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"L'islam est la religion avec laquelle la République a eu le moins de problèmes dans l'Histoire". Là, Darmanin en fait un peu trop
©Thomas SAMSON / POOL / AFP

Quand faut y aller, il y va très fort

Il est vrai qu'il a dit ça vendredi, jour de la prière. Mais quand même...

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le ministre de l’Intérieur était à la grande mosquée de Paris. Il avait une mission : apaiser les angoisses de ses interlocuteurs que la prochaine loi sur le "séparatisme" inquiète.

Il a précisé d'abord que ce mot, semble-t-il fâcheux et stigmatisant, ne figurerait peut-être pas dans le texte de cette loi. C'était bien, mais insuffisant. C'est pourquoi il a ajouté : "l'islam est la religion avec laquelle la République a eu le moins de problèmes dans l'Histoire".

Et là, l'Histoire lui donne, si l'on veut, raison. En dehors de la bataille de Poitiers où a sévi un sanguinaire islamophobe du nom de Charles Martel, pas de soucis avec les musulmans. Pour l'excellente raison qu'il n'y en avait pas. Et que les mosquées, pendant des siècles, n'ont pas fait partie des paysages français.

En revanche, il y a eu de douloureux problèmes avec d'autres religions. Les Juifs nous ont tourmenté. Il a donc bien fallu les massacrer. Et ça a continué avec l'affaire Dreyfus et Vichy.

Pareillement, nous avons été violemment agressés par les protestants qui furent les premiers "séparatistes". La Saint-Barthélemy s'imposait donc dans une salutaire réaction d'auto-défense. Rien de tel avec l'islam avec lequel, a admis Darmanin, il y a aujourd'hui quelques "frottements". Voilà qui est joliment dit...

Le ministre de l'Intérieur, tout à son entreprise de séduction, est allé plus loin. "Vous savez d'où je viens", a-t-il déclaré. Un clin d’œil appuyé à ses origines : le grand-père de Darmanin était algérien.

Pour le coup, cette revendication identitaire nous paraît plutôt malvenue. Imaginons un ministre avec un grand-père juif polonais lançant au rabbin de la grande synagogue de la rue des Victoires : "vous savez d'où je viens". Un autre ministre, descendant d'émigrés russes, déclarant la même choses aux popes d'une église orthodoxe... Un autre encore, issu d'une famille arménienne, lançant aux prêtres d'une église de ce rite : "vous savez d'où je viens".

Eh bien non, on ne peut pas l'imaginer car c'est inimaginable. Mais avec Darmanin, tout est possible : il est très imaginatif.  

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