« Etre une femme libérée, c’est pas si facile »<!-- --> | Atlantico.fr
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Catherine Grangeard - Il n'y a pas d'âge pour jouir
Catherine Grangeard - Il n'y a pas d'âge pour jouir
©Pixabay

Bonnes feuilles

Catherine Grangeard publie "Il n'y a pas d'âge pour jouir, La retraite sexuelle n’aura pas lieu !" (Larousse). Quand un écrivain à succès qualifie publiquement d’« invisibles sexuellement » les femmes de plus de 50 ans, il prétend dire tout haut ce que les hommes pensent tout bas. A-t-on le droit d’assigner 14 millions de femmes à la retraite sexuelle ? Extrait 2/2.

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard est psychanalyste. Elle est l'auteur du livre Comprendre l'obésité chez Albin Michel, et de Obésité, le poids des mots, les maux du poids chez Calmann-Lévy.

Elle est membre du Think Tank ObésitéS, premier groupe de réflexion français sur la question du surpoids. 

Co-auteur du livre "La femme qui voit de l'autre côté du miroir" chez Eyrolles. 

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« Faut faire un effort… », dit encore la chanson. Pourquoi ce succès de Cookie Dingler est-il devenu si populaire ? Parce que ça résonne. Il y est question de premières rides, du miroir, de fragilité et de l’âge… Les hommes sont invités à ne pas la laisser tomber, cette femme. Danser si longtemps sur ce titre, le fredonner, toutes générations confondues, ça donne un espoir… S’il reste si écouté, même dans les fêtes de mariage, c’est que les gens savent qu’il n’est pas si facile d’être libérés des stéréotypes et autres diktats. Tous, nous cherchons les leviers de changement pour faire basculer encore et encore de nouveaux préjugés car rien n’est jamais définitif. De nombreux impensés restent à défricher et à déchiffrer. La culture, savante ou populaire, formate les consciences. Elle les ouvre aussi. Coco a plagié « Être une femme libérée » car la fragilité n’est pas réservée aux femmes. Mieux vaut le rappeler.

Il est à noter qu’on rencontre ici beaucoup de femmes qui assument. Celles qui vont toujours bien sourient et offrent la réponse inébranlable « ça va très bien, merci ! » aux questions, elles ne s’écroulent que rarement, et encore, devant quelques intimes triés sur le volet. Certes, dans ce livre, plus de superwomen évoluent que dans mon cabinet, que dans la vraie vie. J’y ai introduit des rencontres de papier et d’autres en chair et en os. Si l’invisibilité était à ce point consciente, nous ne pourrions entendre certaines paroles dévastatrices sans provoquer des tollés. Ce sont toujours quelques personnes éclairées qui ouvrent la voie dans une société. 10 % suffiraient ! Le choix des personnages et des angles de vue est assumé en fonction de cet objectif. Nous ne prétendons pas présenter une représentativité statistique, ce n’est pas un ouvrage de sociologie. C’est l’avantage d’un livre d’auteure.

Cette parenthèse refermée, venons-en aux façons dont les médias traitent la sexualité des femmes de plus de 50  ans. La revue de presse mène aux pages sexo des magazines féminins et aux sujets santé des journaux grand public. Depuis quelque temps, les chroniques sexe sont moins cantonnées aux pages sexo des magazines féminins et plus nombreuses. Ainsi M le magazine du Monde de Noël 2019 présentait un dossier sur la sexualité. Malheureusement, rien n’y figurait sur les femmes de plus de 50 ans. Que Le Monde présente en cadeau de Noël un dossier sur le sexe, c’est afficher la recevabilité du thème. C’est tout un symbole. Ou plutôt deux symboles en un, s’intéresser au sexe est bien vu désormais, mais pas encore si les femmes cessent d’être jeunes.

Pourquoi un tel silence sur la vie sexuelle des femmes après 50  ans ? Les femmes réclament-elles ce silence ? Non. Le supporteront-elles encore longtemps ? L’avenir le dira.

Voyons ce qu’en disent quelques « rubricardes de cul » comme les qualifie ledit article du magazine du Monde. Une coïncidence (?) amusante, ce magazine est daté du 21 décembre, la journée mondiale de l’orgasme… date de la nuit la plus longue dans notre hémisphère Nord.

Les ventes de la presse féminine profiteraient sans doute d’aborder le sujet. La demande est-elle inexistante alors que l’INSEE nous informe que 40 % des femmes ont plus de 50  ans ? Laissez-moi en douter. Les préjugés seraient peut-être encore du côté des décideurs.

Silence et invisibilité sont les deux mamelles d’une pauvre misogynie-peine à jouir.

A lire aussi : Comment le poids de nos sociétés modernes et de la pression culturelle perturbent le désir et la quête du plaisir

Extrait du livre de Catherine Grangeard, "Il n'y a pas d'âge pour jouir, La retraite sexuelle n’aura pas lieu !", aux éditions Larousse.

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