Insécurité : l’impuissance Castex<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Insécurité : l’impuissance Castex
©LUDOVIC MARIN / AFP

Rien ne change

Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre promettait en juillet une "réponse ferme et sans complaisance" aux voyous. Or, depuis la rentrée, le niveau de la criminalité n'a pas bougé d'un iota.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

Voir la bio »

Parfois, l'action d'un gouvernement n'"imprime" pas. Aidés des meilleurs gourous de la com', les ministres courent un vain marathon médiatique... usent des plus incisifs "éléments de langage"... déploient des trésors d'ingénierie sociale pour "changer le regard" de leurs cibles - rien n'y fait.

Tel est le cas de l'équipe de M. Castex depuis qu'à la mi-juillet 2020, celui-ci fit de l'insécurité la grande cause nationale, M. Darmanin en dogue d'attaque et la diva Dupond-Moretti, Badinter tardif, en grande âme hugolienne. "Ensauvagement !" s'étrangle l'un ; "Pauvres gamins déchirés par la vie", gémit l'autre.

Sauvages ? Gavroches ? Que ces divergents qualificatifs concernent à 99% les mêmes voyous reflète-t-il le "et en même temps" macronien ? Un sournois duo "méchant flic"-"gentil flic" ? Ou prélude-t-il à une féroce guerre de divas ? Peu importe : 20 mois avant la présidentielle, impossible au gouvernement de vraiment rétablir la sécurité en France.

Relisons la déclaration de politique générale de M. Castex, le 15 juillet passé : en mode "père-sévère" il y promettait une "réponse ferme et sans complaisance" aux "minorités ultra-violentes" : la "délinquance du quotidien" et tous ces "faits inacceptables qui exaspèrent les Français", voilà l'ennemi ! Trois mois plus tard, où en sont les velléités sécuritaires de Macron-Castex ? Sur quoi de réel ont-elles débouché ? Que nous enseignent ces faits réels du quotidien, issus des rues et quartiers ; myriade d'émeutes et d'agressions violentes que de méprisants journalistes gauche-caviar disqualifient comme "faits-divers" ?

Avant d'en venir au fond, ce rappel : le milieu criminel ne vit pas sous cloche. "Monde de la nuit" et showbiz : "escortes" et drogue donnent aux caïds un constant accès aux "élites" faisandées, sources de précieuses confidences. Par ailleurs, ces caïds vivent dangereusement : l'État et ses prisons ; le rival et sa kalach'. Tels des fauves de la jungle, ils savent donc se planquer quand pour eux, ça chauffe ; quand une réelle répression les menace pour de vrai ; quand à l'horizon, se profile la taule.

Comment réagit ce gotha criminel aux menaces de Castex-Darmanin ? A-t-il infléchi ou suspendu ses prédations criminelles ? A-t-il - car il le peut - intimé à ses troupes de rester l'arme au pied ; interdit ces visibles règlements de comptes et agressions violentes de policiers, gendarmes et pompiers ? Les cités hors-contrôle où il règne en maître respectent-elles, même en surface, quelque cesser-le feu ?

Pas le moins du monde. Plus encore qu'avant le confinement, la criminalité de voie publique, de la plus chétive racaille au caïd majeur, ignore carrément les officiels matamores, aboiements des uns ou gémissements des autres.

Preuves ci après, toutes recueillies depuis le début septembre :

- "Dans certains quartiers de la Seine Saint-Denis, les violences n'ont pas cessé... les pouvoirs publics n'ont rien fait à part prononcer des discours" ; à Saint-Ouen (93, toujours), le narcotrafic est "une vraie entreprise capitaliste",

- Bordeaux (en proie à 1800 prédateurs, SDF et "Mineurs non accompagnés") "Agressions et règlements de comptes se multiplient",

- Rayon flinguages entre bandits, la France a connu un "été meurtrier". Du 11 mai au 31 août 2020, 112 jours, 138 homicides et tentatives (1,24 par jour),

- Dans les quartiers hors contrôle de Marseille à Besançon, en passant par Nîmes et Toulouse, les fusillades gardent le même rythme,

- Dans des secteurs délaissés, comme à Boussy Saint-Antoine (91), "les dealers prennent possession du centre commercial",

- A Reims ou ailleurs, des meutes de voyous armés lynchent spectateurs et joueurs d'un match de foot, issus d'une cité rivale,

- À Paris, explose "la délinquance des jeunes, venus pour la plupart du Maghreb",

- De Reims à Bordeaux, de pseudo-"mineurs" prédateurs violents, multiplient les vols violents sous maints pseudonymes,

- Braquages de proximité, agressions à domicile, incendies de voitures, émeutes de quartier perdurent, voire explosent depuis l'été ; la plupart étant le fait de malfaiteurs allogènes ou issus de l'immigration.

Face à cela, que fait le gouvernement ? Des opérations coup de poing sur des "supermarchés de la drogue". Chacun sait depuis l'échec de M. Poniatowski (Ministre de l'Intérieur de 1974 à 1977) que c'est inutile : cela déplace les bandits, sans les géner durablement.

D'un autre côté, quoi faire à l'horizon de la présidentielle, sans argent pour relancer la machine sécuritaire ? Du cinéma et rien d'autre. "Marcheurs" en compote, premier ministre laborieux, peu de grands serviteurs de l'État pour conduire sa politique sécuritaire, tel est le lot du président Macron. Son ultime planche de salut : MM. Niel, Drahi et leur domesticité médiatique.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !