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La consommation de tabac repart à la hausse en France avec les confinements
©SAUL LOEB / AFP

Mauvaise nouvelle

La crise sanitaire entraîne une hausse de consommation chez les fumeurs qui ne pouvaient pas ou peu fumer lorsqu’ils étaient au travail, mais peuvent le faire plus facilement lorsqu’ils sont en télétravail et plus ou moins désœuvrés.

Gérard  Audureau

Gérard Audureau

Gérard Audureau est président de l'association DNF (les Droits des non-fumeurs) depuis 2002

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Atlantico : Le reconfinement se traduit par une hausse de la consommation de tabac. De quelle ampleur est-elle ? Quelles sont les explications à cette hausse ?

Gérard Audureau : Santé publique France a fait une enquête à ce sujet : 27 % des fumeurs interrogés déclarent que leur consommation de tabac a augmenté depuis le confinement, 55 % qu'elle est stable et 19 % qu'elle a diminué. Il faut donc relativiser cette hausse du quart des fumeurs car un cinquième d’entre eux a diminué et la grande majorité n’a rien changé à ses habitudes. Il y a cependant bien une hausse de consommation chez les fumeurs qui ne pouvaient pas ou peu fumer lorsqu’ils étaient au travail mais peuvent le faire sans obstacle lorsqu’ils sont en télétravail et plus ou moins désœuvrés.

Il existe également une augmentation virtuelle de la consommation globale de tabac en France pendant les périodes de confinement en raison de l’arrêt brutal des achats transfrontaliers et des ventes à la sauvette. Les fumeurs habitués à ces pratiques ont dû s’alimenter dans les débits de tabac qui sont l’unique source d’enregistrement de données statistiques sur la consommation.

En dépit de ces facteurs qui auraient dû entrainer une forte augmentation des livraisons de cigarettes aux buralistes, le service des douanes relève qu’il a été livré en mars et avril 2020 respectivement 257 547 735 et 169 325 202 cigarettes de moins que dans les mêmes mois de 2019.

La hausse annoncée n’est donc en réalité qu’une diminution du taux élevé de régression de la consommation engendrée par la politique de taxation du gouvernement mise en place en 2017 et qui se termine en ce moment.

Suite aux augmentations successives des prix du paquet de cigarettes qui ont lieu actuellement, les habitudes des fumeurs changent-elles ? 

Le baromètre santé de Santé publique France constate que PNLT (programme national de lutte contre le tabac), principalement basé sur la fiscalité, à permis de voir régresser la prévalence tabagique de 29,4% en 2016 à 25,4% en 2018, soit 13.6% et cette tendance s’est maintenue en 2019 et un peu moins en 2020, COVID oblige.

L’entrée dans le tabagisme se fait de plus en plus tard, notamment depuis l’avènement du paquet neutre.

Le coronavirus est une maladie respiratoire, qui s'attaque principalement aux poumons, n'y-a-t-il pas un paradoxe à voir augmenter la consommation de tabac?

L’industrie du tabac, depuis le début de la pandémie, multiplie les actions de marketing destinées à donner au tabac, sous toutes ses formes, un rôle salvateur face au virus : Philip Morris développerait un vaccin à base de tabac. Un éminent professeur, longtemps rémunéré par l’industrie du tabac, prétend dans une enquête biaisée que la nicotine protégerait du virus. Les tabacs chauffés dans des imitations de cigarettes électroniques seraient prêtes à sauver le monde en remplaçant les cigarettes traditionnelles, etc.

Cette présence permanente dans la presse et les réseaux sociaux n’avait qu’un objectif et il a partiellement été atteint : dédiaboliser le tabac qui face aux méfaits connus pour les problèmes respiratoires aurait dû, par réflexe, être le premier à être abandonné, notamment face à la BPCO

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