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La 5G se déploie mais beaucoup d’édiles locaux la refusent au prix de l’isolement qu’ils reprocheront ensuite à l’Etat
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Mauvais arguments

Alors qu‘une vingtaine de métropoles et de grandes villes vont pouvoir disposer dès cette semaine de la 5G, beaucoup de territoires en seront privés. Pas de la faute de l’Etat ou des opérateurs, mais de la faute des Verts et de la gauche.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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L’opérateur historique Orange a annoncé cette semaine que son réseau 5G serait opérationnel dès le 3 décembre prochain dans 15 villes de France dont Nice, Marseille, Le Mans, Angers, Clermont-Ferrand.... Fin décembre, plus de 160 communes seront desservies par la 5G.

SFR et Bouygues Télécom, qui ont déjà mis en service leur 5G dans la région de Nice, ont également prévu d’être au rendez-vous dès cette semaine dans la plupart des villes qui ont été les premières à donner un avis favorable. Free a promis de lancer ses premières offres avant la fin de l’année.

Le problème, c’est que beaucoup d’autres villes sont en retard. A Paris, tout est prêt techniquement. Orange, SFR et Bouygues ont annoncé que 90 % de la population parisienne était déjà couverte par les réseaux 5G... Mais c’est la mairie de Paris, Mme Hidalgo, qui a bloqué le démarrage en attendant l’organisation d’une conférence citoyenne. C’est la municipalité qui a voté ce blocage pour que les habitants puissent se prononcer. Il n’est donc pas sûr que les Parisiens puissent l’utiliser à Noël. A Lille, Martine Aubry, la maire, a décrété un moratoire avant d’autoriser le branchement 5G alors que tout est prêt. Idem à Bordeaux, à Grenoble et dans beaucoup de petites villes moyennes.

Au rythme où vont les débats et discussions locales, une grande partie des territoires français ne seront pas équipés, ou alors s’ils le sont, les populations ne pourront pas les utiliser parce que les autorités locales, maires et conseillers municipaux refusent en attendant... Mais quoi au juste ? Personne ne le sait.

Sur le plan économique, il ne peut pas y avoir débat. L’unanimité des études prospectives montre que la 5G offre une capacité de transport des données digitales qui seront indispensables au développement des entreprises, mais surtout de certaines industries. Les bandes passantes offrent une rapidité telle qu’elles permettent la transmission des données vidéo sans le moindre bug, et surtout le développement de la connectique. La géolocalisation au centimètre près, le pilotage des voitures, des avions, des bateaux, et surtout des usines et des logistiques. Ne parlons pas des avancées spectaculaires que la 5G peut faire en matière de chirurgie.

La plupart des pays occidentaux se sont déjà mis à la 5G depuis près d’un an, la Grande Bretagne et l’Allemagne sont très en avance.

Il est évident que la 5G va être indispensable au développement de l’économie digitale. Les villes ou les territoires qui n’auront pas la possibilité de se brancher sur la 5G seront très rapidement déclassées à la fois par les investisseurs et par les résidents. La 5G va être à la vie moderne ce que l‘électricité a été au 19e siècle ou les autoroutes et le TGV lors des Trente glorieuses. Les moyens incontournables pour désenclaver des territoires.
Idem aujourd hui avec la 5G, la crise du Covid en invitant au télétravail, a précipité évidemment la nécessité d’accélérer cette mutation.

Maintenant que tout est prêt, on s’aperçoit qu'une partie des Français s‘opposent à cette révolution. Plus grave, ils la refusent non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres. Et tous les arguments sont bons.

Les opposants à la 5G prétendent que des études scientifiques prouveraient que la multiplication des fréquences utilisées pour la 5G auraient des effets nocifs sur le cerveau et favoriserait l’émergence de cancers. Exactement comme au siècle dernier, on racontait dans les campagnes que le passage des lignes électriques à travers les champs allait rendre les vaches laitières stériles. Aucune étude sérieuse n’a permis d’établir ce genre de risques, mais peu importe, elles fleurissent sur les réseaux sociaux.

D’autres opposants soulignent que nous sommes obligés pour faire fonctionner la 5G, d’utiliser la technologie Huawei mise au point par les Chinois, parce qu’elle était disponible un an et demi avant les autres équipementiers Ericsson ou Nokia... Une avance qui permet aux Chinois d’avoir accès à toutes les données informatiques qui transiteraient via les réseaux 5G... Du coup, l’imagination se libère et délire au point de fabriquer des scénarios catastrophes dans la mesure où les Chinois pourraient ainsi prendre le pouvoir sur l’Occident. La 5G utilisée par des pouvoirs malintentionnés pourraient permettre la reconnaissance faciale très rapidement et surtout la traçabilité des êtres humains, d’où leur asservissement possible.

Tout cela est évidemment faux, sauf au cinéma.

Les arguments les plus forts sont d’ordre idéologique. La 5G étant la dernière innovation d’ordre économique, la 5G va être un des outils de la croissance et la croissance, beaucoup n’en veulent pas. Parce que la croissance c’est plus de production, plus de consommation et qu’une partie de la population prône la décroissance, une vie plus frugale, économe en énergie, seul moyen de protéger la planète.

Les opposants à la 5G sont à peu les mêmes que ceux qui s’opposent aux vaccins ou à la tracabilité et l‘isolement des malades du Covid. Ceux qui prônent le tout bio dans l’alimentation, la limitation des voyages en avion et l’écologie plus punitive que constructive et innovante.

Dans le camp des opposants à la 5G, on retrouve une majorité d’élus dans les conseils municipaux sous l’étiquette plus ou moins apparente des Verts ou de la gauche extrême (la France insoumise), ou même de l’extrême droite populiste et sensible aux thèses populistes, sans parler des Gilets jaunes dont la grogne et la colère ont souvent été utilisées pour porter toutes ces idées conservatrices et opposantes au progrès technique.

Ce qui est paradoxal d’ailleurs, c’est que les mêmes élus à Lyon, à Grenoble ou à Bordeaux, pour ne citer que les Verts élus dans les grandes villes, sont ceux qui refusent la 5G, mais qui réclament à l'Etat des aides toujours plus massives pour lutter contre le Covid d’un côté et le chômage de l'autre. Et qui en prime applaudissent le télétravail.

La 5G a permis de révéler le conservatisme et l’incohérence, d’une partie des Français qui reprocheront au gouvernement de ne pas avoir fait ce qu’il aurait fallu faire pour désenclaver les territoires et les affranchir de la tutelle parisienne.

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