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"Je vis un nègre et je compris que j'étais rentré chez moi". Cette phrase devra être impérativement supprimée !
©000_1WS06B JACK TAYLOR / AFP

LITTÉRATURE

Elle figure dans "L'Europe buissonnière" d'Antoine Blondin. Ce livre sera, n'en doutons pas, expurgé dans sa prochaine édition.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Nous avons une solution de remplacement pour ces mots scandaleux : "je vis un black et je compris qu'il était chez lui". Génial non ? Ce qui risque d'arriver à Blondin vient d'arriver à Agatha Christie. Son célèbre "Dix petits nègres" a été débaptisé. Pour ce faire, on aurait pu envisager "Dix petits blancs". Mais les moqueries auraient fusé. 

Son éditeur français, Le Masque, a préféré opter pour "Ils étaient dix". C'est tout beau, tout propre et ça ne mange pas de pain. Masquez ces dix petits nègres que je ne saurai voir... Purifiez l'emballage (la couverture) c'est utile. Mais il faut également nettoyer l'intérieur. L'éditrice en charge de la nouvelle édition s'est aperçue que le mot "nègre" figurait 75 fois dans la version originale. Et ça aussi Le Masque va l'enlever. Du boulot en perspective. 
Mais il faut voir plus large. Le livre d'Agatha Christie a connu un des plus fabuleux tirages de l'histoire : 100 millions d'exemplaires ! Et là aussi il y aura du travail, beaucoup de travail. Nous sommes toutefois perplexes : par quoi va-t-on remplacer le mot "nègre" à l'intérieur du texte ? Toutes vos suggestions sont les bienvenues. Car moi je sèche lamentablement. 
Nous vivons une époque formidable. On avait accusé ceux qui déboulonnent les statues de vouloir brûler les livres dont les auteurs ne leur plaisaient pas. Ils ont trouvé mieux. Ils contraignent des éditeurs lâches et complaisants à en modifier le contenu. C'est comme ça que se gagne une guerre. 
Nous réclamons aussi justice pour les Arabes. Eux aussi sont violemment maltraités dans certains livres. Ainsi dans "Bel-Ami" George Duroy se souvient avec une émotion remplie de joie que quand il était hussard en Algérie, il rançonnait les Arabes. Ca aussi ça n'a plus lieu d'être. Et on lira que George Duroy reconnaît les faits et demande pardon aux habitants de l'Algérie. 
Un autre exemple encore plus insoutenable. Dans "Angélique, marquise des Anges" la belle tombe aux mains des pirates barbaresques qui la traînent de harems en harems et la violent. Nous attendons une nouvelle mouture ou Angélique subira les mêmes odieuses violences mais de la part de pirates espagnols des Caraïbes. 
J'ai les trois livres en question chez moi à la maison. J'ai caché dans ma cave"L'Europe buissonnière", "Bel-Ami" et "Angélique, marquise des anges". Car je suis persuadé que si un flic américain, brutal et maladroit, tue encore un Noir les brigades anti-négrophobie appuyées par les éléments avancés du CCIF feront une descente musclée à mon domicile. 

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