Parc éolien dans le Groenland, une double bonne idée pour l’énergie verte<!-- --> | Atlantico.fr
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éoliennes parc éolien
éoliennes parc éolien
©JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Bonne méthode

Les chercheurs de climatologie de Liège, sous la direction de Xavier Fetweiss, ont essayé de trouver la bonne méthode pour promouvoir l’énergie éolienne. Ils ont notamment étudié la situation du Groenland et la politique menée par le Danemark sur ces questions.

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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Décidemment les écologistes politiques et ceux qui les suivent devraient mieux suivre les chercheurs plutôt que de vouloir poursuivre des programmes couteux et inutiles de fermes éoliennes dans nos pays très peuplés, à terre ou près de nos plages. 

Les éoliennes sont de plus en plus rejetées par les populations, certes ceux qui vivent dans les métropoles les trouvent ravissantes en les observant au cours de leurs voyages en train ou en voiture, mais les riverains ne supportent plus ni leur vue, ni leur bruit et observent aussi qu’il arrive que l’une d’entre elles dégringole. Par ailleurs les défenseurs de l’environnement font remarquer que leur construction et leur exploitation sont préjudiciables à  la flore et à la faune, en particulier dans les territoires maritimes lorsqu’elles sont trop près des rivages. 

Les énergéticiens, eux, font remarquer que les éoliennes sont intermittentes, que le stockage de l’électricité est difficile et couteux, tandis  que la restitution électrique a un rendement déplorable. Lorsque l’intermittence dépasse 15% de l’alimentation d’un réseau, celui-ci commence à avoir des problèmes car il n’a pas été conçu pour et, en conséquence, on cherche à doubler les énergies intermittentes par des centrales pilotables, ce qui explique la multiplication des centrales à charbon ou à gaz lorsque les pays veulent s’affranchir des centrales nucléaires. Enfin dans nos pays européens les vents sont insuffisamment réguliers, ce qui amène à un facteur de charge de 25%, c’est-à-dire que le rendement de la puissance installée n’est que du quart. 

Les chercheurs de climatologie de Liège, sous la direction de Xavier Fetweiss ont donc essayé de trouver la bonne méthode pour promouvoir l’énergie éolienne. On peut, certes continuer à investir dans les éoliennes dans nos pays européens, mais c’est l’idéologie qui préside à cette décision, ce n’est ni techniquement, ni socialement, ni écologiquement ni économiquement justifiable. Ils ont donc essayé de trouver des zones pas trop éloignées, peu habitées, et même désertiques, avec des vents réguliers et forts pouvant conduire à un facteur de charge de 80%. Leurs études les ont conduits au Groenland, territoire froid appartenant au Danemark, pays lui-même promoteur de l’éolien utilisant comme doublure l’énergie hydraulique abondante et pilotable de la Norvège, qui accepte aussi ses surplus éoliens pour éviter que les réseaux  danois ne sautent  lorsque le vent souffle trop. 

Les chercheurs de Liège ont bien compris l’impasse dans laquelle l’énergie éolienne se fourvoyait en maintenant la promotion d’un matériel couteux au rendement incertain dans un univers surpeuplé. 

Tout d’abord le Groenland reçoit des vents très violents venant de la banquise, les vents dits « catabatiques », ils soufflent au minimum à 60 Km/h et ils viennent du Nord. L’idée de mettre des éoliennes dans des zones du littoral non habitées est une double bonne idée, cela ne gêne personne mais aussi cela génère de l’électricité à un moment où les éoliennes de nos régions habitées ne tournent pas  ou peu. On doit se souvenir que l’énergie produite est proportionnelle au cube de la vitesse, donc quand on regarde une éolienne qui tourne paisiblement comme dans les publicités elle est globalement inutile. 

Pour vérifier leurs hypothèses les chercheurs Belges vont, avec l’aide des Danois, installer des capteurs dans les zones qu’ils ont choisies pour une période de 3 ans. Les techniques modernes leur permettent une transmission automatique des données et ils effectueront ensuite les simulations nécessaires pour justifier un investissement ultérieur. 

Ainsi, s’ils avaient raison, on pourrait justifier les milliards enfouis dans les expériences éoliennes depuis tant d’années, comme l’Airbus a fini par convaincre que les sommes déversées dans le programme Concorde n’avaient pas été dépensées en vain ! Car les éoliennes du Groenland bénéficieraient des progrès incontestables obtenus tandis que les pays non désertiques feraient disparaitre les leurs à mesure de leur obsolescence constatée ou provoquée. L’objection de l’éloignement entre les lieux de production et ceux de la consommation est également en train de disparaitre avec les câbles sous-marins en continu haute tension (CCHT) dont la mise au point économique aura le temps d’intervenir.

On voit donc que plutôt que se précipiter à investir dans des formules non économiques et non acceptables socialement, il vaut mieux faire des expérimentations pour s’assurer du bon fonctionnement technique et ensuite réfléchir ou accepter la réflexion des chercheurs pour arriver à imaginer des véritables solutions. L’emprise au sol ou en mer des fermes éoliennes actuelles est absurde dans des pays très habités, il fallait sans doute en faire quelques unes, en particulier dans les lieux isolés, et le Danemark était une zone passionnante à cet égard. On peut encore, grâce à l’amélioration des rendements les envisager en circuits courts pour alimenter des petites collectivités ou des industries dans des zones mal desservies, mais il est clair que les programmes envisagés par la France (PPE) et l’Europe (GreenDeal) tournent le dos à la science et à l’économie, et donc à la raison. Les chercheurs de Liège, en continuant à croire dans les énergies renouvelables en évitant les pièges de l’idéologie nous indiquent la voie à suivre  non seulement pour les éoliennes mais pour tout ce qui concerne le solaire ou l’énergie des mers : on expérimente puis on cherche où et comment c’est justifiable sans se contenter des fameux mots  idiots amplement répandus- le vent, le soleil et les courants marins, c’est gratuit- Les utilisateurs d’énergie électrique savent qu’ils doivent toujours la payer.   

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