le développement et la commercialisation de produits innovants.

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Atlantico : Les Français semblent se passionner pour les inventeurs. A quelques jours d'intervalle, ils ont pu parcourir les allées de la Foire de Paris, qui se tient en parallèle du concours Lépine et regarder M6 commencer sa quête de "L’inventeur 2012". Peut-on dire que la France est un pays d’inventeurs ?

Julie Baraké : Oui, ce secteur est très dynamique. En 2009, un cinquième des brevets en France ont été déposés par des personnes physiques, c'est-à-dire des porteurs de projets seuls. Le reste, c’est des entreprises. La vingtaine d’associations françaises d’inventeurs affilées dans la Fnafi accompagnent exclusivement ces personnes seules. C’est en effet toujours le parcours du combattant pour développer un produit innovant. C’est donc mieux pour eux d’être accompagnées par une association.

Quel est le profil de l’inventeur typique ? Est-ce une personne pour qui l’invention est un passe-temps, qui passe d’une invention à l’autre, ou bien se concentre-t-il sur une invention en particulier ?

On a plusieurs types d’inventeurs, avec deux grosses catégories qui se distinguent : les personnes qui sont dans leur quotidien confrontées à un problème et essayent de trouver une solution, et les « inventeurs de métier », type artisan ou professionnel, qui dans leur activité de tous les jours cherchent des solutions pour améliorer leur travail.

Dans le premier cas, par exemple, nous avons suivi une personne qui a inventé un traitement automatique des eaux de piscine, car il voulait traiter la sienne sans avoir les inconvénients du chlore : yeux qui piquent, odeur et goût désagréable… Il a donc inventé un système qui permet de choquer l’eau et la traiter avec quatre fois moins de chlore que ce qui est normalement pratiqué. Le chlore l’embêtait, il a donc trouvé une solution pour améliorer le confort des usagers.

Pour les « inventeurs de métiers », on a l’exemple récent d’un monsieur qui a inventé un système de protection des coffres de voiture, qui prend un peu la forme d’une tente qui se déplie dans le coffre et permet par exemple de le remplir de déchets végétaux sans le salir ou abîmer les moquettes.

Y-a-t-il beaucoup d'inventeurs farfelus, à la Gaston Lagaffe ?

Cela existe vraiment, mais c’est une mauvaise image de l’inventeur, car ils sont loin d'être majoritaires. Depuis des années, les entrepreneurs indépendants trainent cette image, alors qu’on a de très beaux projets et des gens qui tiennent la route et arrivent pour l’essentiel à porter leur projet correctement.

Des Géo Trouvetou qui vont chercher une idée et la développer même si elle n’est pas viable, il y en a, et il y en aura toujours. Mais notre rôle auprès des inventeurs est justement de les accompagner et de leur faire passer des étapes de validation pour que leur idée devienne un projet innovant. Quand ce n’est pas le cas car le projet n’est pas viable, on leur conseille d’arrêter. On est là pour les accompagner vers du développement économique, soit leur conseiller de ne pas dépenser du temps, de l'argent et de l’énergie pour des projets non viables.

Comment un inventeur doit-il faire pour espérer voir son invention commercialisée ?

Quand un porteur de projet nous appelle, on fait d’abord un état des lieux sur le projet – en quoi il consiste, qu’est-ce qu’il améliore, a-t-il déjà été développé ailleurs – et aussi sur son porteur, car il y a un facteur humain important. Il faut comprendre le parcours de l'inventeur, ses attentes, ce qu’il est capable et incapable de faire. On fait ensuite nos premières préconisations et fait passer les étapes de validation techniques, juridiques et commerciales au projet.

Si le projet est validé, il y a trois schémas qui se décident : une recherche de brevet pour un transfert d’innovation (cession de brevet ou concession de licence), soit une exploitation en entreprise si elle existe déjà, soit une création d’entreprise.

Quels sont les principaux axes sur lesquels travaillent aujourd'hui les inventeurs ?

Le développement durable est un sujet d’actualité et il y a pas mal de projets qui tendent vers cela, c’est normal. Mais il n’y a pas que cela : les inventeurs sont souvent des personnes qui inventent car elles sont confrontées à un problème en particulier. Elles ne cherchent donc pas à aller vers un axe précis, mais à répondre à un besoin à elle, car elles n’ont pas trouvé les réponses dans des produits déjà sur le marché.

Le stylo à bille, le presse-purée ou les lentilles de contact ont été inventés par des particuliers. Sont-ils aussi important que les entreprises dans la société en termes d’inventivité ?

C’est une part d’inventivité qui est trop négligée en France, mais qui n’est pas négligeable. Tous les projets méritent que l’on passe le temps nécessaire dessus. Les inventeurs ont donc tout intérêt à bien s’orienter pour développer leur projet dans les bonnes conditions. La base de tout projet est de savoir s’entourer des bonnes personnes, car un porteur de projet peut avoir une idée, mais développer un produit innovant demande des compétences transversales dans beaucoup de secteurs d’activités et rares sont les personnes qui arrivent à tout faire toutes seules.

Si les inventeurs arrivent à bien s’entourer et à être bien suivies, alors oui, les inventions issues de personnes physiques ne sont pas négligeables. On a plein d’exemples de personnes qui ont vécu toute leur vie de leurs inventions. Un brevet est valable 10 ans, et après il tombe dans le domaine public… Les inventeurs doivent donc trouver autre chose pour continuer à vivre, mais ça dépend aussi de l’argent qu’ils se sont fait pendant ces dix ans ! Nous avons à Transtech l’inventeur du gazon à dérouler : il en a vécu pendant quelques années et continue à vivre de ses nouvelles inventions.

J’espère que c’est le message qui ressortira de l’émission de M6, car on voit souvent la mauvaise image de l’inventeur, et plus rarement les bons messages. D’ailleurs, il y a eu un bon reportage de M6 sur le sujet il y a quelques jours à l’occasion du concours Lépine. Il a été fait sans cet a priori habituel sur les inventeurs et montre leur quotidien.

Propos recueillis par Morgan Bourven

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