Police dans la ligne de feu. Quid du plan de reconquête républicaine ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Forces de l'ordre

Alors que les agressions et les actes violents se multiplient à l'encontre des policiers, Jean-Pierre Marongiu s'interroge sur le plan de sécurité du quotidien et sur les moyens dont dispose la police.

Jean-Pierre Marongiu

Jean-Pierre Marongiu

Jean-Pierre Marongiu est écrivain, conférencier, ingénieur, expert en Management et Directeur général et fondateur du thinktank GRES : Groupe de Réflexions sur les Enjeux Sociétaux.Perpetuel voyageur professionnel, il a parcouru la planète avant de devenir entrepreneur au Qatar où il a été injustement emprisonné près de 6 ans, sans procès. Il a publié plusieurs romans et témoignages dont : Le Châtiment des Elites, Qaptif, InQarcéré, Même à terre, restez debout ! Aujourd'hui conférencier et analyste societal, il met son expérience géopolitique au service d'une approche libérale-souverainiste de la démocratie.

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En 2017, le ministre de l'Intérieur de l’époque, Gérard Colomb, avait annoncé la création d’une PSQ, Police de Sécurité du Quotidien, nouvelle orientation de la sémantique sécuritaire, dont le lancement fut reporté en février 2018.

Idée relancée opportunément au lendemain d’une émotion de circonstance suscitée par la mort d'un adolescent de 16 ans dans une fusillade entre bandes rivales de Saint-Denis. Depuis, les victimes de la criminalité se sont accumulées, les agressions et les guets-apens de policiers sont devenus l’insécurité du quotidien.

L’attaque du commissariat de police de Champigny est survenue alors que la France était encore sous le choc de l'agression de deux policiers à Herblay, quelques jours auparavant, passés à tabac et blessés par balle.  La succession d’attaques à l’encontre des forces de police n'appartient plus à la criminalité urbaine, moins encore aux incivilités chères à Emmanuel Macron. Il s’agit d'un plan de guérilla terroriste programmée et dont il est fort probable que la fréquence va s’accroître à un rythme soutenu.

Le Plan de Sécurité du Quotidien est-il obsolescent avant même d’être né ou bien n’était-il qu’un rideau de fumée dissimulant le repli piteux des forces de la République ? 

Retour sur un enfumage sécuritaire

En février 2019, dans le cadre mal défini du PSQ, le ministre annonçait la création des QRR, Quartiers de Reconquête Républicaine. Ce plan concernait 60 quartiers sensibles en matière de délinquance, trafic de drogue, incivilités diverses, pauvreté, chômage, habitat dégradé, repli communautaire et radicalisation avec un échéancier précis, 30 quartiers en 2019 et 30 autres fin 2020.

Les quartiers de reconquête républicaine devaient être une des composantes essentielles du PSQ, Police de sécurité du quotidien, ayant pour but de lutter contre la délinquance. Au total, 1.300 policiers supplémentaires devaient y être déployés, notamment à Marseille, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Pau, Strasbourg, Lille, Lyon, Nouméa et la région parisienne.

La réalité montre plus de trois ans après avoir germé dans l’esprit des technocrates de la communication gouvernementale que seuls 15 QRR ont réellement été créés et que 180 policiers ont été effectivement affectés à cet usage, sans préciser s’il s’agissait de nouveaux effectifs ou de réaffectation.

Pour la seule période allant de 2017 à 2020 près d’une centaine d’individus radicalisés quittaient librement les prisons françaises. Il n’est pas inutile de préciser que lors des trois dernières années la France a accueilli près de 1200 migrants, essentiellement provenant des pays du Maghreb, dont les statistiques qui pour être interdites sont néanmoins connues des services de police, considèrent comme potentiellement délinquants 25% d’entre eux.  Soit 300 individus

Par ailleurs sur la période considérée (2017 à 2020), la criminalité de type homicide a augmenté de près de 48 %.

Si l’on se projette dans une logique de guerre urbaine issue des séparatismes, les lignes ennemies se renforcent de près d’un millier de combattants chaque année alors que les forces policières de la République française ont adopté une stratégie de gel de leurs effectifs.

Pour mémoire,  on recense environ 150 000 policiers et près de 5 millions de personnes vivant dans les 751 Zones Urbaines Sensibles selon un rapport de l'ONUS. Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles.

Certes, les statistiques ethniques ne sont pas autorisées en France, pas davantage que celles concernant la criminalité, mais il est une évidence que le rapport de force est effrayant pour la police française.

Emmanuel Macron vient de prononcer un discours concernant un arsenal de mesures pour lutter contre le séparatisme islamiste immédiatement retoqué par son ministre de l’intérieur en mesures pour la laïcité. Les faits sont têtus, alors que le président de la République fait le vœu de reformer l’islam de France en un Islam des lumières, concept fort peu éclairant, seules 15 mosquées salafistes sur les 150 répertoriées ont été fermées en trois ans.

Les Quartiers ciblés par le plan PSQ

On nous avait promis que les QRR seraient choisis parmi les territoires où la délinquance et les trafics ont significativement augmenté et devaient concerner soixante quartiers à la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron. Il est navrant de constater que Champigny n’était pas éligible à l’implantation d’un QRR. Alors même que l’attaque du poste de police récente n’était pas la première et que les cités des Hautes-Noues à Villiers-sur-Marne et du Bois-l'Abbé sont bien connues des forces de l’ordre pour abriter des trafics de stupéfiants. Ces deux cités ont également fourni plusieurs djihadistes partis se battre des zones de combat en Syrie.

Cela laisse augurer du manque d’ambition de ce plan et surtout de l’incapacité à établir des priorités sécuritaires.

Message de G. Darmanin aux caïds de banlieues : Balek, même pas peur ! 

Une vague d’incidents de sécurité publique à travers la France depuis la fin du verrouillage du COVID-19 à la mi-mai a mis le gouvernement en alerte accrue face à une augmentation de la criminalité au milieu des retombées économiques de la pandémie de coronavirus. La réponse immédiate de Gérald Darmanin outre de se livrer à une "battle" verbale pitoyable a été d’afficher sa volonté d’interdire la vente des mortiers d’artifice.

Il aurait pu tout aussi bien annoncer une dotation massive des postes de police en pistolets à eau ! Nul doute que leur usage eut rendu un fier service aux policiers soucieux d’humidifier les violons.

Les déclarations du Premier ministre Jean Castex sont du même acabit bravache :  "Nous serons intraitables, nous allons dans ce quinquennat recruter 10 000 policiers supplémentaires, des quartiers de reconquête supplémentaires vont être créés. Les attaques contre les policiers sont dues au fait que l'on dérange tous ces trafics par les moyens que nous employons. Cela ne leur plaît pas, ils réagissent, mais ils auront affaire à nous, on ne se laissera pas faire".

La police et les citoyens peuvent dormir tranquilles, les caïds de banlieues sont terrorisés.

Les mesures appropriées sont d’autant plus simples à mettre en œuvre que l’arsenal juridique existe déjà, il suffirait d’une volonté politique et sans doute d’un peu de courage.

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