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Les dérives islamo-gauchistes de l'Unef vues de l'intérieur
©FRANCOIS GUILLOT / AFP

Témoignages

Le chroniqueur Paul Melun a été président de l'Unef-Sciences Po Bordeaux de 2014 à 2016. Il a vite déchanté en découvrant que les droits des étudiants étaient loin d'être une priorité pour le bureau national du syndicat étudiant.

Paul Melun

Paul Melun

Paul Melun est essayiste, chroniqueur, conseiller en stratégie et président de « souverains demain ! ». Il est l'auteur, avec Jérémie Cornet, de Les enfants de la déconstruction. Portrait d’une jeunesse en rupture (éd. Marie B., 2019).

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Atlantico : Pourquoi vous êtes-vous engagé à l’Unef et qu’y avez-vous découvert ?

Paul Melun : J'étais issu d'une famille de gauche donc il était naturel pour moi dans des mouvements de gauche. J'ai rapidement pris ma carte au PS, au MJS et à l'Unef. Je me suis engagé par passion jauressienne, par volonté de défendre les droits de mes camarades étudiants. Venant de la classe moyenne de province, je croyais à des valeurs de mérite et de promotion sociale. A Sciences Po Bordeaux, l'atmosphère au sein de l’Unef était sympa et les militants pas idiots. Tout a changé quand j'ai pris la présidence de l'Unef de l'école car j'ai été en lien avec le syndicat national. J'ai complètement déchanté. J’ai assisté à des congrès et j'ai découvert un monde complètement différent. Je pensais qu'on allait parler de droits des étudiants, des concours, du coût de l'enseignement, de comment favoriser la promotion sociale, etc. Ce n'était pas du tout à l'ordre du jour. Le programme, c'était des luttes intersectionnelles qui n'en finissent plus, le féminisme, le décolonisalisme, la représentations des minorités… J'étais un homme blond aux yeux bleus, j'ai vite compris que les figures de proue de ce mouvement seraient davantage des femmes voilées. On trouvait ça plus inclusif.

Vous avez ensuite fait le choix de ne pas quitter l’Unef

J'ai pris mes distances avec l’échelon national tout en conservant mon poste à l'Unef à Sciences Po Bordeaux. J’ai fait sécession. J’ai alors vu dans les réunions que j’organisais à Bordeaux des représentants nationaux de l'Unef qui se mettaient au fond pour contrôler ce que je disais. C’était stalinien. Ils me demandaient d’organiser des réunions non-mixtes, exigeaient des temps de parole équivalents entre femmes et hommes… J’ai tenu bon.

Jean-Michel Blanquer a dénoncé les « ravages » de « l’islamo-gauchisme » à l’Unef. Quel regard jetez-vous sur ce syndicat aujourd’hui ?

Entre le moment où je suis parti et maintenant, j'ai l'impression que les choses ont encore empiré. On n'est plus du tout dans un syndicat qui cherche à défendre les droits des étudiants, même des minorités, ce qui dans l'absolu, pourrait être légitime. On est dans un prosélytisme délétère qui consiste à glorifier à outrance la femme voilée comme c'était l'apogée du féminisme. Ça n'a pas plus rien à voir avec la gauche. on se demande où ça s'arrêtera.

Je trouve Jean-Michel Blanquer très courageux d'avoir tenu ses propos. L'islamo-gauchisme qu’il dénonce va s'étendre, si nous ne prenons pas garde, à toutes les universités de sciences humaines, dans les IEP, à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)... Des professeurs sont sous pression, menacés d'une possible vidéo ou d'un tweet de la part d'étudiants vont sonner l'hallali. Quand on lit les messages des directeurs des IEP après la mort de Samuel Paty, la plupart n’ose même pas prononcer le mot "islam".

Quel pouvoir d’influence exerce l’Unef ?

Ces groupes sont influents même s'ils ne représentent rien auprès des Français. Leur capacité de nuisance, médiatique voire judiciaire avec des procès à tort et à travers leur donne du poids et d'exposer quiconque irait à leur encontre aux pires insultes.

L’Unef avait un grand pouvoir du temps où j'y étais parce qu'ils étaient majoritaires dans la plupart des universités. Maintenant ils ont beaucoup moins de voix. Les étudiants ont compris que l'Unef n'était plus là pour défendre leurs droits.

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