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Google moteur de recherche google news concurrence GAFAM
Google moteur de recherche google news concurrence GAFAM
©Alastair Pike / AFP

Mort de la concurrence ?

Les qualités, l'efficacité et la puissance du moteur de recherche de Google le positionnent en leader sur le marché. Google cherche-t-il à tout centraliser ? La démarche de la firme américaine signe-t-elle la mort des sites de contenus ?

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin est enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha, une startup à la croisée de la sécurité informatique et de l'économie collaborative.

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Atlantico.fr : Au fil des années, il n’est plus besoin d’aller chercher des réponses en dehors du moteur de recherche Google et tout est fourni directement. Comment Google est passé de moteur de recherche à moteur de réponse ? 

Fabrice Epelboin : Une grande part des requêtes Google fournissent directement la réponse sur le moteur de recherche directement. C’est de plus en plus sophistiqué et pertinent car Google est très efficace. La stratégie de la firme consiste à amener l’utilisateur à rester sur le site le plus possible. 

À ma connaissance, Google ne demande pas l’autorisation avant de prendre ces informations. Il reproduit des extraits du site et choisit le bon extrait. Dans 80% des articles en France on prend le chapô et on a tout le contenu, c’est ce que Google reproduit. 

Si le moteur de recherche reproduit le chapô, le contenu n’a plus aucune valeur. Google a aussi une technologie qui permet de reproduire le contenu mais avec des mots différents. Il est donc étonnant qu’ils n’aient pas encore lancé aujourd’hui un site d’information réécrivant les informations. Aujourd’hui les machines font très bien le « batonnage ». C’est étonnant que personne n’ait lancé un quotidien sans journaliste. Nous sommes dans la phase finale de la désintégration de la valeur créé par des humains pour la presse.

Y-a-t-il une volonté de Google de tout centraliser sur son site ?

Bien sûr. Google News en est d’ailleurs la meilleure illustration. C’est avec cela qu’ils ont commencé il y a sept ou huit ans. Google News nous permet d’avoir un aperçu global de l’actualité, une plateforme fiable grâce à une pondération statistique de tout ce que publie la presse. Cette dernière pour une question d’orientation politique va faire l’impasse sur certains sujets contrairement à Google News qui fournit tout sans orientation. Cela élimine l’effet filtre que la presse fait systématiquement et offre un extrait donnant 98% de l’information. 

Les comportements ont changé car pout obtenir une vision du monde ce n’est plus du ressort des médias qu’il faut se tourner mais vers Google. 

Cela amorce-t-il la mort des sites de contenus ? 

Ils sont morts depuis longtemps. Si on doit faire un parallèle avec la médecine, la presse est un grabataire sous respiration artificielle. Sans actionnaire qui possède les journaux, il n’y a aucune viabilité économique. 

La presse n’a plus d’influence aujourd’hui. Lorsque l’on regarde le niveau de crédibilité et de confiance que l’on accorde à la presse nous sommes les derniers en Europe, derrière les Grecs. Cette influence politique est passée dans les réseaux sociaux. 

Fondamentalement, ce qui fait l’influence ce n’est pas le contenu mais la distribution. Aujourd’hui la distribution c’est votre mère, ami, soeur qui va effectuer la publication sur Facebook. La source n’est plus importante mais c’est votre soeur qui est importante. Le coeur de l’influence politique est parti. En pratique, la presse depuis 20 ans s’est fait dépouillée de toute forme de valeur. Elle n’a plus de rôle social, d’influence car c’est les personnes qui utilisent les contenus pour faire de l’influence qui sont devenues importantes. 

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