Scandale d’Etat : si le gouvernement avait commencé par accepter la vaccination des volontaires, on aurait atteint l’immunité collective<!-- --> | Atlantico.fr
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coronavirus covid-19 vaccin vaccination immunité collective
coronavirus covid-19 vaccin vaccination immunité collective
©JEFF PACHOUD / AFP

Atlantico Business

C’est pire que Kafka. Le gouvernement ou l’administration ont réussi à mettre en œuvre une stratégie de vaccination qui ne permet pas à tous ceux qui veulent absolument se protéger de le faire. Les raisons avancées sont affligeantes.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Il faudra évidemment trouver les responsables et les sanctionner. La vaccination contre le Covid 19 de tous ceux qui le souhaitent vivement parce qu‘ils considèrent que c’est le seul espoir de retrouver une vie normale, ne pourront pas le faire parce que le gouvernement a mis une stratégie qui va dans le mur.

L’administration centrale de la santé a vendu au gouvernement une stratégie de la pénurie. On a mis au point un agenda de tortue, en ciblant des personnes sensibles et à risque, à commencer par des personnels des Ehpad... Sans se préoccuper de travailler le plus vite possible à l’implantation d’une immunité collective.

On a pris tous les prétextes possibles et imaginables pour fermer la porte à une campagne de vaccination de masse. On a mis en exergue que 60 % des Français étaient contre, sur la base de vagues sondages. On a laissé penser qu‘un vaccin mis au point aussi rapidement était forcement mauvais, on a raconté qu‘il pouvait avoir des effets secondaires graves, on a même laissé entendre que le vaccin n’allait pas empêcher la circulation du virus… Et on a bien dit qu‘il fallait mobiliser tous les personnels de santé, y compris les médecins de ville et les pharmaciens... Bravo. Et pour couronner le tout et bien confirmer que la vaccination pouvait être risquée, aucun responsable politique n’a demandé à être vacciné lui-même, ce qui aurait eu au moins un effet pédagogique.

Tous ces arguments sont ridicules ou alors la plupart des dirigeants des autres pays occidentaux sont tombés sur la tête. Les Allemands, les Israéliens, les Portugais, les Espagnols; les Italiens etc… ont entrepris des vaccinations de masse et pour l’instant les millions d’humains vaccinés ne sont pas tombés comme des mouches.

La vérité qui explique l’erreur française est hélas beaucoup plus simple.

D’abord, on s’est aperçu que la logistique n’était pas prête (pas de transport, pas de frigo) et elle ne pouvait pas être prête puisqu’on avait choisi une vaccination de proximité alors que ça se révèle techniquement impossible avec le vaccin Pfizer, puisqu’il a besoin d‘être conservé dans des super congélateurs dont on ne pouvait pas équiper la France entière. On a donc mis des entraves bureaucratiques invraisemblables pour justifier cette carence.

Ensuite, et c’est la deuxième raison, on s’est aperçu qu’on n’avait pas le nombre de vaccins suffisant et qu’on ne l’aurait pas avant des mois. On n’a pas commandé parce qu’on n’y croyait pas.

Mais l’erreur de base a été politique. On a pensé que les Français ne voulaient pas se faire vacciner, qu’il était donc plus simple de les confiner. Or, c’est une erreur monumentale parce que si on commencait par organiser la vaccination de tous ceux qui le souhaitent et indépendamment de tout critère, on aurait approché de l’immunité collective.

C’est très simple : si 60% des Français ne veulent pas être vaccinés, ( ce qui reste à prouver) il faut donc vacciner les 40 % restants. Et si vous ajoutez à ces 40% de volontaires les presque 20% qui possèdent des défenses immunitaires parce qu’ils ont été touchés par le virus, vous arrivez aisément à plus d’1 Français sur 2. Sans rendre la vaccination obligatoire, on n’échappera pas à instaurer des obligations à être vaccinés. Une sorte de passeport ou de carnet de vaccination.

La vaccination va être comme le permis de conduire. Le permis de conduire n’est pas obligatoire, sauf pour conduire. La vaccination sera incontournable dans beaucoup d’entreprises et d’activités. En l’état actuel de la situation, il n’y a pas d’autres solutions que d’atteindre cette immunité collective, c’est à dire un taux de 70% minimum de la population protégée. Dans ce cas-là, la circulation du virus est bloquée. Et nous pourrions revenir à la vie normale.

Ça ne doit quand même pas être très difficile, dans ce pays qui est encore la 5e puissance économique du monde, de mettre en place les moyens nécessaires. Et si l’Etat et sa bureaucratie sont incapables de le faire, il va falloir laisser faire ceux qui savent agir. Et ceux qui savent agir, ce sont les entreprises et les collectivités locales, les maires notamment.

Les entreprises ont déjà sauvé ce pays en lui procurant des masques quand on s’est aperçu que les stocks étaient vides.

Les entreprises ont déjà débloqué la question du dépistage de masse quand on s’est aperçu que les agences de l’Etat étaient débordées. Et les entreprises ont trouvé les tests, les mairies ont ouvert leur locaux et les pharmaciens ont monté des barnums.

Pour le traçage, l’Etat s’est planté. Pour l’isolement, l’Etat a repoussé les offres des groupes hôteliers qui le proposaient.

Pour les vaccins, les entreprises sont prêtes à organiser la campagne pour protéger leurs salariés. Mais l’Etat, toujours lui, refuse.

Plus tard, tous les espaces publics et tous les restaurateurs, les salles de spectacle et de sport demanderont, eux, un passeport vaccin, comme les compagnies aériennes et la majorité des pays au passage de leurs frontières.

Plus tard, on finira par se mettre au diapason. Plus tard, en espérant qu’il ne soit pas trop tard.

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