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Tests d’armes anti-satellites : la Russie est-elle en train de se lancer dans une nouvelle guerre des étoiles ?
©Samuel CORUM / POOL / AFP

Space Force

Le commandement spatial des États-Unis a, le 23 juillet, accusé la Russie d'avoir conduit un nouveau test anti-satellite quelques jours plus tôt, le 15 juillet.

Jean-Pierre Maulny

Jean-Pierre Maulny

Jean-Pierre Maulny est Directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Anciennement chargé de mission auprès du président de la Commission de la défense et des forces armées de l'Assemblée nationale entre 1997 et 2002, il est spécialiste des questions relatives à l'industrie de l'armement, des politiques de défense de la France et de l'Europe, de l'OTAN.

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Atlantico : Les États-Unis et le Royaume-Uni viennent d’accuser la Russie de procéder au test d’une nouvelle technologie anti-satellite. Quelle est cette technologie ? À l’aide de celle-ci, la Russie cherche-t-elle à relancer la « guerre des étoiles » ? 

Jean-Pierre Maulny : La Russie développe deux types de capacités antisatellites (ASAT). Des missiles antisatellites en orbite basse d’une part et sans doute des satellites ASAT. Dans ce cas les techniques peuvent être diverses, elles peuvent recourir au brouillage, au télescopage du satellite par le satellite tueur voir peut-être à des laser susceptibles d’éblouir les satellites adverses

En mettant en place cette technologie, la Russie brise le traité de paix dans l’extra-atmosphère mais est-elle la seule à faire ça ? 

Le Traité de 1967 n’interdit que le déploiement d’armes de destruction massive dans l’espace. Tout ce qui n’est pas interdit est donc autorisé. La Russie ne viole donc pas ce traité. Mais jusqu’à maintenant on ne trouvait dans l’espace que des satellites de reconnaissance, de télécommunication, de positionnement par satellites. Ces moyens pouvaient avoir une finalité militaire mais il n’y avait pas d’armes en tant que telle soit déployée dans l’espace soit utilisée dans l’espace. Aujourd’hui la Russie mais aussi les Etats-Unis et la Chine sont en train de sauter ce pas. Même l’Inde a fait l’essai d’un missile pour détruire un autre satellite et la France réfléchit à protéger ses satellites… en s’attaquant aux satellites tueurs.

Quels sont les enjeux de la sécurité de l’espace pour les États ? 

C’est tout le problème. Plus un seul outil de défense moderne n’est bâti sans moyens spatiaux. Ces moyens spatiaux servent à observer, à reconnaitre les cibles, à donner les coordonnées précises de ces cibles et ils servent de relais communication et de guidage des systèmes d’armes terrestres et aériens qui sont connectés entre eux que ces systèmes d’armes soient conventionnels ou nucléaires. Détruire les capacités spatiales de l’autre c’est le faire revenir à l’âge de pierre de l’art de la guerre. Et le coût de ces systèmes antisatellites n’est pas le plus onéreux qui soit, ce peut donc être un facteur égalisateur dans un conflit ce qui explique que la Russie, dont les moyens financiers ne sont pas illimités, développe ce type d’armes en priorité

À quels conflits peut-on s’attendre à l’avenir ? 

Un conflit entre grandes puissance débuterait sans doute par ce combat spatial. Mais attention, certains pensent que le risque n’est pas un conflit de grande intensité délibéré mais dans des actions qui pourraient conduire à des malentendus car bon nombre de moyens de commandement et de communication déployés dans l’espace servent aussi bien aux forces nucléaires qu’aux forces conventionnelles. Si un acteur venait à penser qu’on s’en prend à ses capacités de dissuasion nucléaire dans l’espace en s’en prenant à un satellite il y aurait un risque d’escalade de conflit non contrôlé. Il faut donc absolument que des discussions s’engagent sur ce type d’armes afin de les interdire mais cela voudra dire par ricochet qu’il faudra rouvrir tous les dossiers de désarmement qui sont aujourd’hui en déshérence notamment depuis le retrait américain des traités FNI et Open Skies sous la présidence de Donald Trump et d’une position de négociation américaine sur la prolongation du traité Start qui ne peut conduire qu’à un échec

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