Finale de la Ligue des Champions : et si le PSG était en passe de devenir (enfin) une équipe culte ?<!-- --> | Atlantico.fr
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©David Ramos / POOL / AFP

Paris est magique

En surclassant les Allemands de Leipzig, les Parisiens se qualifient pour la finale de Ligue des Champions. Dimanche soir, pour le match le plus important de leur histoire, ils rencontreront l'Olympique Lyonnais ou le Bayern de Munich.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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Bien sûr qu'on s'inquiétait... Bien sûr qu'on se rongeait les ongles...Il faut dire que quand on est supporter Parisien, il y a franchement de quoi devenir superstitieux ou malade des nerfs. Car nous avions tous en mémoire la façon dont le PSG avait caviardé à la louche des opportunités exceptionnelles les années précédentes. Alors, c'est plus fort que soi, dans ces cas-là, on a beau implorer le ciel, on voit aussi planer quelques vautours. Ce que nous ne savions pas, c'est combien nous avions tort. Dans le même ordre d'idée, on se disait :  "par cette canicule, quoi de mieux qu'une demie ?! ". Là aussi nous avions tort, puisqu'il y a une finale. Et nous nous trompions jusqu'au bout quand nous pensions que le contexte général n'était pas favorable. Parce que dans ce millésime très différent des autres, dans cette année où tout semble compliqué, avec un championnat national arrêté, avec le virus, la crise économique ou la nette augmentation des divorces, oui, dans ce marasme général, il crève les yeux que le club Parisien, lui, se porte bien. Et même très bien, tant tout semble possible, tant rien n'est plus comme avant. Cette fois pas de mauvaise surprise, pas de trou d'air, pas de blessure, pas de scénario invraisemblable... Rien de cela. Juste une prestation maîtrisée et une qualification sans histoire et néanmoins historique.

Et nous qui avions peur de tout... Nous qui avions peur que l'histoire bégaie... Il faut se mettre à notre place, d'habitude, lorsque les Allemands arrivent jusqu'à Paris, c'est souvent mauvais signe... Et bien là pas du tout. Privés de ballons les Allemands ! Étouffés physiquement les Allemands ! Sur le reculoir les Allemands ! Sans idées ! Jusque dans le style vestimentaire de leur entraîneur... car il est évident qu'en plus d'avoir pris une veste hier soir, Nagelsmann n'avait pas choisi pas la bonne. Et puis, qu'est-ce que vous vous voulez, c'est peut-être très Français, mais les Allemands démobilisés, on ne s'en lasse pas.

Et le déroulement de la rencontre ? Avez-vous vu le déroulement de la rencontre ? Un but au début (Marquinhos 13ème), un but juste avant la mi-temps (Di Maria 42è), un but après la reprise (Bernat 56è). Vous avouerez que si ce n'est pas une gestion de père de famille, c'est très bien imité. Pas un accroc. Presque une promenade à la campagne. Alors ce matin, ne nous privons pas de savourer cette splendide réussite contre nos meilleurs ennemis. Pourquoi ? Parce qu'il faut savoir se réjouir d'être heureux et que cette fois, ça y est, le PSG est en finale. C'est énorme. Puisqu'après près le grand Reims, après les Verts de 76, l'OM de Tapie et le Monaco de Deschamps, ce PSG est seulement la cinquième équipe Française à atteindre une finale de C1. Mesurez-vous l'exploit ? Le plus surprenant résidant peut-être dans l'idée que cette équipe est loin de dégager la force collective que l'on attend habituellement de la part des grossiums à ce niveau de la compétition. Pourtant, il faut bien le constater, en dépit des doutes qu'elle alimente et d'un plan de jeu pas toujours lisible, cette équipe fait comme son entraîneur : elle a beau boiter, elle avance quand même.

Quand on vous dit que les choses changent... Pour en donner une preuve supplémentaire, il est nécessaire de parler de la répartition des rôles. Car il faut bien reconnaître que si ce PSG avait tenu debout jusqu'à présent, c'était surtout sur quatre jambes ; celles d'un magicien surdoué partageant l'affiche avec un spécialiste de l'évasion... Neymar et Mbappe, deux artistes à succès, pour ne pas les nommer. 

Mais hier soir, même s'ils ont encore été épatants, il n'y avait pas qu'eux. Et le PSG a aussi pu compter sur d'autres joueurs. Car un esthète comme Di Maria et des costauds comme Kimpembe ou Marquinhos auront tous été les auteurs de prestations particulièrement abouties...  et  puis... et puis... il y avait peut-être et surtout Tiago Silva. Un Tiago Silva dont le contrat n'a pas été prolongé mais qui continue d'empiler les prestations de top niveau. Intraitable dans les duels, toujours là où il faut, le capitaine Parisien a tellement imposé sa loi qu'il mériterait désormais d'être surnommé "Le Commissaire"... "Der Komissar" dans la langue de Goethe, pour rendre hommage à un titre connu tous les amoureux de la pop Allemande estampillée années 80...

Évidemment, à peine achevé, ce genre de match rappelle déjà autant de bons souvenirs qu'il convoque de grands espoirs. Ceux d'une victoire finale dans la plus prestigieuse compétition de clubs. Vous reconnaîtrez que ce n'est pas rien, surtout quand on parle du sport collectif le plus populaire du monde, après la guerre. On se pince peut-être pour y croire mais dimanche soir, à Lisbonne, ce PSG jouera pour changer de dimension, pour écrire l'histoire et décrocher la lune. Cette équipe pourrait même, excusez du peu, devenir culte et inspirer à certains un amour aveugle, c'est-à-dire visible de tous.

Culte, le mot est lâché... Le culte ou la seule façon de s'occuper vraiment de l'avenir du passé. Nous parlons-là d'une affection aussi déraisonnable que nostalgique portée par des images et des émotions qui ne s'effacent jamais. Oui, bien sûr, vous me direz, pas pour tout le monde... mais c'est là la définition même d'un mot qui repose sur la subjectivité de chacun et dont la connotation religieuse indique toute la ferveur qu'il engendre. Mais si les équipes culte sont différentes sous bien des aspects elles ont aussi quelques points en commun : elles sont les marqueurs d'une époque et rassemblent des passionnés qui les vénèrent et perpétuent leurs histoires. Au bout du compte, l'œuvre et le culte deviennent tellement consubstantiels que l'on est bien en peine de savoir lequel fait l'autre. Évidemment, à l'heure où ces lignes sont écrites, il est impossible de savoir dans quelle mesure ce PSG rejoindra dans l'histoire celui de 1996, les verts de 76, l'OM de 93 ou l'Ajax de Cruyff... Mais il flotte dans l'air que nous soyons à l'aube de voir la chose possible dans quelques temps... et certains supporters alanguis de s'exclamer : " l'aube ? c'est pas trop tôt ! "... En attendant, pensons à demain... car il ne nous reste plus qu'à espérer une victoire Lyonnaise sur l'ogre Bavarois pour assister à une invraisemblable, une inimaginable finale franco-française. Avant d'en savourer éventuellement l'instant, commençons par en savourer l'idée. En matière de football, ce n'est tout de même pas tous les jours qu'on peut rêver en bleu-blanc-rouge. Surtout les yeux grands ouverts.

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