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Haro sur le nucléaire et l'hydraulique: l’Europe frappée d’imbécillité énergétique ?
©KENZO TRIBOUILLARD / POOL / AFP

Coeur de l'atome

Une proposition de la Commission européenne sur la taxonomie de la finance durable (qui a fuité) vise à distinguer l'hydroélectricité et le nucléaire des autres énergies “propres” comme l’éolien ou le solaire.

Alexis Quentin

Alexis Quentin

Alexis Quentin est docteur en physique et ingénieur dans l'industrie nucléaire. Membre de l'association les voix du nucléaire.

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Atlantico : Une proposition de la Commission européenne sur la taxonomie de la finance durable (qui a fuité) vise à distinguer l'hydroélectricité et le nucléaire des autres énergies “propres” comme l’éolien ou le solaire. Cette décision reviendrait-elle à considérer l'hydroélectricité et le nucléaire comme non durables ? Pourquoi ce choix de la Commission ?

Alexis Quentin : La Commission Européenne doit publier bientôt la taxonomie verte, qui va définir pour tous les secteurs économiques ceux qui seront considérés comme durables. Une des conséquences de cette classification serait l'accès à certains fonds, y compris publics, pour les seules activités "durables". Concernant le nucléaire, des infos étaient déjà sorties précisant qu'il n'en ferait pas partie . Pour l'hydraulique, c'est un peu une surprise. 

Sans plus d'informations sur les raisons de ce classement, on ne peut rien dire qui ne soit spéculation, mais certains lobbyistes ont été visiblement plus efficaces que d'autres.

Atlantico : Si une telle mesure était appliquée, quelles seraient les conséquences d’un tel choix sur notre mix énergétique ? Et sur les économies européennes ?

Alexis Quentin : Sur notre mix énergétique, au final elle en aurait assez peu, car il est déjà fortement décarboné grâce au nucléaire et à l'hydraulique. Par contre, ça veut dire que pour renouveler notre parc nucléaire ou construire de nouveaux barrages ou de nouvelles STEP (installation hydraulique qui permet de stocker l'énergie), on ne pourrait pas avoir accès à certains financements, ce qui risque d'augmenter les coûts. 

Pour les pays fortement émetteurs de CO2 il y aurait des conséquences plus rapidement visibles. Pour décarboner leur électricité, ils seront mécaniquement poussés à se tourner vers des systèmes classées comme durables. De ce qu'on sait à date, ce serait vers de l'éolien et du photovoltaïque. Seulement, il faudra gérer l'intermittences de ces moyens de production, et aujourd'hui ça se fait avec des centrales à gaz, qui ne sont ce qu'il y a de plus climat friendly.

Atlantico : Est-on actuellement en mesure d’avoir un mix énergétique qui ne considère pas l’hydroélectrique, le nucléaire ou l’hydrogène comme durable ? Est-ce viable ?

Alexis Quentin : On pourra toujours avoir un mix énergétique ou un mix électrique sans hydraulique ou nucléaire. Il sera juste bien plus carboné. Il n'y a qu'à voir les empreintes carbones des électricités de pays comme la France ou la Suède, qui ont des parcs nucléaires et hydrauliques conséquents, avec celles de l'Allemagne ou de la Pologne. 

La seule question que l'on devait se poser c'est : souhaite-t-on lutter contre les émissions de CO2 et la crise climatique ou pas? Si oui, alors il faut mettre toutes nos forces dans les moyens de production décarbonés, nucléaire et hydraulique inclus. Sinon on n'y arrivera pas.

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