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Covid-19 : faire payer la Chine au plus vite avant qu’il ne soit trop tard
©NOEL CELIS / AFP

Responsabilités

Il est urgent de mettre en lumière la possibilité d’exiger de la Chine des compensations massives pour les conséquences désastreuses humaines et financières qu’elle a provoqué du fait de ses mensonges répétés sur la dangerosité du virus et sa haute contagiosité au début de l'épidémie.

Sébastien  Boussois

Sébastien Boussois

Sébastien Boussois est Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l'OMAN (UQAM Montréal) et consultant de SAVE BELGIUM (Society Against Violent Extremism). Il est l'auteur de Pays du Golfe les dessous d’une crise mondiale (Armand Colin, 2019), de Sauver la mer Morte, un enjeu pour la paix au Proche-Orient ? (Armand Colin) et Daech, la suite (éditions de l'Aube).

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Alors que depuis presque un an, nous essuyons les plâtres dans la maison monde d’une pandémie partie de Chine, peu d’actions juridiques concertées et conséquentes ont été encore entreprises à l’échelle planétaire afin de demander des comptes à Pékin.

Notre réflexion vise à questionner à la fois la responsabilité pénale de l’Empire du milieu dans le déclenchement et la propagation de la pandémie mais également à confirmer la violation manifeste par Pékin du règlement juridiquement contraignant de l’OMS par ses mensonges répétés sur la dangerosité du virus et sa haute contagiosité. Il est donc urgent de mettre en lumière la possibilité d’exiger d’elle des compensations massives pour les conséquences désastreuses humaines et financières qu’elle a provoqué. Pour James Kraska, dans « War on the Rocks », il est clair que la Chine a violé le droit international sur les maladies infectieuses et que par conséquent elle avait l’obligation de réparer « intégralement » le préjudice causé1. Rien que ça.

Problème : jusqu’à aujourd’hui, la jurisprudence ne regorge pas d’exemples où des États se seraient engagés dans la condamnation de pays pour la diffusion de tels agents pathogènes. Et à ce jour, aucun traité international, pas même le plus important en la matière, le Règlement Sanitaire International de 2005 (RSI) n’évoque d’indemnisations possibles. Il y a fort à parier, espérons-le, que de telles initiatives se développeront au moment où nous serons radicalement et définitivement sortis de la pandémie mais il ne faut absolument pas traîner. Car en attendant, la Chine cherchera à son habitude à se présenter en sauveur de l’humanité, après l’avoir fait pour les masques, et en le faisant cette fois-ci pour le fameux vaccin contre la Covid-19. Il faut donc réfléchir et agir urgemment, alors que l’Europe est ravagée par la seconde vague, et que la pandémie joue déjà en faveur de Pékin dans sa course effrénée vers la place de première puissance mondiale. L’histoire le dira mais l’année 2020 pourrait bien être ce point de bascule dans la redéfinition des relations internationales.

En effet, pendant que l’Europe est déjà elle au déblocage de plus de 6 milliards de dollars de plans de soutiens divers économiques et sociaux, nous savons déjà que le coût réel de tout ce que nous vivons depuis près d’un an est dorénavant bien plus grand. Car il faut non seulement ajouter aux dommages humains irréversibles, le coût des intérêts de centaines de milliards d’emprunts pour sauver le vieux continent. Avec l’arrivée du mois de novembre, nous serons bientôt au paroxysme de la saturation des hôpitaux, alors que nous n’avons même pas encore épongé le coût de la première vague. De plus, il faut pouvoir déjà anticiper l’accumulation des catastrophes économiques et le coup de massue des restrictions et menaces sur les fêtes de fin d’année à venir pour l’ensemble des pays occidentaux. Quid donc pendant que la Chine, au-delà de la propagande, avance inlassablement ses pions sur l’échiquier mondial ? C’est donc bien le moment pour interroger la Chine sur des réparations colossales pendant qu’elle profite largement de notre affaiblissement du moment pour renforcer son hégémonie2.

Si Joe Biden est élu, le premier chantier à venir devra être celui de mettre en place une coalition américaine d’urgence avec le Canada, l’Union européenne, l’Australie et le Japon, pour demander juridiquement des comptes à Pékin. A tout le moins, Bruxelles devrait déjà le faire en solo et commencer à étudier au plus vite les mécanismes d’indemnisation possibles. C’est peut-être hélas maintenant la dernière opportunité stratégique d’amener Pékin à se comporter enfin correctement, sous forte pression de la communauté internationale, avant que sa domination revancharde ne devienne inéluctable. Nous risquons gros si nous ne le faisons pas maintenant car la politique officielle chinoise sous Xi c’est non seulement la quête de leadership technologique, mais c’est surtout désormais l’exportation de son modèle illibéral dans le monde entier qui pourrait alors se présenter comme une alternative idéale à notre modèle de démocratie libéral actuellement en péril3. Qui en Europe pourrait en rêver ?

Et l’UE qui est parvenue à mettre sur la table 3000 milliards d’euros au total pour ses plans de relance, a aggravé lourdement ses déficits et une dette colossale qu’il faudra rembourser. 

Comment subir cela sans demander à la Chine de rendre des comptes, sans faire en sorte, y compris par des saisies d’actifs, qu’elle contribue financièrement à réparer les dégâts qu’elle a causés en ayant menti au monde et retardé la réaction sanitaire globale qui aurait pu nous épargner cette pandémie dévastatrice ?

1 https://warontherocks.com/2020/03/china-is-legally-responsible-for-covid-19-damage-and-claims-could-be-in-the-trillions/

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